Mercredi 5 juin 2019
Fouad Boughanem était comme ça
Fouad Boughanem, au milieu, lors d’une manifestation dans les années 1990.
Dans son dernier message, il m’avait dit simplement : » Oui, je suis à Paris, à l’hôpital, oui c’est grave, mais il faut se battre … » Il ne voulait pas qu’on lui rende visite.
Fouad Boughanem était comme ça.. Il ne voulait ni émouvoir, ni impressionner. Un homme étranger aux fausses vertus et aux excentricités qui accompagnent le journalisme d’aujourd’hui. Il dirigeait Le Soir d’Algérie avec une foi discrète et une force tranquille, le protégeant des excès et des reniements, veillant à lui épargner les aléas de l’infantilisme et les malheurs du désaveu.
Je garderai de lui une idée de la bravoure : Le Soir d’Algérie fut le seul quotidien à publier, vaille que vaille, durant mes deux années de prison, et quotidiennement, le compteur des jours d’incarcération comme cela avait été convenu entre les responsables de publications.
Fouad aura été de ces hommes dont la perte est une tragédie parce qu’elle rappellera, chaque jour, à ceux qui l’ont connu, à quel point sa compagnie fut une richesse.
Je partage la douleur de sa femme et sa fille ainsi que celle de mes amis du Soir.