Le bilan des explosions des appareils de transmission du mouvement islamiste libanais Hezbollah ces deux derniers jours s’élève à 37 morts et 3 539 blessés, a annoncé jeudi 19 septembre le ministre libanais de la Santé, Firass Abiad.
Le ministre a précisé que douze personnes avaient été tuées dans la première vague d’explosions de bipeurs mardi 18 septembre et 25 dans la deuxième vague d’explosions de talkie-walkies le lendemain. Un précédent bilan faisait état de 20 morts.
Avec cette deuxième vague d’attaques attribuées à Israël par le Hezbollah et les autorités libanaises, la psychose gagne le Liban. Cette attaques sophistiquée est attribuée aux limiers israéliens qui auraient piégés ces appareils avant leur importation. Les médias israéliens soulignent que tous les téléavertisseurs provenaient d’un nouveau lot et étaient arrivés au Hezbollah il y a plusieurs mois.
Les attaques sont inédites en matière de guerre électronique. Avrc ces explosions programmées,c’est un nouveau palier qui vient d’être franchi. Un climat de paranoïa généralisée a gagné le Liban, accentuée par des incidents récents où plusieurs téléphones ont soudainement explosé.
Ces événements inattendus ont ravivé les peurs parmi la population, déjà éprouvée par une instabilité politique et économique persistante.
L’impression de vivre un cauchemar ou d’être dans un mauvais roman d’espionnage s’est répandu au Liban quand une seconde vague d’explosions d’appareils de communication a eu lieu, selon la correspondante de Rfi à Beyrouth. « J’ai très peur, c’est dur d’essayer de rassurer ses enfants quand toi-même, tu as peur. On a peur, mais on ne sait pas de quoi, on a peur de tout. Tout autour de toi fait peur, tu rentres chez toi, tu as peur, tu sors, tu as peur. Il n’y a pas de sécurité », s’inquiète Hoda, Beyrouthine et mère de deux enfants.
À proximité de l’un des hôpitaux de la capitale qui accueille des blessés de ces attaques, Mona, qui gère un café, fume nerveusement un narguilé en regardant son téléphone d’un air perplexe. « Je n’ose plus tenir mon téléphone dans mes mains. Avant, je le posais à côté de moi pour dormir, mais maintenant, je n’ose plus. Et à part ça, j’ai acheté un billet d’avion. Je veux partir. Je ne reste plus ici. Maintenant, j’ai peur de tout », confie Mona. Si les vols sont maintenus, elle partira pour la Turquie.
« Nous devons être les uns aux côtés des autres »
Devant l’hôpital universitaire Mont-Liban, en lisière de Beyrouth, des familles attendent des nouvelles de leurs proches blessés dans l’attaque de mardi. Des femmes ont les yeux rougis. Une soixantaine de patients, pour la plupart membres du Hezbollah, sont hospitalisés, note la correspondante de Rfi à Beyrouth.
« Beaucoup d’attaques sont au niveau des yeux. Quand un œil est vraiment blessé, quand il est traumatisé, il est irrécupérable. C’est ignoble ce qui se passe. Avec la spirale de violence à laquelle on assiste, on se demande bien quelle sera la prochaine étape. C’est inacceptable », dénonce le docteur Elie Gharios, directeur médical.
Les attaques des deux derniers jours ont provoqué un afflux massif de blessés vers les hôpitaux. Des Libanais y répondent présents pour donner leur sang. « Nous devons être les uns aux côtés des autres, laisser la politique de côté, considérer l’humain, laisser de côté nos différends. Si nous ne sommes pas solidaires entre nous, de qui attendre cette solidarité ? Je ne suis pas médecin, je suis juste une personne. Le minimum que je puisse faire est de donner mon sang. Quand j’ai appris les attaques, j’ai été stupéfaite. C’est une guerre, une guerre électronique, dangereuse », témoigne Dima Awad.
Les attaques ravivent le sentiment de vulnérabilité parmi les Libanais, diffus depuis le début de la guerre à Gaza et des affrontements à la frontière libano-israélienne liés à ce conflit.
La rédaction avec Rfi