14 mai 2025
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« Houris », les éditions Gallimard dénoncent « la déformation de l’histoire »

Les éditions Gallimard défendent le roman « Houris » de Kamel Daoud, visé par des mandats d’arrêt internationaux et s’indignent des parallèles faits avec la vie de Saada Arbane.

La maison d’édition Gallimard a dénoncé mardi les « parallèles forcés ou inexacts » établis entre l’intrigue du roman Houris de l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, récemment couronné par le prix Goncourt 2024, et la vie de Saâda Arbane, une Algérienne qui l’accuse d’avoir utilisé sans autorisation son histoire personnelle, marquée par la guerre civile.

Dans un communiqué, l’éditeur affirme que ces analogies supposées – qu’il s’agisse « de tatouages, d’un quartier, d’une plage ou d’un lycée d’Oran, ou encore d’un avortement » – relèvent d’une « déformation de l’histoire du livre » et ne permettent en rien de faire passer Houris pour « une biographie ou une auto-fiction ».

Gallimard insiste sur le caractère fictionnel de l’œuvre, présentée comme le fruit d’un travail d’imagination nourri « de personnages et d’événements empruntés au vécu de Kamel Daoud et à des faits historiques et criminels connus ». Ces sources d’inspiration, selon la maison d’édition, relèvent de la liberté de création reconnue par la jurisprudence française, et ne touchent pas à la vie privée.

Cette défense intervient dans un contexte juridique et politique tendu : Kamel Daoud fait l’objet de deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie, en plus d’une plainte et d’une assignation déposées en France. L’écrivain a dénoncé lundi, dans une déclaration au Figaro, une « forme de persécution judiciaire ».

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Son avocate, Me Jacqueline Laffont, a évoqué un acharnement médiatique et judiciaire, visant selon elle à discréditer l’œuvre et l’intégrité de son client à partir d’un « récit biaisé et d’une présentation inexacte des faits ». Elle a également comparé la situation de Daoud à celle de Boualem Sansal, un autre écrivain franco-algérien détenu à Alger depuis novembre.

Concernant les accusations de Saâda Arbane, Me Laffont soutient que l’histoire de cette survivante de la décennie noire avait été rendue publique bien avant la parution de Houris, notamment par la mère de Mme Arbane. Elle affirme également que cette dernière n’est « malheureusement pas la seule survivante mutilée de la guerre civile algérienne », ni la seule à avoir échappé à une tentative d’égorgement.

Enfin, l’avocate rejette toute idée de violation du secret médical, rappelant que Houris s’inspire aussi d’enquêtes journalistiques et de témoignages liés à cette période sombre, que Kamel Daoud a couverte en tant que journaliste.

De son côté, Saâda Arbane a déclaré à l’AFP vouloir « faire reconnaître un préjudice réel et très grave ».

Rabah Aït Abache

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