Il y a seize ans, le 2 août 2005, disparaissait Hachemi Chérif, homme politique rare en son genre, dont l’engagement et la clairvoyance continuent de résonner avec force dans le débat algérien. Né dans un pays en pleine construction, Hachemi Chérif s’est imposé comme un acteur majeur dans les années tumultueuses qui ont suivi l’indépendance.
Alors que l’Algérie s’enfonçait dans la violence et le chaos des années 1990, marquées par la montée en puissance de l’islamisme politique et la fragilisation du système politique, Hachemi Chérif a su poser un diagnostic clair et lucide : le mal profond résidait dans la double emprise d’un système rentier corrompu et d’un obscurantisme politique qui menaçait l’unité et l’avenir du pays.
Ce visionnaire politique n’a jamais hésité à appeler à la résistance contre ces deux fléaux. Son combat fut celui d’une « double rupture » : rompre avec le pouvoir oligarchique et son clientélisme, tout en rejetant fermement l’intégrisme. Pour lui, l’Algérie devait s’engager résolument sur la voie de la démocratie, de la pluralité culturelle et du progrès social.
Hachemi Chérif a également été un ardent défenseur de la cohésion nationale face aux tentations séparatistes, dénonçant les risques d’instrumentalisation identitaire et appelant à dépasser les divisions pour construire un projet de société inclusif.
Son héritage politique est aujourd’hui une boussole pour le mouvement citoyen qui a émergé avec force depuis 2019, réclamant un changement profond, pacifique et démocratique. Sa vision d’une transition soutenue par une armée loyale et un peuple conscient des enjeux reste plus que jamais d’actualité.
Au-delà de l’homme politique, Hachemi Chérif était aussi un bâtisseur d’idées, un homme d’une intégrité rare, dont la mémoire est honorée aujourd’hui comme celle d’un homme debout, fidèle à ses principes et à son peuple.
Djamal Guettala