L’Union africaine (UA) membre à part entière du G20 ? C’est l’un des enjeux du sommet qui démarre ce 9 septembre 2023 à New Delhi. Une candidature qui demande encore à être validée par les 20 membres officiels du club.
Le président des Comores, Azali Assoumani, est ainsi arrivé dans la matinée du 8 septembre en Inde. Il est en effet invité à participer au G20 avec sa casquette de président de l’UA, indique notre envoyée spéciale à New Dehli, Dominique Baillard.
Indonésie et Australie hésiteraient encore à soutenir l’adhésion de l’UA
Jusqu’alors conviée en simple invitée, l’UA, candidate à un statut à part entière, a aujourd’hui le soutien de la majorité des membres du G20. De l’Inde, le pays hôte de ce sommet, des États-Unis, et en particulier de la France et de l’Union européenne, la seule organisation régionale membre du club.
Charles Michel, le président du conseil de l’UE, est confiant : « L’Union africaine, c’est la priorité, veillons à ce qu’elle soit membre du G20. Et, dans les deux jours qui viennent, on aura une réponse définitive sur ce sujet. Pour l’Union européenne, il n’y a pas de doute. Mais tant qu’il n’y a pas une décision prise, il n’y a pas de décision prise. »
De bonne source européenne, l’Indonésie et l’Australie hésitent encore. Ces deux pays membres redoutent l’afflux des candidatures d’autres organisations régionales. Leurs hésitations devraient être levées au cours des dernières discussions menées par les vingt sherpas, car les avantages sont évidents, selon Charles Michel : « L’Union africaine dans le G20, ce n’est pas par hasard que c’est l’Union européenne qui, la première, a réagi favorablement quand cette candidature a été exprimée. Ça va changer quelque chose d’important, c’est que tous ces pays africains qui n’étaient pas autour de la table demain auront une voix et une voix forte dans une enceinte qui compte. »
Pour l’UA, une adhésion au G20 serait « l’aboutissement de huit ans de plaidoyer »
Cette intégration serait, a confié la Commission de l’UA à Claire Fages, « l’aboutissement de huit ans de plaidoyer pour l’inclusion de l’organisation régionale africaine dans les instances » internationales.
Pour l’heure, seule l’Afrique du Sud représente le continent au sein du G20, et ce alors que les Brics, le club des grands économies émergentes mené par la Chine, viennent de s’élargir à l’Égypte et à l’Éthiopie.
L’Afrique est par ailleurs particulièrement concernée par les grands thèmes de ce sommet, que ce soit avec la guerre de la Russie en Ukraine et ses conséquences sur le commerce (en particulier des céréales), la lutte contre le changement climatique ou la réforme des banques multilatérales, dans un contexte d’endettement croissant des États africains.
La contrepartie, c’est que l’UA devra être à même d’afficher une position commune, propre à l’Afrique, sur une multitude de sujets qui parfois divisent les Africains. Contrairement à l’Union européenne, l’Union africaine n’est pas encore une organisation politique, mais plutôt une structure inter-gouvernementale. Il lui faudra donc beaucoup travailler en amont pour formuler et promouvoir son point de vue au sein de ce futur G20+1. Il restera G20 car même avec un membre supplémentaire, il n’est pas question de changer le nom de l’institution, précise Dominique Baillard.
Le Nigeria, première économie africaine l’an dernier, participera à ce G20 avec le statut d’invité. Son président, Bola Tinubu, fait le déplacement.
Pour son premier G20, le président Tinubu devrait évaluer en temps réel les avantages d’appartenir à ce forum de coopération économique, le G20 pesant 85 % du PIB mondial, et environ les deux tiers de la population de la planète.
Si pour ses premières à la Cédéao et à l’Union africaine, Bola Tinubu avait tenu des discours tonitruants, au G20, il devrait avoir une approche plus sobre. Depuis plusieurs années, le Nigeria hésite à postuler pour occuper un siège permanent. Alors que des pays comme la Corée du Sud, le Brésil, la Turquie ou encore l’Afrique du Sud sont des membres à part entière du groupe des 20.
Mais d’ores et déjà le séjour de Bola Ahmed Tinubu à New Delhi est fructueux. Ce sont près de 14 milliards de dollars de promesses d’investissements en perspective pour l’économie nigériane. Des futurs partenariats décrochés ces deux derniers jours suite à des tables rondes économiques Inde-Nigeria, ayant réuni les plus grosses entreprises et banques des deux pays.
RFI