Vendredi 27 octobre 2017
Et si nos associations s’engageaient pour réformer ?
Et qui oserait encore affirmer que les associations culturelles, éducatives ou caritatives n’ont aucun intérêt pour la santé des nations ? En mai 2009, par exemple, une association de quartier londonienne aurait décidé de donner, sans aucune contrepartie, la modique somme de 3.000 livres (environ 3.500 euros), à 13 sans-abri de quelques banlieues de la capitale britannique et je vous laisse imaginer la suite.
Si cette expérience-là n’a pas suscité au départ trop d’engouement de la part des autorités qui assimilent l’opération à de l’assistanat, il n’en reste pas moins qu’un an et demi après, toutes les personnes concernées en ont tiré le plus grand bénéfice et pu avancer. Ils avaient fait tous, pour la première fois, des pas déterminants vers la solvabilité et l’amélioration de leur statut économique. Sept d’entre eux dormaient même sous un toit alors que deux autres étaient sur le point de s’installer dans des appartements à eux.
En outre, la plupart de ces SDF suivaient désormais des cours de chant et de langues, apprenaient à faire de la cuisine, s’impliquaient de façon régulière dans des séances de cure d’intoxication, rendaient fréquemment visite à leurs familles et faisaient des projets d’avenir. Enorme ! Cela n’aurait sans doute jamais été possible s’il n’y avait pas eu à la base ce travail associatif assidu de proximité, d’entraide et de solidarité avec les plus pauvres de la cité. Les associations de quartier sont, à vrai dire, la cellule centrale la plus proche du quotidien des gens et de leurs préoccupations que n’importe quelle autorité politique. D’ailleurs, celles-ci peuvent résoudre certains problèmes de citoyens à la phase primaire avant que la situation ne pourrisse, en jouant le rôle d’intermédiaires entre ces derniers et les pouvoirs publics tutélaires.
Elles peuvent aussi, quand leurs membres sont très actifs et engagés sur le terrain, et non pas comme dans le cas de la plupart de nos associations en Algérie, des tubes digestifs sans âme, branchés au sérum de la rente, combler le vide laissé par les collectivités locales et apaiser les esprits pour resserrer les liens entre gouvernants et gouvernés.
Seul ce maillage associatif est susceptible de permettre une métamorphose par petites transformations successives, lesquelles peuvent produire en s’additionnant à la fin un changement qualificatif au sein de tout le corps social. Imaginons maintenant que les 80.000 associations algériennes agissent de la sorte, c’est-à-dire, elles tendent l’oreille aux citoyens, tentent de transmettre leurs doléances et leur venir en aide comme dans l’exemple de cette association de quartier londonienne ? Le pays n’en serait jamais là, décidément ! Car, si la politique est l’art du possible, comme disait l’Allemand Bismarck (1815-1898), le militantisme associatif est ce possible lui-même.