Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête (extrême droite, anti-immigration) ! aux Européennes, tient dimanche après-midi son premier grand meeting de campagne à Paris, en cherchant à remobiliser l’électorat d’Eric Zemmour de la présidentielle d’il y a deux ans.
Au-delà du scrutin européen, c’est sa propre survie politique que joue l’ex-députée (2012-2017) du Vaucluse – alors encartée au Front national de sa tante Marine Le Pen -, voire celle du mouvement zemmouriste si elle échouait à passer la barre des 5% nécessaire pour envoyer des élus à Strasbourg. C’est dire qu’au-delà des discours extrémiste et alarmiste, la liste se doit d’attirer des bulletins de vote pour survivre.
Au Dôme de Paris, une salle de 5.000 sympathisants doit rassurer sur la capacité d’entraînement de Mme Maréchal, créditée de 4,5% des suffrages dans un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune publié samedi soir, dans la marge d’erreur du seuil d’élection. Pire: seules deux personnes sur trois qui indiquent vouloir voter pour elle sont « sûres » de leur choix, a noté une autre étude réalisée fin février par BVA.
Dimanche, il s’agira de convaincre du « vote utile » Maréchal, alors que Reconquête! a trouvé le mois dernier un accord avec le groupe des Conservateurs à Strasbourg, où siège notamment le PiS polonais, au pouvoir entre 2015 et 2023, et Fratelli d’Italia, le parti de la cheffe du gouvernement transalpin Giorgia Meloni.
Pour asseoir cette crédibilité, Marion Maréchal a invité l’une des figures de ce mouvement post-fasciste italien, Nicola Procaccini, qui doit ouvrir le meeting.
Après une intervention d’Eric Zemmour de trois quarts d’heure, qui portera sur « la civilisation », la tête de liste conclura le meeting avec une prise de parole « programmatique », également de 45 minutes, sur le thème de « Défendre la France contre l’Union européenne, défendre l’Europe contre l’islamisation ».
Alors que l’ex-polémiste s’était fait remarquer par ses shows à grands moyens lors de la campagne élyséenne de 2022, les équipes de Reconquête! promettent également une scénographie « innovante », avec « une atmosphère moins présidentielle mais plus lumineuse ».
« Notre enjeu énorme, c’est parler à nos électeurs de 2022 », résume un stratège, nostalgique des 7,07% d’Eric Zemmour. Problème: seule une moitié d’entre eux entend rester fidèle à Reconquête!, lorsque 45% s’apprêtent à porter leur suffrage vers Jordan Bardella (RN), qui fait pour l’instant la course en tête dans les sondages.
« Mais on ne peut pas parler qu’à ceux qui veulent voter pour un type qui est aujourd’hui à 5-6% dans les sondages, quand il y en a un autre qui est à 30% », conviennent désormais les cadres de Reconquête!, convaincus de la nécessité de mener cette double bataille.
« Jordan Bardella est sûr d’être élu ». « Si vous pensez qu’ils seront plus forts à deux (…) alors faites un vote intelligent », a lancé Guillaume Peltier à l’adresse des électeurs du RN, dimanche sur franceinfo.
La campagne s’annonce bien serré entre les deux partis qui se disputent le même électorat.
Avec AFP