Mardi 29 septembre 2020
Financement du terrorisme : 29 personnes placées en garde à vue en France
Le Collectif des familles unies, qui regroupe une centaine de familles de Français présents en Syrie et en Irak, dénonce des arrestations et perquisitions les visant.
29 personnes ont été placées en garde à vue dans une vaste opération antiterroriste menée en France, annonce le parquet national antiterroriste mardi 29 septembre. Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte en janvier 2020 pour financement du terrorisme et association de malfaiteurs terroriste criminelle.
« Cette opération s’inscrit dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte suite à la détection » par le service de renseignement Tracfin « d’un circuit sophistiqué de transferts de fonds à des jihadistes français encore présents en Syrie », précise le Pnat.
Les enquêteurs expliquent avoir identifié une « nouvelle évolution dans le financement du terrorisme ». Jusqu’ici, « l’envoi de mandats cash à des collecteurs implantés dans des pays limitrophes de la Syrie constituait le principal vecteur de transferts de fonds à des jihadistes. La surveillance constante de ces réseaux a conduit les organisations terroristes à rechercher davantage d’opacité par le recours à des crypto-monnaies de type bitcoin ».
Achat et transfert de cryptomonnaie depuis la France
Actif depuis 2019, le réseau visé par l’opération antiterroriste de ce mardi « repose principalement sur l’achat, en France, de coupons de cryptomonnaie dont les références ont été transmises par messagerie sécurisée à des jihadistes présents en Syrie, puis crédités sur des plateformes de bitcoins ».
Ces derniers mois, « plusieurs dizaines de personnes résidant en France se sont rendues à maintes reprises dans des bureaux de tabac pour acheter anonymement des coupons d’une valeur comprise entre 10 et 150 euros. Ces coupons étaient ensuite crédités sur des comptes ouverts depuis l’étranger par des jihadistes qui se chargeaient de les convertir en crypto-monnaies sur des plateformes d’achat de bitcoins », détaille le communiqué du parquet.
Les enquêteurs ont identifié « le rôle central de deux jihadistes français qui sont suspectés d’avoir créé, depuis le nord-ouest syrien, l’architecture de ce réseau de financement du terrorisme. Il s’agit de Mesut S. et de Walid F., tous deux âgés de 25 ans.
Ayant rejoint ensemble la Syrie en 2013, ils sont suspectés d’être des membres du groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) affilié à Al-Qaïda et sont visés par un mandat d’arrêt suite à une première condamnation à une peine de 10 ans d’emprisonnement ».
La colère du collectif des familles unies
Le Collectif des familles unies, qui regroupe une centaine de familles de Français présents en Syrie et en Irak, dénonce des arrestations et perquisitions les visant, a appris franceinfo auprès du collectif. Selon lui, il est reproché aux familles d’avoir « envoyé de l’argent à leurs filles ou leurs belles-filles actuellement détenues par les Forces démocratiques syriennes et l’administration kurde du nord-est de la Syrie ».
« Depuis ce matin, des familles dont les petits-enfants, neveux ou nièces, survivent dans des conditions épouvantables dans les camps de Roj et de Al-Hol, en Syrie, font l’objet d’arrestations, de gardes à vue, de perquisitions et de convocations par la DGSI, dans le cadre d’une enquête du parquet national anti-terroriste. Des arrestations ont été effectuées dans des conditions traumatisantes, des parents ont été menottés devant leurs enfants« , s’indigne le collectif.
Le collectif dénonce par conséquent une « opération de police indigne » et des « poursuites honteuses ». « Si l’Etat ne veut pas que les familles aident leurs petits-enfants à survivre, qu’il les rapatrie immédiatement », insistent les familles. Ces dernières affirment qu’elles « n’abandonneront jamais ces enfants ».