Dans la nuit du 26 au 27 juillet, des unités de la marine israélienne ont intercepté le navire civil Handala, qui tentait de briser symboliquement le blocus imposé à la bande de Gaza depuis 2007. L’opération, survenue dans les eaux internationales, a été dénoncée comme un acte de piraterie maritime par plusieurs ONG et organes de presse arabes.
Le navire transportait à son bord 21 passagers civils – militants des droits humains, journalistes indépendants, médecins et membres d’organisations humanitaires – ainsi qu’une cargaison d’aide symbolique : médicaments, lait infantile et matériel médical. Depuis l’abordage, toutes les communications ont été coupées, et le sort exact des passagers reste incertain.
Une attaque ciblée, dans le silence des États
L’information a été confirmée au matin du samedi 27 juillet par plusieurs sources fiables, notamment l’agence Anadolu, la chaîne Al Jazeera (liveblog), et le collectif Freedom Flotilla Coalition, organisateur de la mission. D’après leurs témoignages, le navire avait quitté les côtes de la Méditerranée orientale la veille au soir. L’abordage est intervenu en haute mer, vers 3 heures du matin (heure de Gaza).
Peu après l’assaut, le livestream diffusé par les militants a été brusquement interrompu, puis tous les appareils d’enregistrement et moyens de communication confisqués. Les membres de la flottille n’ont plus donné signe de vie depuis, suscitant une inquiétude croissante dans leurs pays d’origine.
Une mission pacifique, une répression brutale
Baptisé Handala, en hommage au personnage du caricaturiste Naji al-Ali, le navire faisait partie d’une série de missions civiles engagées dans la dénonciation du blocus de Gaza. Loin de toute provocation armée, la flottille avait pour seul objectif de porter assistance symbolique à la population gazaouie et d’alerter l’opinion internationale.
Dans un communiqué publié ce samedi matin, le collectif Freedom Flotilla Coalition a dénoncé un acte de guerre contre des civils désarmés, qualifiant l’assaut de « violation manifeste du droit maritime international ». L’ONG rappelle que le navire se trouvait en dehors des eaux territoriales israéliennes, et ne représentait aucun danger.
Droit international ignoré, impunité maintenue
Selon les conventions internationales sur la navigation en haute mer, une attaque contre un navire civil en dehors des eaux territoriales constitue un acte illégal, susceptible d’être qualifié de piraterie d’État. Plusieurs juristes arabes et membres d’ONG affirment que l’interception du Handala rappelle les précédents de 2010, notamment celui du navire Mavi Marmara.
Dans un communiqué publié ce matin, le gouvernement de Gaza a appelé à la libération immédiate des passagers, tout en exhortant les instances internationales à prendre des mesures concrètes pour protéger les convois humanitaires à destination de la bande de Gaza.
Réactions populaires, silence diplomatique
Alors que les États occidentaux restent muets, les réactions se multiplient du côté de la société civile. Des rassemblements sont déjà annoncés à Tunis, Istanbul, Beyrouth, Oslo et Marseille, à l’appel de plusieurs collectifs de soutien à la cause palestinienne. Des messages de solidarité avec l’équipage circulent massivement sur les réseaux sociaux, où le hashtag #FreeHandala s’impose dans les tendances.
Une mer bouclée, des peuples éveillés
Ce nouvel épisode confirme une réalité brutale : le siège de Gaza ne se contente pas de bloquer des vivres, il tente aussi d’encercler les solidarités. En capturant un navire désarmé, avec pour seules armes des caméras, des stylos et des médicaments, Israël vise un objectif clair : étouffer le témoignage.
Mais la mer, comme la mémoire, conserve les traces. Et ce sont souvent les embarcations les plus modestes qui réveillent les consciences les plus larges.
Djamal Guettala avec agences