18 mai 2024
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Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune !

TRIBUNE

Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune !

Tu ne gouverneras point ! Tu tueras, tu emprisonneras, tu dilapideras,  tu copineras, tu exploiteras… Ainsi sont les sanguinolentes catéchèses de gouvernance tirées de la longue et rigoureuse tradition présidentielle en Algérie.

Une tradition qui remonte au premier coup d’État tonitruant à l’encontre de Ben Bella jusqu’à la toute dernière intronisation de Tebboune comme chef de l’Etat. Un chef d’État désigné par ses chefs au passé jalonné par les coups d’État. Un chef d’État qui, déjà en 2017, faisait figure de plan B pour le régime, savamment concocté en catimini par le frère Saïd avec le soutien de la haute hiérarchie militaire qui, à l’époque, n’était qu’une piteuse feuille d’origami sur laquelle s’assoyait Saïd et sa famille.

Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune, parce que, même dans le déroulement de la cérémonie, l’imposture était saisissante, machiavélique et habilement jouée. Entre le premier juge, qui se débattait, au sens physique du terme, avec les mots et le florilège d’article qu’il débitait avec fougue que l’on croirait presser de rentrer chez lui, et le deuxième préposé à l’ assermentation qui, dans un glissement sémantique des mots, a failli commettre une boutade lourde de sens, en trébuchant entre Abdelaziz et Abdelmadjid, tout porte à croire que la scénographie était bel et bien celle qui devait servir à reconduire Bouteflika à la tête de l’Etat.

Certes, ils nous ont épargné un cinquième mandat, mais, comme dans les romances qui se terminent bien, l’intrigue a voulu qu’ils nous livrent, vers la toute fin, les accolades chaleureuses, voire amoureuses, entre les différents scénaristes, militaires et civiles  rassemblés, et Abdelmadjid Tebboune, leur huitième lauréat de la palme d’or de président sans réel pouvoir de décision.

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Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune, parce qu’au sein même de l’assemblée présente lors de son intronisation, une bonne partie du tiers présidentielle de son mentor Bouteflika, ainsi qu’un nombre indéfini des apparatchiks de l’Etat, des hommes aux longs couteaux jusqu’au plus insignifiant des véreux, applaudissaient en chœur le nouveau film, alors que le peuple, dans la rue comme dans les urnes, criait au crime.

Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune, parce qu’il ne représente absolument pas le peuple, encore moins sa jeunesse et ses aspirations. Il est insignifiant comme ce vide viscéral, qui s’est insinué entre le rêve légitime d’un peuple pour la liberté et de justice sociale et la sourde oreille d’un régime qui ne veut gouverner que par l’imposture et la fraude. Tebboune en est une de ces voraces impostures. Il l’est par un scrutin, dont la participation n’a pas dépassé les 8%, et dont l’abstention, jamais encore observée dans les annales du pays, est considérée, par l’ensemble de la communauté internationale, comme l’affront jamais essuyé par ce régime aux abois.  Même la France, connue pour son soutien inconditionnel au régime militaire d’Alger, prend acte, pendant que le peuple, dans un désaveu massif, paraphe le énième acte contre la pègre et s’impose comme le seul souverain qu’aucune junte ne soumettra.  

Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune , parce que dans aucun livre d’histoire , aucune épopée de résistance citoyenne, il ne figure comme un de nous, un du peuple, de sa souffrance,  de son abnégation, de son insoumission et de son martyr. Le peuple souverain ne veut plus être une simple périphrase sur les lèvres d’un président lisant machinalement un discours préfabriqué, un discours que l’on oubliera, une fois leurs facéties finies et qu’ils se mettront, comme à l’accoutumée, à démonter le pays. 

Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune, parce qu’il n’y aura plus de place dans les prisons pour mettre sous scellé la volonté du peuple de se libérer. Ils ne pourront bourrer les geôles indéfiniment comme ils bourrent les urnes impunément. Il sait qu’il n’a pas les attributs physiques de son prédécesseur, un pouce plus grand que napoléon, et encore moins les attributs intellectuels d’un aspirant à la chefferie, tambourinant son discours au rythme des bottes qui augurent la dance et font valser l’innommable.

Il ne gouvernera point, Monsieur Tebboune, parce que depuis plus de dix mois, le peuple est entré en résistance, le peuple est dans la résilience, le peuple est inéluctablement dans l’existence.

Auteur
Mohand Ouabdelkader   

 




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