25 novembre 2024
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Gabriel Garcίa Márquez, le conteur d’un autre monde

Conseil de lecture aux jeunes

Gabriel Garcίa Márquez, le conteur d’un autre monde

En 1968 fut mondialement diffusé le roman publié en 1967 « Cent ans de solitude » écrit par le journaliste et romancier colombien Gabriel Garcίa Márquez. À ce moment précis de l’histoire, de l’université de la Sorbonne à celle de Berkeley, la jeunesse comme les intellectuels dans leur ensemble étaient occupés à d’autres bouleversements mondiaux où le conservatisme avait subi les contrecoups de la décolonisation et des libertés inféodées au carcan des États conservateurs d’après-guerre.

Et pourtant, malgré cela, ils perçurent immédiatement le choc retentissant de ce roman inoubliable qui se hissa sans tarder dans les hauteurs de la littérature mondiale avec un succès qui ne s’est jamais démenti jusqu’à nos jours. Dans la fin des années 90, mes enfants me l’ont offert à mon anniversaire avec une touchante dédicace, sachant que j’avais exprimé l’intention de le relire dans sa nouvelle édition de poche avec une photo de couverture devenue désormais célèbre.

Et si je vous propose aujourd’hui ce livre, ce n’est bien entendu pas pour ce rappel à mes tendres souvenirs mais parce que moi-même comme des millions de lecteurs à travers la planète et les décennies ont ressenti la même émotion de lecture. De celles qui laissent une  trace profonde dans la conscience des lecteurs, reconnaissable entre toutes.

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Marquez

Dès la notoriété soudaine dans son pays puis dans le monde, Gabriel Garcίa Márquez n’a cessé de répéter qu’il était étonné du succès d’un livre dont il n’avait jamais pensé qu’il puisse être son meilleur. Il estimait que son écrit qui aurait pu peut-être devenir un succès serait « L’amour au temps du choléra ».

Et c’est justement dans cette remarque que se situe la puissance de cet écrivain hors-norme, c’est à dire la haute qualité de presque tous ses romans. Si j’ai choisi pour nos jeunes lecteurs, parmi tous les merveilleux romans de l’écrivain colombien, « Cent ans de solitude », ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit du succès le plus notoire en terme de vente mais surtout parce qu’il est le plus surprenant et le plus fascinant. Et lorsqu’un roman sort des conventions habituelles, suscite autant de passion et de curiosité par l’étrangeté de son histoire, tout en restant très accessible à la lecture du plus grand nombre, nous sommes incontestablement dans la définition du chef-d’œuvre.

On ne peut éviter de reprendre un commentaire très connu du poète chilien Pablo Neruda, autre géant sud-américain, à propos de « Cent ans de solitude », soit d’être le plus grand roman de la littérature hispanophone après le célébrissime Don Quichotte de Miguel de Cervantes.

Au delà du compliment partagé, nous devons préciser qu’il y a une base identique de comparaison, justement cet élément qui ne fait ressembler l’histoire à rien de convenu. Nous l’avions souligné dans l’un des premiers opus de cette chronique d’été, consacré à Don Quichotte. Tout comme lui, l’étrangeté du récit de « Cent ans de solitude » en a fait un monument de la littérature.

Marquez

Alors que Don Quichotte était un personnage farfelu et totalement invraisemblable, Gabriel Garcίa Márquez fait évoluer un monde où se côtoient les morts et les vivants, les personnages en tapis volant et bien d’autres étrangetés, pourtant dans un décor et une histoire des plus réalistes.

Le romancier sud-américain, surnommé « Gabo », est un activiste politique militant à sa manière et rien ne pourrait être plus critique de l’Amérique latine que des écrits qui sont la parfaire traduction de ce qu’elle est dans ses dérives autoritaires et de corruption. Tout le continent sud-américain s’est reconnu dans les fabuleuses histoires sur fond d’une société parfaitement identifiable.

Pour son œuvre grandiose, l’écrivain obtint en 1982 le prix Nobel de littérature en l’honneur de « ses romans et ses nouvelles où s’allient le fantastique et le réel dans la riche complexité d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent ». L’écrivain fut effectivement élevé dans son enfance sur la côte caribéenne par ses grand-parents et baigna dans une culture tropicale chargée « de contes et nouvelles aux parfums exotiques » reprennent certains biographes de l’écrivain.

Né en 1927, il s’éteint en 2014 auréolé d’une notoriété mondiale bien méritée. Ses romans continuent d’avoir le même succès auprès des lecteurs du monde entier, je suis persuadé qu’ils puissent avoir le même pouvoir auprès de la jeunesse algérienne. Il n’y a nul doute qu’en 2014 s’éteint l’une des voix les plus caractéristiques de l’âme littéraire (et politique) de l’Amérique latine.

Je vous conseille de vous précipiter pour lire ce fabuleux roman qui laissera une trace indélébile dans votre sentiment de lecture que j’espère être la source d’une envie vers les autres grands romans de l’écrivain. Je ne peux vous en conseiller un autre, ils sont tous bons et chacun a son charme secret.

Juste une petite précaution pour le livre d’aujourd’hui, bien que le colonel Auréliano Buendia soit le personnage central, vous serez peut-être perdus avec tous les Buendia qui forment la descendance et et les proches. Comme pour certains classiques, il est recommandé d’inscrire sur une feuille de papier la généalogie simplifiée de la famille Buendia (ou se la procurer sur Internet) car les aller-retours dans le temps, et donc dans les générations, risquent de perturber les jeunes lecteurs.

Un simple schéma et voilà la seule difficulté de ce « pavé » maîtrisée pour laisser place à une grande délectation de lecture.

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene

 




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