Lors d’un rassemblement inédit devant le siège central à Alger, des centaines de militants du Front de libération nationale ont dénoncé, samedi 2 août, une direction « illégitime » et « déconnectée de la base». Ils réclament une transition interne pour « rendre au FLN sa légitimité» et « protéger son héritage historique».
Il y a de l’eau dans le gaz au sein de l’ancien parti unique. La direction du Front de libération nationale (FLN) fait face a une contestation interne. Ce samedi 2 août, plusieurs centaines de militants, réunis sous la bannière de la « Coordination nationale pour le sauvetage du FLN », ont organisé un rassemblement de protestation devant le siège central du parti à Alger.
Dans leur déclaration, les contestataires affirment vouloir « défendre l’histoire et l’avenir du FLN » face à une direction accusée d’avoir « confisqué la volonté des militants». « Nous portons aujourd’hui la voix de la base militante, exclue et marginalisée, et nous dénonçons les dérives qui menacent l’existence même du parti», affirment-ils.
Les griefs énumérés sont nombreux et précis. « La désignation du secrétaire général s’est faite en dehors de la volonté des militants, en violation flagrante de la loi fondamentale du parti», dénonce la Coordination. Elle fustige aussi « un management autoritaire fondé sur le favoritisme et la régionalisme», ainsi qu’une « gestion financière et administrative opaque qui exige une enquête immédiate».
Certains propos visent directement la communication de la direction : « Les déclarations misérables et le discours faible sur les médias nationaux et internationaux ont nui à la crédibilité et à la réputation du FLN ».
D’autres mettent en cause l’intégration « d’intrus et de transfuges politiques », accusés de « préparer l’enterrement définitif du parti et l’effacement de l’héritage des martyrs ».
Face à ce qui est considéré comme des dérives, la Coordination nationale formule trois principales exigences : « Le départ immédiat de la direction actuelle, y compris le secrétaire général», « l’arrêt et l’annulation de la restructuration falsifiée et imposée par la force» et « la création d’un comité national composé de cadres intègres pour gérer le parti et préparer un congrès inclusif sans exclusion ni marginalisation. »
Malgré la virulence des critiques, la déclaration se conclut par un positionnement clair vis-à-vis du pouvoir central : « Nous renouvelons notre soutien complet et constant au président Abdelmadjid Tebboune et saluons toutes ses décisions visant à construire une Algérie forte, juste et développée. ». Donc pas de changement fondamental. La coordination exprime également une « soutien absolu à l’Armée nationale populaire, héritière de l’Armée de libération, pour ses missions constitutionnelles de protection de la souveraineté et de l’unité nationale». Voilà qui est clair.
Cette mobilisation inédite met en lumière une fracture interne qui fragilise encore un FLN déjà en perte de repères. « Notre démarche n’est pas une fin, mais le début d’un chemin national et moral pour corriger la trajectoire du parti et lui rendre sa place naturelle au service de l’Algérie et de son peuple», conclut la déclaration.
Samia Naït Iqbal
