J’avais déjà rédigé dans Le Matin d’Algérie un article sur la déchéance de la nationalité. Un vieux projet de modification du code de la nationalité algérienne qui resurgit. L’Etat algérien s’ennuie car il faut à un régime totalitaire trouver chaque jour une idée qui corresponde à sa nature. Voilà un de ses jouets qui est ressorti du placard.
L’Assemblée Populaire Nationale (APN) vient d’examiner ce 17 décembre, en présence du ministre de la Justice Lotfi Boudjemaâ, une proposition de loi modifiant le code de la nationalité algérienne de 1970.
Le texte, porté par le député Hichem Sifer, prévoit l’introduction de la possibilité de retrait de la nationalité algérienne d’origine aux auteurs de certains faits commis à l’étranger et qui portent gravement atteinte aux intérêts du pays.
C’est vrai que cette possibilité pénale existe aussi en France et dans plusieurs pays dans le monde. Il faut dire que pour le régime algérien, c’était surprenant qu’elle ait été remisée au placard pendant un long moment.
Mais en avait-il réellement besoin ? Il disposait de tellement de jouets qui persuadent beaucoup de ne pas en arriver à bouger le moindre petit doigt.
L’Assemblée Populaire Nationale va donc être gratifiée d’un bout de pain pour lui faire donner le sentiment qu’elle existe et qu’elle a du pouvoir. Vous rendez-vous compte, les députés, représentants de la nation, mandataires de la souveraineté nationale et bla, bla, bla…
Cela va leur donner un hochet pour qu’ils s’amusent car eux aussi s’ennuient. A force de voter sur ordre des lois liberticides de ceci et de cela, le travail devient effectivement une routine ennuyeuse.
Mais si les députés sont portés à l’honneur, nous aussi. Figurez-vous qu’on est visé par le texte proposé. Hichem Sifer, tel un avocat avec des effets de manche et une posture du haut de la tribune à la Jaurès, vociférant le droit, la patrie, les chouhadas et bla, bla, bla…
Il propose, le brave homme, des dispositions pour lutter contre « les attaques flagrantes et manifestes contre les symboles et les fondements de l’État, perpétrées par des personnes de nationalité algérienne « qui s’estiment hors de portée de la loi en raison de la protection dont elles bénéficient auprès de pays connus pour leurs politiques hostiles à l’Algérie ».
Répétons-le, le cadre légal (si on peut exprimer ce mot pour le régime algérien) est le code de la nationalité de 1970 qui n’a pas été abrogé. Dans sa rédaction initiale la déchéance de nationalité ne concernait que les personnes qui avaient acquis la nationalité algérienne. L’acte est qualifié de crime (ou délit selon le cas) contre la sûreté de l’État. C’est dire le nombre de citoyens susceptibles d’entrer dans cette définition puisque même le murmure pouvait être qualifié de crime contre la sûreté de l’État. Inutile de rappeler que les moustaches du colonel, maître de l’Algérie à cette époque, frémissaient au moindre souffle.
Le nouveau projet de 2025 que propose le sympathique Hichem Sifer étend la déchéance de nationalité à toute personne né Algérien et qui commet des actes graves à l’étranger. Mon Dieu, j’y suis !
Enlever à une personne sa nationalité, quelle idée ! Et de me traiter de vendu à la France, j’ai eu la même réaction lorsque de nombreuses personnalités françaises avaient voulu faire resurgir cette lubie envers ceux qui avaient la double nationalité et avaient rejoint les groupes terroristes qui commettaient des crimes envers les citoyens de leur pays. Je parle de la procédure de sanction pénale pas d’une éventualité à ce que je sois terroriste islamique. Je déteste les babouches.
Absolument la même réaction mais, vous, monsieur Sifer et vos amis, vous me fatiguez, c’est tous les jours, pour tout et rien à la fois que vous me cassez les oreilles avec vos menaces. Cette fois-ci, la dernière en date (il y en aura une la semaine prochaine), il s’agit de m’enlever ma nationalité.
Au passage pour le lecteur qui l’ignore, il y a une différence dans la sémantique juridique entre la perte de nationalité et la déchéance de celle-ci. La première est un acte volontaire d’une personne qui en prend une autre. La seconde est une action de l’État qui la supprime à la personne.
Monsieur Hichem Sifer, ce sont mes parents, mon pays et mon amour pour ce dernier qui me l’ont donnée. Ce n’est pas un excité comme vous qui va me l’enlever. Vous êtes bien plus minuscule en comparaison avec mes parents, mon pays et mon amour envers lui.
Me retirer ma nationalité algérienne ? Il faudrait ne pas avoir bu le café le matin de votre proposition pour en venir à des élucubrations de cette sorte.
Calmez-vous, monsieur Sifer, à vouloir supprimer ou modifier ce qu’il est impossible de supprimer ou de modifier, vous allez attraper une tendinite à trop gesticuler.
La preuve, même l’école ne l’a pas réussi pour vous.
Boumediene Sid Lakhdar

