26 avril 2024
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Et il créa les monstres !

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Et il créa les monstres !

«Vous ne dormirez pas car personne ne dort

Vous ne dormirez pas car la lumière vous aveugle

Vous ne dormirez pas car la mort seulement

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Reste votre victoire» Raphaël Alberti

Il y avait une fois en Algérie…

L’impérialisme dit à l’Arabie saoudite et au Qatar :

— Vous devez fabriquer un fascisme à votre image.

Et l’Arabie saoudite et le Qatar firent le Front islamique du salut. L’organisation terroriste était faite de bois mort. Du bois grossier. Avec la veine moyenâgeuse et obscurantiste par nature. L’Arabie saoudite et le Qatar le travaillèrent et le polirent. Et le Front islamique du salut installa à ses côtés l’Armée islamique du salut – des rats fétides infectés de peste bubonique -, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat – des sangsues hargneuses et puantes qui sucent tout le sang -, et la Ligue islamique pour la Dawa et le Djihad – des serpents venimeux plus Caligula que César.

L’Arabie saoudite et le Qatar leur fournirent la queue, les crocs et la force de l’hyène. Eux portaient déjà la croix gammée sous le bras. L’Arabie saoudite, le Qatar et Abassi Madani (comme Carlo Collodi avec Pinocchio, le pantin en bois qu’il a inventé) ont commencé à tramer le renversement du peuple algérien. Et le peuple algérien fut renversé le 12 juin 1990.

Ce jour-là, Abassi Madani et Ali Belhadj prirent pour la centième fois l’édition arabe de « Mein Kampf » d’Adolf Hitler, publiée au Caire par Luis El Hadj en 1963, mirent solennellement la main sur la bible du nazisme et déclarèrent :

— Les apôtres, les devins et les oracles sont unis pour accomplir la mission historique de libérer notre patrie du joug du monde moderne et du progrès sans frein. Nous n’agissons pas contre le peuple, mais pour le peuple et pour sa liberté.

Voilà comment ont trahi Abassi Madani et Ali Belhadj, monstres incestueux de l’intolérance, visqueux comme une substance de laboratoire, infectieux comme le typhus. Et ils se sont transformés le 13 février 1992 en de grands traîtres de l’Algérie, les Judas maghrébins.

Et ils remplirent Alger la blanche de fumée, et de cette fumée un fléau venimeux d’obscurantistes s’échappa pour égorger, dans le noir, tous ceux qui portaient le signe de la dignité sur le front.

Les abominables hommes de l’Atlas — les « Yétis » maghrébins — s’abattirent sur l’Algérie avec la bouche pleine de mensonges, les yeux remplis de haine, les mains chargées d’ignominie et la peau couverte d’infamie. Et leurs visages étaient ceux des hommes. Et au nom de leur philosophie sectaire, ils dirent que l’ordre était d’éliminer la paix de cette terre, de brûler les livres et les bibliothèques et d’éterniser l’exploitation de la femme par l’homme.

Et ils dirent que l’ordre était de tuer Djilali Lyabès, Laadi Flici, Tahar Djaout, Ahmed Asselah, Saïd Mekbel, Matoub Lounes, Abdelkader Alloula, Youcef Sebti et tous ceux qui leur ressemblaient de près ou de loin jusqu’aux trois-quarts ou au moins jusqu’à 65 pour cent.

Ils violèrent des domiciles et des vierges, s’engouffrèrent dans tous les quartiers, fouillèrent comme des charognards dans tous les coins, mirent sens dessus dessous les écoles et les universités, détruisirent la littérature et la chanson, recherchèrent les tourterelles et surtout les colombes pour les faire exploser en plein vol, profanèrent des monuments.

Ils torturèrent sauvagement pendant des jours qui semblèrent des mois et pendant des mois qui semblèrent des années. Ils assassinèrent des milliers de Cheb Hasni, le chant encore inachevé. Ils décapitèrent les vieillards et les adolescents, les mutilés et les moribonds, les femmes libres, les hommes désobéissants. Et des dizaines de milliers d’algériens furent tués. Et les cadavres s’accumulèrent dans la commune de Bentalha ou alors ils restèrent pour toujours à Beni Messous ou à Haï Raïs, avec les yeux ouverts comme s’ils admiraient les majestueuses cimes du Djurdjura.

Le respect de l’humanité fut blessé et maltraité pendant plus de dix années ininterrompues. Le 13 février 1992 vit le soleil devenir noir comme le pétrole de Hassi Messaoud et la lune rouge comme le sang des sacrifiés.

Et Abassi Madani et Ali Belhadj dirent à l’ambassadeur de l’Arabie saoudite : « Ahlen, bienvenue ! » Et à celui du Qatar : « Ceci est un climat de confiance ! » et à tous les djihadistes du monde : « Nous restaurerons le califat ! ».

Pendant dix ans, comme les vautours qui sentent la chair morte, les grands représentants de l’inquisition et des autodafés sortirent de leurs repaires, de même que les exploiteurs de même acabit, les contrebandiers de la misère humaine, les accumulateurs de l’ignorance.

Ils sortirent pour célébrer les massacres, suggérer des versets, dénoncer les patriotes, rédiger des fatwas et envoyer des menaces de mort.

Et Abassi Madani et Ali Belhadj, médiocres, myopes, rêvant de califat mortifère et de suprématie sectaire dirent : « La fin justifie les moyens. »

La fin ? Ou le commencement ?

Le commencement. La patrie de Kateb Yacine et de l’Emir Abdelkader était en train de brûler dans la mémoire de tous les hommes et de toutes les femmes depuis le désert d’Atacama jusqu’aux tours de Shanghai en passant par l’Ermitage de Saint Pétersbourg, la place Jema Lefna de Marrakech, la pagode d’argent de Phnom Penh, le Colisée de Rome, le sphinx du Caire et toutes les terres humaines

Il y avait une fois…

Quelqu’un accoucha de monstres !
 

Auteur
Kamel Bencheikh

 




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