21 novembre 2024
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ISTN : Rendez-vous avec la mort (5)

Air Algérie

– Oh ! Dda Ibrahim, que se passe-t-il ? Tu as raté ton vol ? lance Hamid quand il rentre et aperçoit son pote, les coudes sur la table, la tête entre les mains, perdu dans sa mélancolie, face à trois canettes de bière vides.

– Non, ce n’est pas ça Hamid, je suis sous le coup d’une ISTN.

– Houla, ils ont osé ouled lahram ! (Enfants illicites) C’est vrai que nous avions évoqué cette éventualité entre deux blagues mais j’étais loin de penser qu’ils t’empêcheraient de rejoindre ta famille. Tu leur as expliqué ta situation ? Tu leur as dit que ta femme est handicapée et que personne d’autre ne peut s’en s’occuper ?

– Non, on ne m’a rien laissé dire. On m’a renvoyé sine die chez moi en…Kabylie. Et on ne m’a même pas expliqué ce que je dois faire et où me rendre pour avoir plus de détails. On te laisse suspendu à tes inquiétudes et te font sentir que tu n’es qu’un moins que rien.

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– Bon, écoute, déjeunons et on verra ! J’ai un ami à la PAF qui pourra certainement nous en dire plus, mais il ne bosse pas les vendredis. Je l’appellerai demain.

– Manger ? tu n’y penses pas ! Il n’y a plus de bière, il faut aller en racheter. Et comme tu le dis si bien, j’ai envie de manger liquide.

– Tu as oublié que c’est vendredi. C’est le jour du tarawih, (grande prière du jour saint) même les magasins hallal sont fermés. Pour les débits de boissons, n’en parlons pas.

ISTN : Rendez-vous avec la mort (4)

– Tu n’as pas d’amis qui pourraient nous dépanner ? Je peux les payer en euros, s’ils le veulent.

– Tu sais bien que je suis le dernier des Mohicans. Tous mes amis sont, en ce moment même, en train de s’agenouiller à la gloire du berger d’Arabie. Quoique, Kamel Mesbah pourrait nous dépanner. Laisse-moi avaler quelques bouchées et on l’appelle.

Le repas terminé, Hamid prend son téléphone. À l’autre bout, Kamel. Les salamalecs d’usage terminés, Hamid n’ose pas solliciter son ami directement :

– Attends, je te passe Ibrahim, il a quelque chose à te demander.

– Allo Kamel…

– Mais, tu ne devais pas repartir ce matin ?

– Si ! on m’a renvoyé de l’aéroport. Je suis sous le coup d’une ISTN.

– C’est quoi cette cochonnerie, encore ?

– Écoute Kamel, tu n’aurais pas quelques bières pour nous dépanner ce soir ?

– Ah non, de la bière non, mais il me reste encore un peu de vin et un fond de bouteille de whisky, si ça vous tente.

– Même le zambreto (Mélange d’alcool à brûler (ou autre alcool méthylique) et de limonade ou autre type de soda, consommé en particulier par les jeunes fauchés) n’est pas de refus. On peut passer les récupérer ?

– Oui bien sûr, après le tarawih pour vous éviter des problèmes inutiles avec la police des mœurs. Quand il s’agit d’alcool, tout musulman se croit investi d’une mission divine pour débusquer ceux qui en consomment.

– Ok, on prendra le tram et le métro…(à suivre)

Kacem Madani

ISTN : rendez-vous avec la mort (3)

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