Me Hocine Zahouane, figure emblématique de la lutte pour la liberté et les droits humains en Algérie, est décédé dans la nuit du lundi 17 mars, à l’âge de 89 ans.

« Je l’ai vu lundi dernier à l’hôpital, toujours lucide mais épuisé par une maladie soudaine qui a eu raison de lui », a témoigné Chawki Salhi,  leader de l’Organisation socialiste des travailleurs (OST) et ami du défunt à qui il a rendu un vibrant hommage (*) sur les réseaux sociaux.

Un engagement précoce pour l’indépendance

Dès son jeune âge, Hocine Zahouane rejoint le Parti du Peuple Algérien (PPA) et devient un témoin privilégié du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.

Arrêté peu après, il participe à une grève de la faim des détenus politiques avant de rejoindre le maquis dans sa région natale de Draâ Ben Khedda. Rapidement, il est nommé commissaire politique de la wilaya III.

C’est lui qui rapporte à Krim Belkacem les tragédies liées à l’opération de manipulation coloniale connue sous le nom de « Bleuite », qui a décimé de nombreux cadres de la Révolution.

Un acteur clé de l’Algérie indépendante

À l’indépendance, Hocine Zahouane s’investit activement dans la construction de la Fédération d’Alger du FLN. Il joue un rôle majeur dans le soutien aux initiatives d’autogestion, aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie. Défenseur acharné de ce modèle économique instauré par les décrets de mars 1963, il s’oppose aux tentatives de centralisation et de mise au pas.

Avec Mohamed Harbi, il forme le binôme dirigeant de l’aile gauche du FLN. En 1964, il intègre le Bureau politique du parti, dans le sillage du Congrès de la Charte d’Alger.

Une opposition résolue au coup d’État de 1965

Lorsque le 19 juin 1965, Houari Boumédiène renverse Ahmed Ben Bella, Hocine Zahouane rejoint la résistance en cofondant, avec Mohamed Harbi, Bachir Hadj Ali et Abdelhamid Benzine, l’Organisation de la Résistance Populaire (ORP). Il en devient le porte-parole, insistant toujours sur le caractère provisoire de cette fonction.

La répression impitoyable qui s’abat sur les cadres et militants de l’ORP entraîne son démantèlement. Arrêté et placé en résidence surveillée dans le sud du pays, Hocine Zahouane s’évade en 1973 avec Mohammed Harbi et trouve refuge en Europe.

Combats pour les droits humains

De retour en Algérie dans les années 1980, il s’installe comme avocat et devient un défenseur acharné des prisonniers politiques, notamment ceux incarcérés à Berrouaghia.

Tout au long des décennies suivantes, il poursuit son engagement en faveur des droits humains, d’abord comme vice-président puis président de la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LADDH). Il s’impose comme une voix forte, refusant de céder aux pressions et aux influences étrangères.

Un militant anti-impérialiste et fidèle à ses idéaux

Hocine Zahouane demeure un anti-impérialiste inébranlable, dénonçant les agressions contre Gaza et la destruction de la Libye. Son refus de se plier aux discours dominants lui vaut des inimitiés internationales, mais il reste fidèle à ses convictions.

Se revendiquant toujours de gauche, il se considérait avant tout comme un militant au service des travailleurs et des masses populaires. Il rêvait d’une Ligue Populaire où les droits naturels primeraient sur les libertés formelles.

Hocine Zahouane laisse derrière lui un héritage de lutte et de résilience. Son engagement indéfectible pour la justice sociale et la dignité humaine restera gravé dans la mémoire collective des Algériens.

La rédaction

*) Éléments biographiques tirés de l’hommage rendu par Salhi Chawki au défunt militant sur les réseau sociaux m.

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