23 avril 2024
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« Indigènes » en France, « indigents » en Algérie

socialisme

Avec la colonisation, l’Algérie s’est trouvée défigurée urbanisée au nord sans industrie créatrice d’emplois, concentrée sur la bande côtière sans agriculture vivrière, centralisée dans la décision, ignorant la population autochtone, et tournée vers la métropole par l’exportation des hydrocarbures et ouverte à l’importation de produits de subsistance.

Ce schéma d’aménagement du territoire initié par De Gaulle dans sa politique de pacification sera poursuivi et amplifié par l’Algérie indépendante dans sa politique d’industrialisation et d’urbanisation à marche forcée. La reprise du plan de Constantine en est la preuve évidente.

Industrialiser la bande côtière cultivable relativement bien arrosée et se rapprocher de la métropole pour remplir son couffin. Le regroupement des populations dans les villes permettant de mieux les contrôler en est un autre exemple. 

Le transfert du pouvoir perpétuait indirectement le système de dépendance économique et culturelle vis-à-vis de la métropole. En imposant des institutions dont la logique de fonctionnement était radicalement opposée à celle de la société algérienne, et en refoulant l’islam dans le domaine privé pour en faire une valeur refuge des déshérités, le colonisateur préparait en fait la société postcoloniale à l’échec de la modernisation.  Une modernisation menée par l’Etat post colonial sans mobilisation de la nation dans la création de richesses et sans sa participation dans la prise de décision. Le nationalisme s’est révélé qu’un acte illusoire de souveraineté.

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L’indépendance politique n’avait pas suffi à elle seule à briser les liens de dépendance tissés à travers 132 ans de colonisation. L’Algérie est un bateau qui chavire. Elle navigue au gré des vents sans boussole et sans gilets de sauvetage sur une mer agitée à bord d’une embarcation de fortune dans laquelle se trouve de nombreux jeunes à la force de l’âge, serrés comme des sardines, à destination de l’Europe, ce miroir aux alouettes, pour finir soit dans le ventre des poissons soit avec un peu de chance chez mère Theresa implorant la charité chrétienne pour le gîte et la nourriture en attendant des jours meilleurs sur une terre qui n’est pas la leur et où ils ne sont pas les bienvenus, fuyant un beau pays arrosé du sang des martyrs béni de dieu, riche à millions et vaste comme quatre fois la France, qui sacrifie l’avenir de ses enfants et de ses petits-enfants pour un verre de whisky, une coupe de champagne, ou un thé à la menthe.

La construction d’un Etat national d’inspiration de la mystique soviétique a permis aux dirigeants algériens d’occulter au nom de l’idéologie socialiste ses apparences avec le modèle colonial français, c’est-à-dire un Etat national comme héritier de L’Etat colonial français. L’Etat français dont les soubassements religieux et idéologiques sont passés sous silence. L’Etat français est le produit de l’histoire du moyen âge et de la religion catholique romaine. 

L’Etat providence s’est mis à la place du « Dieu chrétien ». Cette logique centralisatrice qui tend à l’uniformisation de la société s’appuie sur une survalorisation d’un fond culturel gréco-romano-chrétien, s’oppose à la logique de la société algérienne laquelle est plurielle, obéissant à d’autres représentations, et à un autre modèle de souveraineté. En France, c’est le roi avec l’appui du clergé qui s’est imposé aux seigneurs féodaux. Cet Etat providence vise à substituer à l’incertitude de la providence religieuse, la certitude de la providence étatique.. Le pouvoir a cherché à légitimer sa domination en accueillant toutes les revendications économiques contradictoires des groupes sociaux en présence, mais il n’a jamais accepté aucune initiative autonome de la part de ces derniers.

Il a nié, au nom du développement économique et de l’unité nationale, le conflit social et a repoussé grâce à la rente énergétique et à l’endettement, les conditions d’émergence d’une économie moderne, refusant de s’appuyer sur les forces sociales en éveil. Pourtant l’Etat moderne ne peut exister sans une économie de marché et sans une société démocratique. Il nous semble qu’il est difficile de combiner une économie totalement indépendante avec un pouvoir tout à fait impuissant, comme il n’est pas possible d’imaginer la promotion d’une économie de marché avec un pouvoir féodal autoritaire monopolisant le maximum de ressources nationales.

Le fait que les recettes pétrolières vont pour l’essentiel au gouvernement qui décide de leur répartition et de leur affectation, fait en sorte que le revenu est moins perçu comme la contrepartie d’efforts productifs que comme un droit dont on peut jouir passivement du moment qu’il est octroyé en dehors de la sphère interne de la production.  Dans ce cas, le risque est grand de voir les bénéficiaires de la rente se désintéresser de toute activité réellement productive. Les grèves sporadiques ne sont que les symptômes d’un cancer généralisé sans traitement adéquat faute de médicaments tributaires des importations.

La problématique se résume dans ces deux hypothèses : le maintien en vie artificiellement d’un régime politique atteint d’un cancer généralisé au pronostic sombre  et le suicide collectif d’un peuple jeune pacifique civilisé traversant la méditerranée à la nage  dans l’indifférence totale du monde dit « libre et civilisé » discourant sur la démocratie et des droits de l’homme tout en riant sous cape en se disant tout bas, ce ne sont pas des êtres humains, ce sont des bestioles qu’il faut se débarrasser sans se salir les mains, sachant que dans un Etat de « droit », où nul n’est censé ignorer la loi.

Le sage s’interroge, de quelle loi s’agit-il, celle de la raison ou celle du cœur ? « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas » nous dit Blaise Pascal. C’est un bienfaiteur de l’humanité. A son époque c’était la monarchie, le roi, un être humain fait de chair, de sang et d’émotion ;  il était sensible aux doléances de ses sujets (le peuple réclame du pain, il lui propose des brioches !!!) : aujourd’hui c’est la République des droits de l’homme et du citoyen, une entité abstraite, une fiction juridique qui a inventé la raison d’Etat comme si l’Etat avait une raison. « la raison d’Etat est une raison mystérieuse inventée par la politique pour autoriser ce qui se fait sans raison » Saint Ecrèment.

Hier, la citoyenneté française contre le renoncement à l’islam, Aujourd’hui, l’acceptation la présence sur le sol français est conditionné au renoncement à soi, à ses origines, à son identité, à ses traditions, bref perdre sa qualité d’être humain pour se métamorphoser en un animal domestique.

Brigide Bardot dirait « vos animaux ne sont pas responsables du virus, cessez de les abandonner » en pleine pandémie du covid-19.! La colonisation est un crime contre l’humanité, la décolonisation la continuité de la politique par d’autres moyens, la civilisation est un produit de l’histoire, le développement une affaire de peuples, les peuples n’existent que pour se connaître et s’entraider. Les peuples construisent des ponts. Les Etats bâtissent des murs,

Dr A. Boumezrag

 

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