L’Argentine au bout du gouffre et de la banqueroute financière vient d’élire un fou furieux à la Présidence du pays. Après Maduro, Bolsonaro ou Trump, nous avions cru au pire, mais voilà un énergumène des plus profondément atteints d’une maladie psychiatrique.
Son surnom d’El loco (le fou) est sur toutes les bouches y compris en Argentine. Professeur en économie et ancien député ce fantasque personnage a réussi à galvaniser une majorité du peuple avec ses slogans aussi simplistes que délirants.
Un homme atteint de démence
Son comportement pose de sérieuses questions sur son état mental. Il est grossier et violent, clownesque et débordant d’une énergie incontrôlée dans la démesure. Il tient des propos hors de la raison et présente un profil plus qu’inquiétant.
Il avait affirmé qu’il parlait à son chien mort et que celui-ci lui avait fait promettre d’être Président de l’Argentine.
Au journal argentin La Nation il avait déclaré, sans aucune trace d’humour, qu’il avait été un gladiateur il y a deux mille ans combattant le lion Conan dans le Colisée. Un combat qui se serait terminé par une union entre les deux, symbole d’une annonce victorieuse aux présidentielles, avec le haut soutien de « l’Unique » tel qu’il nommait Dieu.
Lors d’un entretien avec un journaliste il a affirmé qu’il était en contact régulier avec « l’Unique » qui lui aurait montré des expériences qui sont au-delà de toutes explications scientifiques.
Mais ce n’est pas tout, lors d’une émission télévisée il s’exclame « Pouvons-nous demander qu’on arrête de marmonner derrière la caméra ? Parce qu’il est très difficile de parler avec autant de gens qui parlent. ”. Les journalistes, comme les techniciens et les centaines de milliers de personnes qui ont vu la vidéo témoignent qu’ils n’avaient entendu aucun chuchotement.
Javier Milei entend peut-être des voix pour le pousser à aller sauver l’Argentine comme Jeanne d’Arc les avaient entendues pour libérer la France du joug des Anglais.
Dans son escalade inouïe il insulte le Pape François, dans un pays profondément catholique et pour lequel le Pape François, un argentin, est la grande fierté du pays. « « Le Pape, je vais vous le dire en face, c’est le représentant du diable sur Terre » et pire encore « Il faut lui expliquer à cet imbécile qui est à Rome, lui qui défend la justice sociale, qu’il sache que c’est du vol et que ça va à l’encontre des commandements ».
Plus abject dans la grossièreté, il s’adresse au Pape avec ces mots obscènes sur les réseaux sociaux qu’il assume entièrement « « ce fils de p… de gauche qui prêche le communisme dans le monde entier ».
Et un nombre incalculable de fois où il s’est montré violent face à des journalistes.
Avec cette dernière sortie et les mots prononcés, nous devinons le positionnement politique de Javier Melei que nous expliciterons plus loin. Pourtant l’énorme ferveur de ses partisans avaient fait passer ces frasques dans l’oubli. Ce n’est qu’en revoyant les vidéos et relisons certains passages que nous réalisons de l’énormité de la situation pour laquelle les électeurs de Javier Milei sont restés sourds.
Mais l’image la plus burlesque est celle de « l’homme à la tronçonneuse ». Dans tous ses meetings Javier Milei portait à la main l’objet impressionnant en répétant le slogan majeur de la campagne « Je m’engage à tronçonner l’État ! ».
Pour le reste il suffit de paraphraser tous les slogans de Donald Trump et de Bolsonaro pour avoir la panoplie des arguments de Javier Milei, des plus irréels jusqu’aux plus racistes.
Et c’est là où il faut en venir au programme politique du candidat, ce qui se devinait avec tout ce qui vient d’être dit.
Un libertaire de droite
Javier Milei est un libertaire de droite dans une option marquée par la démesure. Nous savons ce que sont les libéraux de droite si nous prenons le mot libéral dans son sens économique. Dans son sens politique et historique il n’est pas si négatif car il se réfère à un certain humanisme économique. Mais libertaire de droite suppose une action avec violence s’il le faut pour détruire le système tel qu’il est. Les libertaires de gauche ont également un objectif révolutionnaire.
L’homme est un fervent partisan de la destruction de tout ce qui s’apparente à l’Etat. Il veut éliminer tous les ministères et les budgets sociaux et culturels. Ils sont la plaie de l’Argentine, ses dépenses qui la ruinent et l’empêche d’agir en faveur du peuple, ne cesse-t-il de « hurler » aux foules.
Qui n’a pas reconnu le langage et les objectifs de Donald Trump ne peut se rendre compte de la copie, en version plus exubérante encore.
Tout ce qui est politique sociale est pour lui le diable, la charité (selon sa définition du social) étant incompatible avec une société forte emmenée par un leader déterminé vers la prospérité et la puissance.
Voilà l’explication des insultes envers le Pape François qui, par sa fonction symbolique, représente tout ce que Javier Milei rejette pour son pays et jure de mettre à bas.
Puis la dernière des propositions qui ne fait plus rire du tout tant ses conséquences seraient cataclysmiques pour l’avenir du pays. Javier Milei veut supprimer la Banque centrale et faire du dollar américain la monnaie nationale.
C’est l’assurance absolue d’une totale perte de souveraineté nationale avec une certitude de catastrophe économique. Le Salvador et Panama ont sont les meilleurs exemples. Pour un nationaliste comme Javier Milei c’est tout simplement une contradiction, un reniement total de ce que prône la doctrine nationaliste.
Un populiste caricatural
Mais pourquoi donc la majorité du peuple argentin a foncé tête baissée vers ce mirage si rocambolesque de paroles vulgaires et psychiatriques ?
Pour la même raison depuis des siècles où le populisme a régné sur l’humanité, sa forme actuelle étant née dans la première moitié du vingtième siècle.
Le populisme est le fait de dénoncer à la vindicte du peuple les responsables que sont les « élites », qu’elles soient politiques ou économiques. Le populiste est celui qui dénonce en eux « l’ennemi intérieur du peuple ». Ils sont les coupables de tout et le populiste se présente comme « l’homme providentiel », celui qui va les chasser avec force.
Le populiste va toujours apparaitre lors des grosses crises économiques et la grogne des populations. Et c’est justement ce qu’il s’est passé car le peuple argentin voulait se débarrasser du pouvoir péroniste qui régnait depuis si longtemps et qui a emmené le pays à la catastrophe, notamment par sa corruption .C’est une réalité incontestable.
Le populiste connaît son moment, il est toujours à l’affut de cette situation. Javier Milei l’avait compris.
Le populiste développe alors des slogans qui ont cette particularité d’être courts, simples et répétés à longueur de discours. Le message est manichéen, le bien contre le mal. Argumenter par des développements aussi simplistes permet de toucher la cible la plus large possible.
Voilà le chemin que prend notre monde de plus en plus attiré par une illusion du progrès et de la puissance. C’est d’une dangerosité extrême car les lendemains du populisme sont toujours pires que la situation première qu’il était censé combattre.
Ce qu’oublient beaucoup de personnes est que le populisme, s’il prend naissance majoritairement dans les dictatures, est loin d’être cantonné à elles. Trump n’est pas le candidat d’une dictature.
Hitler avait été élu légalement par le peuple allemand.
Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant retraité