Tout porte à croire selon l’agence Bloomberg (01) que « l’accord » signé entre le géant italien ENI et Sonatrach à Alger le 11 avril à n’a pas été digéré par la partie espagnole qui semble avoir dépêché des diplomates en Italie pour s’enquérir du contenu.
On parle même de pourparlers autour de cette décision de Rome de sécuriser d’importants volumes de gaz algérien qui seraient, sans le dire, ouvertement puisé des volumes contractuels de Sonatrach avec l’Espagne soit à travers Medgaz soit en complément en Gaz Naturel liquéfié GNL.
Une fois rassuré par la parie italienne que « ces quantité supplémentaires » n’ont rien à voir avec les approvisionnements espagnols, ces diplomates « lâchent le morceau » pour exprimer leur craintes que cet accord fortement médiatisé ne pèse sur la capacité de l’Algérie à imposer un prix qui changerait la donne des négociations en cours.
L’agence qui a rapporté cette information, déclare avoir interrogé un chercheur principal à l’Institut italien d’études politiques internationales, Matteo Villa qui a soutenu que « depuis deux décennies l’Algérie est un pays exportateurs en déclin. Après des expéditions en baisse de plus de 40% au cours de cette période, la concurrence pour les exportations continuera à ébouriffer les plumes entre les pays de l’Union européenne ».
Or, il s’agit là d’une analyse tout à fait fausse car les chiffes qui sont publiés disent le contraire et les déclins naturels des gisements algériens n’ont jamais perturbé les approvisionnements contractuels de ses clients sauf dans des périodes de maintenance des gisements. Ces quantités sont vite compensées une fois les travaux achevés. S’il s’appuie sur le cas de l’Espagne, il y a eu certes une perturbation en décembre 2021 mais globalement l’année 2021 s’est terminée avec plus de 40% des approvisionnements espagnoles en énergie fossile avec son fournisseur algérien à la première place.
En plus, grâce à ces quantités fournies par Sonatrach sous forme de Gaz naturel ou Gaz naturel liquéfié, elle a surstocké du gaz bon marché selon des chiffres de la société responsable du réseau.
En ce qui concerne le poids de l’Algérie par l’intermédiaire du groupe Sonatrach sur les négociations en cours pour une augmentation éventuelle du prix contractuels, elle est légitime. Pourquoi ? Contrairement à ce qu’a fait Naturgy, son partenaire espagnol en mai 2020, lorsque les prix ont frôlé le « zéro » pour le dividende de ses actionnaires, l’Algérie le fait aujourd’hui parce que la flambée des prix du baril lui fait subir une détérioration du terme de l’échange des produits qu’elle importe de l’Europe où l’inflation a atteint, selon la Banque centrale européenne 7,5%.
Enfin et le plus important, ce qui s’est passé à Alger a été pompé par la presse italienne et espagnole qui ont fait d’un simple « accord » un « contrat » ferme pour approvisionner dans quelques mois une quantité de 9 à 10 milliards de m3 à travers le gazoduc Medgaz. Alors qu’il s’agit d’un mémorandum d’entente sur un package de domaines entre deux pays qui s’entendent bien.
Aucun organe de presse ne dispose dune copie de cet accord-cadre, mais le communiqué de Sonatrach (02) précise son contour sans pour autant citer la moindre quantité de m3. « Cet accord permettra d’accélérer le développement des projets de production en gaz naturel, en conjuguant les efforts des deux sociétés afin d’augmenter les volumes du gaz exportés en utilisant les capacités disponibles du gazoduc Enrico Mattei (Transmed). »
Donc d’abord, il n’est pas question de faire des ponctions sur les approvisionnements des clients de Sonatrach et l’Italie va mettre la main à la poche pour participer au développement par le processus accéléré des travaux ensuite des contrats fermes seront signés pour prélever du gaz y compris la part algérienne. Si l’Espagne est intéressée qu’elle fasse la demande au lieu de pleurnicher la bouche pleine.
Rabah Reghis
Notes
(02)https://sonatrach.com/presse/sonatrach-et-eni-signent-un-accord-dans-le-domaine-du-gaz