Habib Kazdaghli, historien tunisien de renom et ancien doyen de la Faculté des Lettres de La Manouba, se retrouve une nouvelle fois au cœur d’une violente campagne de dénigrement. Cette figure intellectuelle, connue pour ses travaux sur l’histoire contemporaine, les minorités et les mouvements sociaux, dérange — encore et toujours — ceux qui veulent imposer une lecture étroite de l’histoire et de l’université.
Le prétexte ? Une rumeur selon laquelle certains enseignants du département d’histoire auraient envisagé de lui rendre hommage pour l’ensemble de son œuvre académique. Un geste naturel et mérité. Mais qui a aussitôt déclenché l’ire d’un front hétéroclite composé d’islamistes, de nationalistes arabes et de militants d’extrême gauche. Une cabale où se mêlent calomnies, injonctions idéologiques et pressions politiques, visant à étouffer toute reconnaissance envers celui qui incarne une vision libre et inclusive de l’histoire tunisienne.
L’ironie du sort ? Kazdaghli n’était même pas au courant de cette initiative.
Ce n’est pas une première. En 2023, déjà, le Conseil scientifique de sa faculté lui avait retiré son titre de professeur émérite après sa participation à un colloque à Paris portant sur l’histoire des juifs de Tunisie, en présence de chercheurs israéliens. Une participation scientifique aussitôt brandie comme une “trahison”, dans une Tunisie encore prisonnière des réflexes de la suspicion idéologique. Et ce, malgré la position claire et constante de Kazdaghli contre la colonisation et en faveur des droits du peuple palestinien.
En réalité, ce que paie Kazdaghli c’est son indépendance d’esprit et de réflexion. Son refus de céder aux injonctions dogmatiques. Son attachement à une université fondée sur la recherche critique, la diversité des mémoires et l’ouverture sur le monde. Ce sont ces principes qui, aujourd’hui encore, provoquent l’hostilité de ceux qui veulent réduire l’histoire à un instrument de propagande.
À travers lui, c’est toute une conception de la Tunisie moderne et savante qui est attaquée.
Mais Kazdaghli tient bon. Digne, sans jamais se poser en victime. Son combat est celui de la connaissance face à l’ignorance, de l’humanisme face aux fanatismes. Et son engagement, bien au-delà des frontières tunisiennes, rejoint celui de tous les intellectuels maghrébins qui refusent de plier face à la censure, à l’oubli, ou à la peur.
Djamal Guettala