L’Italie est une nouvelle fois confrontée à la vulnérabilité de ses journalistes d’investigation. Jeudi soir, une bombe a explosé devant le domicile de Sigfrido Ranucci, journaliste et figure emblématique de Report sur RAI3, endommageant gravement sa voiture et celle de sa famille.
Heureusement, aucun blessé n’est à déplorer, mais l’attaque, survenue à Pomezia, rappelle la menace constante qui pèse sur ceux qui enquêtent sur le crime organisé et la corruption politique.
Le choix de la date n’est pas anodin : l’attentat survient exactement huit ans après l’assassinat de Daphne Caruana Galizia, journaliste maltaise tuée par un véhicule piégé. Ce lien implicite entre les deux événements souligne l’ampleur et la persistance des risques auxquels sont exposés les journalistes d’investigation en Europe.
Ranucci vit sous protection policière depuis 2014, en raison de ses enquêtes sur la mafia calabraise et des réseaux de corruption qu’il a mis au jour. L’attaque contre lui ne touche pas seulement un individu : elle frappe un symbole de la liberté de la presse. Le parquet antimafia a ouvert une enquête, et la classe politique italienne, de Giorgia Meloni à Elly Schlein, a unanimement condamné l’acte, mais la riposte ne saurait se limiter à la dénonciation.
Ce nouvel attentat met en lumière plusieurs problématiques structurelles : la montée des menaces contre les journalistes, la capacité des organisations criminelles à frapper en toute impunité, et la dégradation continue de la liberté d’informer en Italie, désormais classée 49e au niveau mondial. Cette attaque rappelle que le combat pour un journalisme libre et sécurisé est loin d’être gagné, et que chaque enquête sur la corruption ou la mafia peut mettre en jeu des vies. Une donne que tout journaliste d’investigation doit prendre en considération.
Cette attaque est aussi un signal d’alarme pour l’ensemble de l’Europe : la sécurité des journalistes et la protection de la liberté d’expression restent des enjeux cruciaux. Derrière les déflagrations matérielles se cache un message clair : enquêter sur le pouvoir, qu’il soit politique ou criminel, demeure dangereux. Et pourtant, des journalistes comme Ranucci continuent de tenir la ligne, à l’image des résistants d’aujourd’hui, décidés à faire éclater la vérité malgré les risques.
Djamal Guettala
Ailleurs c’est l’infiltration, puis ailleurs encore c’est le licenciement tout court ou al-harrach. La question est avez-vous encore trouve’ le ou la RATON chez-vous ?