La visite du ministre français des Affaires étrangères français n’avait pas été annoncée. Jean-Yves Le Drian a rencontré mercredi soir Abdelmadjid Tebboune en présence de son homologue Ramtane Lamamra.
Alors même que le président candidat Emmanuel Macron mène campagne pour le second tour de la présidentielle, le ministre des Affaires étrangères français Le Drian se déplace pour un voyage de deux jours en Algérie.
La présidence algérienne a ensuite annoncé la rencontre dans un communiqué jeudi matin. Paris, de son côté, précise que c’est une visite de travail pour renforcer les relations bilatérales. C’est le deuxième déplacement du ministre à Alger en 5 mois.
Le déplacement de Jean Yves Le Drian à Alger s’inscrit, selon Paris, dans la continuité de celui de décembre dernier qui avait engagé les discussions pour relancer les relations bilatérales et dans la perspective de réactiver le comité intergouvernemental de haut-niveau entre les deux pays (CIHN) qui ne s’est pas réuni depuis 2017. Un mécanisme mort né des suites des nombreuses polémiques qui ont pourri les relations entre les deux pays.
La preuve ? Une réunion de ce comité prévue l’année dernière a été reportée à la dernière minute en raison des tensions politiques.
Plusieurs mois de tensions ont émaillé les relations entre les deux pays, avec pour résultat la fermeture par le régime de l’espace aérien algérien à l’aviation militaire française à destination du Sahel.
Le déplacement précipité du ministre français des AE à Alger est certainement guidé par d’autres considérations que celles annoncées par les deux parties.
Les relations entre Paris et Alger connaissent certes actuellement une période de détente, après la crise diplomatique de 2021 suite aux déclarations du président Macron sur le régime algérien, Tebboune et sur la colonisation.
Jean-Yves Le Drian et les responsables algériens ont principalement échangé sur les dossiers sensibles de la région, sur le terrorisme et les défis sécuritaires comme au Sahel et en Libye. Ils ont également abordé la stabilité en Méditerranée et en Afrique.
Cette coopération est « indispensable » et les discussions ont eu lieu dans un « climat de confiance » et dans un « esprit de solidarité » a déclaré Jean-Yves Le Drian à l’issue de ces entretiens.
La crise en Ukraine était aussi au menu des discussions, ainsi que ses répercussions sur la sécurité en Europe et son approvisionnement en énergie. Selon la presse algérienne, le chef de la diplomatie française a discuté à Alger de la possibilité de l’acheminement du gaz algérien vers Paris.
La question du gaz a en effet entraîné la venue du président du Conseil des ministres italien Mario Draghi, ce début de semaine. Une visite qui s’est conclue par un accord sur le gaz. A contrario, les relations se sont tendues avec Madrid dont la dépendance au gaz algérien est pourtant importante.
L.M.RFI