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Est-il encore possible de numériser nos universités ?

Tribune

Est-il encore possible de numériser nos universités ?

« Nous voulons nous aussi, sonner au clocher du monde ». T.G.Masaryk.

Comment survivrons-nous dans ce monde virtuel ? En misant sur notre développement scientifique et en devenant un pays producteur/leader. Le savoir-faire s’acquiert, il ne se donne pas ou ne se décrète pas par des textes. Il n’y a pas d’intelligence innée, l’intelligence se développe par la force des travaux manuel et intellectuel. Notre pays ne doit pas rester consommateur de gadgets importés à coûts de milliards de dollars et produits par les autres pays. Du Hardware, à savoir la production de processeurs, d’ordinateurs, de téléphone, etc. et au vu de notre retard technologique, on ne peut être qu’utilisateurs ou consommateurs. Du Software, à savoir les langages de programmation, les systèmes d’exploitation, les applications dans les secteurs de la vie, du génie logiciels, des espérances existent encore si on travaille beaucoup. Il faut libérer les esprits en appliquant le slogan qui ne doit pas sonner creux : « l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut ». Il faut appliquer à la lettre les conseils de René Descartes, un philosophe éclairé. Ces conseils sont formulés par la proposition qui stipule que : « Sur les objets dont on se propose l’étude, il faut chercher non pas les opinions d’autrui ou ses propres conjectures, mais ce que l’on peut voir clairement, avec évidence, ou déduire avec certitude ; car la science ne s’acquiert pas autrement. » [1].

1. Introduction des médias et des dispositifs technologiques dans l’éducation

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Elle date de plus d’un siècle déjà. A partir du XXe siècle on peut citer : la radio scolaire (1936), la télévision et le cinéma scolaire (fin des années 50), et plus récemment les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Les enjeux des médias et l’intégration des TIC dans l’éducation sont peu significatifs. En 1969, l’université de Californie à Santa Barbara, l’Institut de recherche de Standford et l’université de l’Utah sont reliés à travers un « nœud » installé à l’université UCLA de Los Angeles, USA. Le Pentagone, Ministère de la défense américaine, souhaitait mettre au point un réseau de communication extrêmement maillé entre ordinateurs travaillant pour la défense, afin d’être à l’abri d’une destruction, même en cas d’attaque nucléaire. Si un ou plusieurs nœuds de communication sont détruits, il doit en rester suffisamment pour acheminer quand même les messages. Ce réseau s’appellera Arpanet, Advanced Research Project Agency network, du département de recherche du Pentagone mais seuls les laboratoires qui ont des contrats avec le Pentagone peuvent s’y raccorder. Le réseau Usenet se développe alors. Il prend son origine à l’université de Duke en 1979 [2]. Internet et les réseaux sociaux sont les couches supérieures de cette ère informatique où nous sommes presque absents.

En 2000, avec l’arrivée en Europe de l’ADSL à 512 Kbit/s, l’Algérie se connectait parfois à 56 kbit/s ; en 2006, l’écart s’est définitivement creusé et désormais le ratio est de 1/40, Arrivée en Europe du 20 Mbit/s chez l’usager et du « quadruple play » ; l’Algérie se connecte parfois à 512 Kbit/s. Ce sont surtout des pratiques des TIC pauvres, liées à des modèles dominés par l’enseignement de l’informatique. Le problème du débit de l’Internet où on n’arrivait même pas à consulter les e- mails, a fait que même si on était abonné par Internet à Science-Direct ou à la Sndl etc., rapatrier des articles de 400Ko relevait de la science fiction. Allez développer les sites des universités. Selon Internet World Stats, de décembre 2011 [3], les taux de pénétration de l’Internet en fonction des régions du monde, Afrique, Amérique latine et Caraïbes, Amérique du Nord, Asie, Europe, Océanie et Australie et Moyen-Orient étaient respectivement de 13,5 %, 39,5%, 78,6%, 26,2%, 61,3%, 67,5% et 35, 6%. Selon les mêmes statistiques de juin 2016, les utilisateurs d’Internet dans les mêmes régions du monde, étaient respectivement de 9,3 %, 10,5%, 8,7%, 50,2%, 16,7%, 08,0% et 3,8%.

2. De la communication à l’université

Les enseignants chercheurs ne disposent pas directement des moyens de leurs productions scientifique et pédagogique. Sans complaisance et pour des raisons historiques, nous ne pouvons pas atteindre la vitesse de croisière de la science. Le problème des ressources humaines se pose avec acuité. A l’université scientifique, existe-il une communication qu’il faut figer ou animer par une numérisation qui soit de qualité supérieure ? Les communications orale ou écrite n’existent pas. En dehors des heures de cours, les enseignants-chercheurs ne disposent pas de leurs amphithéâtres et de leurs classes. Ils leurs sont même interdits pour se réunir ou discuter du devenir pédagogique et scientifique de leur université. Les réunions entre enseignants se font rares si elles ne sont pas carrément proscrites. Par affichage, les enseignants ne peuvent même pas appeler à une réunion de réflexion, de brainstorming, etc. On déplore l’absence totale de cadre d’expression pour l’enseignant qui n’a aucun moyen de se faire écouter. Un ex-Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique lui a été donné de constater un déficit flagrant en matière d’information et de communication au sein des établissements d’enseignement supérieur autour des mesures engagés par le secteur…. Il a même demandé aux chefs d’établissements universitaires de veiller personnellement à assurer une communication efficiente au sein de leur établissement et son environnement. Il leur a aussi demandé d’apporter toutes les clarifications nécessaires pour répondre aux interrogations de la communauté universitaire (Note ministérielle du MESRS n°196 du 05 Mars 2011). Dites ce que vous voulez, nous ferons ce que nous voulons, ainsi marche le système hostile que des responsables algériens utilisent.

3. Peut-on réussir la numérisation de nos universités ?

Avant toute mise en relief ou une numérisation des travaux scientifique et pédagogique, les universités algériennes doivent dispenser un enseignement pragmatique et utilitariste. Dans la science, ce qu’il faut acquérir est le savoir-faire qu’on ne donne pas mais qui s’arrache ou s’acquiert auprès des centres de recherche nationaux ou étrangers ou des universités, après des années de durs labeurs. Nos recherches ne sauraient être limitées aux travaux de laboratoires, elles doivent être effectuées dans le cadre de la vie quotidienne. Est-il possible que chaque université dispose d’un site Web performant ?

Toutes les facultés, leurs département respectifs, leurs équipes ou staff pédagogiques et de recherches peuvent mettre à jour leurs cours, leurs TD, leurs examens, leurs corrections, leurs sujets de thèses à proposer, leurs travaux de recherches, leurs curriculum vitae, etc. L’idéal est de développer des sites WEB actifs et non pas en construction. Ces sites doivent être développés par des informaticiens de haut niveau, des Webmasters qualifiés qui maîtrisent les langages de programmation sur Internet tels que l’HTML et le PHP par exemple. Pour éviter la monotonie, il est préférable aussi que les enseignants chercheurs choisissent un style de leur page Web, chargent leurs informations selon les normes actuelles telles CS3, Adobe ou Macro media, et l’hébergent sur le site de leur université. La page de l’enseignant chercheur doit être très riche en ergonomie, interface, conception, IHM, Style, design… Mais là, un autre problème survient. Il faut un accès et avoir de l’Internet. Les liens avec des adresses URL à toute la production scientifique sont aussi affichés. Les enseignants chercheurs n’ont de préoccupations quotidiennes que d’ordre matériel. Comment se procurer une rame de papier, une cartouche d’encre ou du toner pour pouvoir imprimer un article rapatrié de l’Internet, un micro portable, une chaise confortable, des CD, des trombones, des agrafes, des chemises, des sous chemises etc. … sont les défis à relever.

L’Internet, les logiciels et la documentation ne sont rien sans les enseignants chercheurs. Dans la majorité des universités Scientifiques Algériennes, parler des TIC, du e-learning, de la e-maintenance, etc., n’est qu’un leurre. Ils sont des moyens pédagogique et scientifique indispensables dans le LMD. De nos jours avec la téléphonie 4G et le développement des applications dans tous les secteurs de la vie domestique, on ne sait plus où donner de la tête. La rapidité des ordinateurs est passée de milliards de données à la seconde à un quatrillion – la vitesse pétaflop, que seul le plus rapide des micro-ordinateurs ultrarapides peut atteindre. Internet et les systèmes de téléphonie portable sont absorbés par des centaines de réseaux satellites.

4. La numérisation au service de l’université, de la bibliothèque universitaire, de l’université à distance, des conférences nationales et internationales, etc.

De nombreuses institutions d’enseignement supérieur mettent en ligne des vidéos de certains cours qu’elles proposent. Ce phénomène se développe dans le monde développé, et le contenu est plus important encore en anglais. Ce dont vous avez besoin: Un ordinateur, un téléphone portable ou une tablette avec une connexion internet. Parfois, une connexion audio via votre ordinateur ou un téléphone, une webcam feront l’affaire. A la bibliothèque et faute du nombre, les étudiants n’arrivent pas à retirer le livre qu’il leur faut.

Pourquoi ne pas investir dans des bibliothèques virtuelles, en scannant les livres? Faute de ne pouvoir se déplacer à une conférence, une possibilité numérique est offerte aux chercheurs, la participation à une conférence en ligne ou sur Internet appelée aussi en anglais WebEx ou par vidéophone. Le conférencier, en utilisant par exemple le « Skype », peut exposer ses travaux à distance sans se déplacer au pays où a lieu la conférence. Or, dans nos universités, l’utilisation du Skype, Youtube, Facebook est proscrite même pour les professeurs. Voir, revoir, entendre, réentendre les conférences se fait à travers des Bibliothèques.

La bibliothèque met en exposition le flux continu des plus prestigieuses conférences les offrant ainsi en différé. La conférence en ligne fait partie intégrante d’une nouvelle façon de travailler. Cela permet à plus de personnes à effectuer plus de travail en moins de temps, ce qui correspond exactement à ce dont un chercheur efficace a besoin. Elle permet aussi de collaborer avec des scientifiques n’importe où sur la planète, de les rencontrer en ligne et partager des fichiers, des informations et l’expérience. Elle propose des solutions qui augmentent la productivité et permettent aux chercheurs de rester connectés [4]. Le chercheur doit avoir sa propre page Web à son université ou sa page Facebook ou sa page Twitter ou au moins que son email soit rendu public.

Conclusion

Le décret exécutif n° 99-244 du 31 Octobre 1999 régit la création des laboratoires dans les universités. Dans les vingt sept articles qui le constituent, il n’évoque nul-part le chercheur. De ce fait, un mépris à l’égard des enseignants chercheurs est constaté. Il faut les rétablir dans leurs droits. Les universités n’ont pas encore réussi à s’accommoder aux contraintes de la bureaucratie. Il faut libérer les esprits et laisser les scientifiques réfléchir la tête reposée. Les budgets votés et débloqués pour la recherche n’arrivent jamais entre les mains de vrais chercheurs, et s’ils arrivent ce n’est qu’en miettes. Tous les locaux disponibles dans une université sont réservés à une administration pléthorique qui envahit l’espace scientifique, pédagogique et social. Même le scientifique est pris d’assaut par des gens qui ne réfléchissent plus, mais excellent dans le zèle et le mépris du corps enseignant. Il est impératif que les enseignants chercheurs apprennent l’Anglais américain, qui est différent de l’Anglais britannique. Ce premier Anglais mène actuellement une hégémonie totale dans la science.

A. D.

Références

1. René Descartes. Discours de la méthode. Texte présenté et annoté par Jean Costilhes. 1966, Nouveaux classiques, Hatier, p.85. 2. Frédéric Barbier et Catherine Bertho Lavenir. Histoire des médias. De Diderot à Internet. Armand Colin/Masson, Paris, 1996. 3. http://www.internetworldstats.com/stats.htm 4. http://www.bnf.fr/fr/evenements_et_culture/conferences_en_ligne.html

Auteur
Ali Derbala, universitaire

 




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