Dans un entretien accordé au quotidien La Dépêche (édition du 19 mars 2025), Michel Bisac, président de la Chambre de commerce et d’industrie France-Algérie (CCI France-Algérie), alerte sur les conséquences économiques des tensions croissantes entre Paris et Alger.

Si aucune mesure officielle ne vise encore les entreprises françaises, il craint que cette escalade diplomatique ne pèse lourdement sur le commerce bilatéral, en particulier pour les PME françaises.

Un commerce franco-algérien dynamique mais fragile

L’Algérie est un partenaire commercial de premier plan pour la France. En 2024, les importations algériennes en provenance de l’Hexagone ont atteint près de 4,8 milliards d’euros, en hausse de 6,6 % par rapport à 2023.

Un marché essentiel pour de nombreuses entreprises françaises. « Si nous perdons ce marché, combien de temps faudra-t-il pour retrouver des clients capables de compenser ? », s’interroge Michel Bisac. Aujourd’hui, près de 6 000 entreprises françaises travaillent avec l’Algérie, dont environ 400 implantées sur place.

Les PME sont particulièrement vulnérables face à une éventuelle dégradation des relations commerciales. « Si une commande de 200 000 à 300 000 euros est bloquée en douane, l’impact est immédiat », explique le président de la CCI France-Algérie. Plusieurs chefs d’entreprise ont déjà exprimé leurs inquiétudes face à une incertitude grandissante.

Un impact inégal entre les importations et les exportations.

Si la situation venait à s’aggraver, la France pourrait être contrainte de revoir ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures. En 2023, les importations françaises en provenance d’Algérie s’élevaient à 6,3 milliards d’euros, dont 2,7 milliards en pétrole brut et 2,4 milliards en gaz non liquéfié. "Sur ce point, nous avons toujours la possibilité de nous fournir ailleurs", relativise Michel Bisac.

En revanche, les exportations françaises vers l’Algérie sont plus exposées aux tensions diplomatiques. Contrairement aux hydrocarbures, peu affectés par les conflits politiques, d’autres secteurs pourraient être directement touchés. À ce jour, aucun contrat majeur, notamment ceux de Total ou Engie, n’a été remis en cause, mais l’incertitude plane.

Un lien économique et humain indissociable

Pour Michel Bisac, sous-estimer l’importance des échanges entre les deux pays serait une erreur. « Nos politiques imaginent qu’on pourrait facilement se passer de l’Algérie, mais la réalité est bien plus complexe », affirme-t-il. Le chef de la Chambre de commerce insiste sur le fait que les relations franco-algériennes ne se limitent pas au commerce : elles reposent également sur des liens humains et historiques profonds.

En France, une partie importante de la population est d’origine algérienne, ce qui renforce les échanges économiques et culturels. « Dans mon entreprise de 145 salariés, tous ont des parents vivant en France », illustre Michel Bisac. Cette interdépendance est difficile à briser, quelles que soient les décisions politiques prises de part et d’autre de la Méditerranée.

Un climat politique pesant sur l’économie

Les tensions actuelles sont en grande partie alimentées par le débat politique en France, où l’Algérie est régulièrement mise en avant dans les discussions sur l’immigration et la sécurité. « On en arrive à des choses délirantes, où tous les politiques y vont de leur petite phrase », regrette Michel Bisac. Cette focalisation pourrait, à terme, avoir des conséquences économiques bien réelles.

Si la situation diplomatique venait à se détériorer davantage, la France risquerait de perdre un partenaire économique majeur. Pour l’instant, les échanges commerciaux se poursuivent normalement, mais la crainte d’un durcissement plane sur les entreprises. L’avenir des relations franco-algériennes reste donc incertain, avec en toile de fond un risque économique non négligeable.

La rédaction

3 Commentaires

  1. Il est tout a fait normal que ce Monsieur défende son business.
    Par contre j’ai lu sur un journal sérieux que la France a déjà pris ses dispositions pour la rupture éventuelle des contrats énergétique par l’Algérie,ce qui donnera des dizaines d’années de batailles judiciaire en perspective.
    Les entreprises Françaises en Algérie si rupture il y’a n’ont qu’à faire ce qu’ont fait les PME Espagnoles, c’est a dire chercher de nouveaux débouchés et non dormir sur leurs lauriers. La relation entre les deux pays est très malsaine,un bon ménage fera du bien aux deux pays.
    Pour tout ceux qui croient que la France est un pays fini, ils se trompent lourdement. Avec une épargne populaire à 6000 milliards d’euros,ils ont de quoi voir venir, même si l’état n’a pour l’instant pas la main dessus, mais en cas de coup dur, personne n’est dupe de ce qu’il va se passer.

  2. De la surenchere sur le dos des civils. Sinon a quoi bons le darmanan, le racailleau ou toute la nomenclature de l’autre cote’ ?

    Vous examinez les bidules et vous vous rendrez compte que c’est de la meme espece que les cure’s et imams . . . Comptables et pedophiles de l’argent et enfants des autres… alors-la, des 2 cote’s !

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