Vendredi 9 mars 2018
Fin de règne difficile pour Abdelaziz Bouteflika
Au mois d’avril 2019, le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, bouclera vingt ans de règne absolu avec un goût d’inachevé, parce qu’il n’aura pas réalisé l’essentiel : la diversification de l’économie.
Il a trouvé l’Algérie dépendante à 95 % du pétrole avec par-dessus le marché une réputation de grosse importatrice de céréales et de lait en poudre, il la laissera là, à moins d’un concours de circonstances des plus improbables. En effet, si Abdelaziz Bouteflika retrouve sa santé d’antan, qu’il brigue un cinquième mandat et que le prix du baril de pétrole dépasse les 100 dollars, il ne jettera sûrement pas cette fois 1000 milliards de dollars par les fenêtres.
Mais quand on sait que l’ère des miracles est révolue, on n’a plus alors qu’à se retrousser les manches et se mettre au travail, chose que beaucoup d’Algériens abhorrent, habitués qu’ils sont au gain facile, même s’il relève de l’illégal. Et ce n’est certainement pas un Abdelaziz Bouteflika, mal en point et en fin de règne, qui pourra changer cette mentalité.
Du coup, l’on se demande ce que le chef de l’Etat pourrait bien faire d’ici avril 2019. Une chose est sûre en tout cas, il lui sera impossible de réaliser en une année ce qu’il n’a pu faire en dix-neuf. Une fin de règne difficile en perspective pour un homme qui a des convictions mais désormais très peu de forces.
Sachant cependant qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, Abdelaziz Bouteflika pourrait donc reconnaître qu’il a fait de son mieux, mais qu’il n’a pas pu obtenir les résultats escomptés. Dans la foulée, il pourrait même ouvrir un dialogue entre tous les Algériens capables d’apporter un plus salutaire pour une sortie de crise consensuelle ; la politique qui consiste à ignorer les autres et leur mettre des bâtons dans les roues ayant montré ses limites.
Reste à savoir maintenant si c’est l’intérêt du pays qui primera, ou ce sont les ambitions démesurées qui prévaudront encore une fois. Quand on connait l’obstination des tenants du pouvoir du moment, on penche machinalement pour la seconde option.
La politique algérienne est ainsi faite. Les présidents arrivent en fanfare et repartent sur la pointe des pieds, quand ce n’est pas les pieds devant. Le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, sera-t-il l’exception qui confirme la règle ? L’avenir très proche nous le dira.