Publié aux Éditions L’Harmattan, « Filles des Aurès : la guerre d’Algérie dans les yeux d’un enfant » s’impose comme une œuvre littéraire et mémorielle hors du commun.
Ce roman, écrit par Alain-Victorin L’Evêque et Serge Vollin, explore les blessures profondes d’un conflit trop souvent réduit à des statistiques, mais qui a broyé des vies, des âmes, et des identités.
Derrière le pseudonyme de Serge Vollin se cache Chérif Benamor, né en 1946 à Messaouda, un petit village des Aurès. Berger berbère, il grandit au cœur d’un pays en feu, témoin impuissant de la brutalité de la guerre d’Algérie, mais aussi de la dignité et de la résilience de son peuple.
« Filles des Aurès : la guerre d’Algérie dans les yeux d’un enfant » n’est pas seulement le récit fictif de destins croisés dans un contexte de guerre : il est aussi une manière pour Vollin de revenir sur ses propres blessures, celles d’un enfant arraché à l’innocence par les violences d’une guerre coloniale.
L’œuvre mêle des récits intimes à la fresque historique. On y suit le parcours de deux soldats français pris dans un tourbillon de dilemmes moraux. L’un, jeune appelé de 20 ans, finit par trahir son pays, incapable de concilier son humanité avec l’inhumanité du conflit.
L’autre, officier de carrière, vacille entre son honneur militaire et la tentation de rejoindre l’O.A.S., une organisation qui prône la lutte armée contre l’indépendance algérienne.
Tous deux croiseront le destin de Zimba et Aljia, deux jeunes femmes des Aurès, symboles d’un amour qui survit malgré les plaies ouvertes de l’histoire.
Mais derrière ces récits se devinent la souffrance et la résilience de Serge Vollin lui-même. Aujourd’hui peintre reconnu, il vit à Munich où il pratique la peinture comme une forme de thérapie, cherchant à libérer les ombres d’une enfance marquée par les cris et le sang. Ses toiles, exposées à travers le monde, sont des fenêtres ouvertes sur sa mémoire, des fragments d’un passé qu’il tente d’apprivoiser.
« Filles des Aurès » n’est pas seulement un roman historique, c’est un cri du cœur, un hommage aux victimes silencieuses de la guerre d’Algérie : les civils, les enfants, et tous ceux dont les vies ont été brisées sans qu’ils ne soient acteurs du conflit.
Par cette œuvre, Serge Vollin partage non seulement son histoire, mais celle de toute une génération prise au piège d’un drame qui dépasse l’entendement.
« Filles des Aurès : la guerre d’Algérie dans les yeux d’un enfant », écrit avec une rare intensité émotionnelle, est une plongée dans l’âme d’un homme et d’un peuple. Il nous rappelle que la guerre ne se termine jamais vraiment pour ceux qui l’ont vécue, mais qu’il est possible, à travers l’art, la littérature, et la mémoire, de chercher une forme de réconciliation avec soi-même et avec l’histoire.
Guettala Djamal