Dimanche 6 septembre 2020
Instagram désactive temporairement des comptes de journalistes de «Charlie Hebdo»
La dessinatrice Coco et la journaliste Laure Dassy avaient voulu partager le numéro de « Charlie » paru mercredi, dans lequel ont été republiées les caricatures de Mahomet.
Censuré ou pas Charlie hebdo par Instagram ? Deux comptes Instagram de journalistes de « Charlie Hebdo », qui avaient mis en ligne la une de l’hebdomadaire avec la reproduction des caricatures de Mahomet, ont été temporairement désactivés dimanche 6 septembre.
« Ces comptes ont été supprimés par erreur. Nous les avons rétablis dès que nous en avons eu connaissance, et nous nous sommes excusés », a déclaré à l’AFP Mélanie Agazzome, directrice de la communication d’Instagram pour la France et l’Europe du Sud. Il suffit d’un signalement pour qu’un compte soit désactivé, et ces comptes avaient été signalés.
Le compte Instagram de « Charlie Hebdo » « n’a pas été fermé, n’a fait l’objet d’aucune censure, et certains membres ont partagé les caricatures », se défend encore Mélanie Agazzome.
La dessinatrice Coco et la journaliste Laure Daussy s’étaient plaintes sur Twitter que leurs comptes Instagram aient été désactivés après avoir rediffusé la couverture de leur journal, qui avait reproduit mercredi les caricatures de Mahomet publiées en 2006.
« Tout est rétabli. Il est possible que des signalements massifs de la couv’ aient fait suspendre les comptes Instagram automatiquement », a tweeté Coco en milieu de journée.
« Le droit au blasphème ne peut être amoindri », a rappelé dimanche la ministre de la Culture Roselyne Bachelot, interrogé dans le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.
« Le droit au blasphème est un droit dans la République française laïque : nous devons nous battre pour qu’il soit respecté », a-t-elle martelé, alors que s’est ouvert mercredi le procès des attentats de janvier 2015, qui a notamment frappé le journal satirique.
Le procès des ombres
Le dossier des attentats de janvier 2015, comprenant la tuerie à « Charlie Hebdo », le meurtre d’une policière à Montrouge et l’attaque de l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, est jugé à partir du 2 septembre devant une cour d’assises spéciale à Paris.
Le procès doit durer dix semaines. Les tueurs (les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly) sont morts sur les lieux de leurs crimes, mais les 14 accusés (dont 3 absents, portés disparus en Syrie) sont suspectés d’avoir favorisé leurs actes. Seul Ali Riza Polat est poursuivi pour complicité. Les autres sont accusés d’avoir participé à des trafics en tout genre dans une nébuleuse qui, en droit, constitue une « association de malfaiteurs terroriste ».
Face à ces « ombres », 197 personnes se sont constituées partie civile, en leur nom ou au nom de l’un des 17 disparus (12 à Charlie, 1 à Montrouge et 4 à l’Hyper Cacher). L’événement mobilisera 90 avocats (de la défense ou des parties civiles) et des dizaines de témoins. Filmés à titre exceptionnel (pour constituer des archives historiques uniquement), les débats seront suivis par une centaine de journalistes du monde entier. C’est un magistrat expérimenté de 65 ans, Régis de Jorna, qui les conduira. Il a déjà présidé plusieurs procès de mafieux corses et celui du terroriste Carlos.