25 avril 2024
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Frida Kahlo, cette emmerdeuse patentée…

Frida Kahlo

«Douleur, plaisir et mort ne sont rien de plus que le processus de la vie. La lutte révolutionnaire, dans ce processus, est une porte ouverte à l’intelligence ». Frida Kahlo

Mon récent voyage au Mexique m’a permis, à travers les lieux que j’ai fréquentés dans le sillage de cette icône, et à la suite de mes lectures, d’appréhender un tant soit peu la vie et l’œuvre de Frida Kahlo, cette emmerdeuse. Atteinte de poliomyélite dès l’âge de 6 ans, elle a subi un accident de la circulation à 18 ans.

Alors qu’elle rentrait en compagnie de son fiancé de l’époque, leur véhicule a été violemment percuté par le tramway. On raconte qu’à la suite de cette collision, ses cris étaient tellement forts qu’ils couvraient les sirènes des ambulances. Résultat : onze fractures constatées dont celle de la colonne vertébrale. Les médecins l’ont donnée pour morte mais arriveront quand même à la faire vivre. Après quelques semaines à l’hôpital, elle restera allongée des mois durant chez ses parents, le corps enserré dans des tubes de métal et les rêves de son futur expmosés en mille morceaux.

Pour occuper ses longues journées à la maison, sa sœur Cristina lui offre un chevalet qui lui permet de peindre tout en étant allongée. Mais comment peindre lorsqu’on n’arrive même pas à se lever ? On lui installe un énorme miroir dans sa chambre, miroir dans lequel sa silhouette et son image se reflètent constamment. L’univers de Frida Kahlo est tout trouvé. Elle peint son premier autoportrait. Frida va de plus en plus mal et pour assurer ses soins, sa famille est obligée d’hypothéquer ou de mettre en vente des meubles. Lorsqu’elle arrive enfin à se mouvoir et à pouvoir enfin sortir de l’appartement de ses parents, la jeune femme est entraînée dans des soirées où des intellectuels et des artistes se rencontrent pour parler des idéaux de la révolution zapatiste des années 1910. C’est dans une de ces soirées qu’elle rencontre l’étoile de la peinture mexicaine, Diego Rivera. Ce dernier, célèbre et riche, traine une réputation diabolique. Plus qu’un homme à femmes, c’est un prédateur du sexe. Sur le plan artistique, sa célébrité a dépassé les frontières nationales.

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Après l’avoir épousé, la jeune femme est heureuse de ne plus infliger ses souffrances à sa famille. Rivera voyage aux États-Unis et en Europe souvent mais veut renouer avec les traditions mexicaines à travers sa femme. Pour lui plaire, Frida Kahlo exhibe sur son corps des vêtements traditionnels colorés. Au fil du temps, la santé de Frida Kahlo se dégrade de plus en plus : les amputations suivent la mise en place de corsets et les opérations lourdes de la colonne vertébrale font leur apparition régulièrement. À chaque immobilisation, il n’y a que la peinture qui compte pour elle.

Contrairement à ses consœurs et à ses confrères, Kahlo ne peint que lorsque la souffrance physique la cloue au lit. Déboulent alors Léon Trotski chassé par Staline d’URSS et André Breton qui voit en elle la quintessence du surréalisme. Mais pour elle, « les surréalistes ne sont qu’une bande de fils de putes lunatiques, fauchés, inutiles et sales. »

En 1939, Diego Rivera demandera le divorce. Elle tombe dans un univers qui la plongera dans un univers de dépression continue. Elle boit une bouteille de cognac par jour. Ne pouvant vivre sans lui, Frida Kahlo redemande Rivera en mariage. Ils se remarient en 1940 alors que la santé de Frida Kahlo se dégrade de plus en plus. On ne compte plus les hospitalisations.

En 1950, c’est la gangrène qui se mêle de la partie. En 1953, elle organise une rétrospective de son œuvre, rétrospective à laquelle se presse tout ce qui compte au Mexique. Elle est présente au vernissage, mourante, couchée devant le regard de tous dans son lit à baldaquin installé en plein centre de la galerie.

Quelques mois plus tard, elle est amputée de son pied. Elle meurt le jour même où elle donne un dernier coup de pinceau à son dernier tableau, symbole de liberté pour les esclaves noirs américains. Elle laisse deux lettres, la première à Diego Rivera, « l’amour de ma vie » et la deuxième, urbi et orbi, où elle espère « que la sortie sera joyeuse et ne plus jamais revenir ». Frida Kahlo était athée mais elle est considérée aujourd’hui, des décennies après sa mort, comme le sommet de la béatitude.

Kamel Bencheikh

1 COMMENTAIRE

  1. merci pour m’avoir fait decouvrir cette artiste. Vraiment magique: son histoire, sa peinture et sa vie avec son mari Diego. Une source d’inspiration pour toutes les femmes mais aussi pour ceux qui au cours de leur vie ont du faire face a des challenges et accidents qui ont essayes de les plaquer dans le noir ou au lit et a l’amertume des jours

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