C’est par un cinglant communiqué que la présidence, version Abdelmadjid Tebboune, a achevé cette journée de samedi commencée par l’annonce de la désignation d’un ancien cadre du FLN au Premier ministère.  

Bonjour l’ambiance ! Les friands de scoops et d’informations de première main n’ont plus qu’à bien se tenir. Ils sont avertis : plus de place aux informations exclusives autres que celles qui passent par le très officiel canal de l’Agence presse service. 

« L’information officielle est rendue publique à travers des communiqués de la Présidence de la République publiés par l’Agence Algérie presse service (APS) », annonce sans rire la Direction de la presse et de la communication de la Présidence de la République. Puis embraye avec un avertissement qui ne souffre aucune nuance : « Toute information rapportée en dehors de ce canal est à classer dans la case de la propagande et la désinformation ». Voilà qui nous plonge dans les années très rieuses du colonel Boumediene.

Nous voilà affranchis de la quête de sources ou de croisement parfois difficile des informations. Plus la peine de chercher leurs sources, les journalistes seront épargnés de l’effort de faire de l’investigation, il n’y a plus qu’un seul donneur d’ordre, avertit sentencieusement la présidence : c »est le service communication. 

Les journalistes impertinents qui chercheraient à diffuser des informations « au titre de scoop ou dans le but de faire accroire à l’opinion publique à une proximité de la source d’information sans respect des lois de la République et des règles de la déontologie » s’exposeront « aux peines prévues par les lois de la République ».

La loi est pourtant claire et ne méritait pas d’être rappelée. Mais en matière de liberté de la presse, on a connu mieux. Les journalistes sont sentencieusement invités donc à avaler leur plume et à calmer leur impertinent au risque de subir la loi d’airain.

Mais ne paniquons pas ! Le communiqué dont la tonalité vaut particulièrement une mise en garde qui ne souffre aucune plaisanterie ajoute que « le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, avait annoncé la tenue de rencontres périodiques avec la presse pour expliquer la situation générale, requérant la pondération et la sérénité, pour répondre à toutes les questions de la presse ».

La promesse de raouts réguliers où les journalistes seront conviés par le service de communication de la présidence à poser poliment leurs questions est couchée noir sur blanc. Mieux encore ! La Direction de la presse et de la communication ajoute que « l’accréditation prochaine de journalistes de différents médias pour la couverture des activités présidentielles, sans distinction ou exclusion aucune ». Cette dernière partie du communiqué est sans doute adressée à la presse électronique peu prise au sérieux par les autorités jusqu’à présent. 

Qui a dit que rien n’a changé ? Si la méthode valait une volonté de mise en place de nouvelles moeurs, c’est plutôt raté !