27 avril 2024
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Jean-Luc Mélenchon, une tempête détruit mais ne construit pas

 

Mélenchon

Alors qu’on attendait la déferlante de Mélenchon et de la NUPES, c’est tranquillement, sans heurts ni tapage que Marine Le Pen obtient la percée la plus significative aux législatives.

En politique, la voix de la gouaille, de la colère et de la tempête à chaque mot n’est pas ce qui garantit la victoire que le ton harangueur promet et certifie.

L’échec est d’autant plus assourdissant que le tribun avait eu l’imprudence d’annoncer une vague qui allait submerger l’Assemblée nationale d’une majorité absolue. Il n’en est rien.

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Se voulant Gambetta ou Jaurès, Jean Luc Mélenchon renvoie à la case départ le rêve de la gauche, insensée d’y avoir cru de cette manière alors qu’elle avait toujours eu la tête froide et l’analyse posée.

Une expérience supposée, des erreurs de débutant

C’était déjà une grande erreur de stratégie que d’annoncer un score en le qualifiant d’objectif politique certain d’être atteint. C’est le meilleur moyen de récolter le sentiment général d’une défaite cuisante alors que le résultat aurait été perçu comme une percée politique si la promesse n’avait pas fait croire à l’impossible.

L’autre erreur avait été de croire en un coup de génie de communication en inventant le slogan « élisez-moi pour être Premier ministre ». Il a trouvé un angle d’approche astucieux, disaient les médias, pour utiliser une réalité qui n’existe pas dans la constitution mais qui, néanmoins, était une image qui frappait les esprits.

Jean-Luc Mélenchon ne sera pas Premier ministre, ce qui ne pouvait être devient subitement un échec de n’avoir pu être. Le tribun de la gauche a tout faux, à la hauteur de son bruit déferlant.

Cette bourrasque s’est avérée être un gros courant d’air, aussi éphémère que sa définition.

La fureur, la gouaille et l’extravagance ne font pas une politique

Depuis que je connais médiatiquement Jean-Luc Mélenchon, pas une fois il n’a pu s’empêcher de vociférer, de menacer et de prédire la terrible revanche populaire. En fait, c’était de la sienne dont il parlait, nous y reviendrons.

Depuis longtemps maintenant, ses interventions étaient attendues, espérées par les médias. Il était insupportable mais un très bon client pour l’audience. Cela ne ratait jamais, cette audience voulait voir et entendre cette « bête politique » qui usait de tous les codes de la provocation et du renversement de table.

Jean-Luc Mélenchon est un excellent tribun, certainement le meilleur. Il fait vibrer les meetings et ses déclarations intempestives à la tribune de l’Assemblée sont jugées être d’un très haut niveau oral. Ses idées, prises dans leur fond, sont incontestablement des idées de la gauche, même si certains se réclament d’une frange moins extrême.

Le problème est qu’il le savait et en a usé jusqu’à en être brûlé. Il s’est cru Gambetta, Jaurès ou Blum, il est parvenu à être l’amuseur des foules.

Je me souviens du même rôle qu’avait tenu médiatiquement Georges Marchais, à une époque où son parti politique atteignait le quart des sièges à l’Assemblée. En dehors de la coupe d’Europe de football ou du film du dimanche soir, je me souviens que dans notre salle de télévision en résidence universitaire, il était attendu avec impatience.

Le show allait commencer. La foule voulait rire, être emportée par des extravagances que seul un grand talent, il est vrai, pouvait parvenir à lui fournir.

Georges Marchais avait lamentablement emmené son parti vers la marginalisation qui, de toute façon, était inéluctablement condamné par la chute historique du communisme.

Créer un espoir et le détruire, c’est pire

Nous connaissons le parcours de Jean-Luc Mélenchon et je pense sincèrement que son attitude provient d’une profonde frustration.

Promis à un grand avenir au parti socialiste, maîtrisant le langage, le micro et la caméra, il ne pouvait être ignoré par ses camarades et par le public.

Il n’est pas possible d’ignorer la très grande intelligence et haute culture de ce personnage politique qui reste remarquable.

Mais le parti socialiste n’avait pas cru en lui ou plutôt les éléphants de ce grand parti de gouvernement, presque hégémonique. Ils avaient crainte de laisser le pas à un homme talentueux qui pouvait prendre toute la lumière.

Et c’est là où j’estime être le plus gros affront à son égard, sa nomination par le Premier ministre Lionel Jospin à un poste de ministre… délégué à la formation professionnelle.

Déjà, l’adjectif apposé au mot ministre était la certitude qu’il le prenne mal vu ce qu’on a toujours deviné de ce bouillon et charismatique homme politique. Pour un personnage de cette taille, se voir attribuer le ministère (délégué) de la formation des CAP, comme disaient ses détracteurs, bien contents de le voir neutralisé, n’est pas exactement l’avenir espéré par un caractère ambitieux qu’on lui connaissait déjà à l’époque.

Jean-Luc Mélenchon n’a jamais caché sa rage à éliminer le parti socialiste, à lui rendre sa monnaie et à combatte celui qui l’avait encore plus méprisé, le Président François Hollande.

Je ne peux contester le positionnement réel de Jean-Luc Mélenchon à l’extrême gauche du parti socialiste, c’est indéniable et c’est son honneur que prendre la liberté de le réclamer. Mais mon sentiment personnel, je le répète, est qu’il s’est englouti davantage, à corps perdu, dans cette voie par suite de l’humiliation qu’il a ressentie et la haine qu’il a nourrie.

Ce n’est absolument pas illégitime. Il faut cependant toujours canaliser les sentiments profonds lorsqu’on veut être celui qui mène les militants vers la victoire. Ces ressentiments doivent être le moteur caché, pas le frein grinçant.

Le moment était venu

Puis est venue la chute aux enfers de la sociale démocratie et de l’Empire socialiste bâti par François Mitterrand. Les scores ont baissé à chaque élection jusqu’à l’humiliation de la tentative à la dernière présidentielle de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Le fruit était mûr pour celui qui a patienté tant d’années. Son moment était venu, porté par la radicalisation des mouvements sociaux et d’une partie de la société qui se juge marginalisée.

Jean-Luc Mélenchon a saisi toutes les occasions, avec des hauts et des bas, que le mouvement social lui offrait. Celui des gilets jaunes en était le plus fort.

Cette gauche en miettes, le parti socialiste enfin humilié jusqu’à vendre son magnifique siège, rue de Solférino, et la disparition des éléphants, ont sonné l’heure de la revanche du révolté, de l’insoumis.

Un attelage fait de bric et de broc

Jean-Luc Mélenchon a su gérer le moment, il a ressuscité ce que le peuple de gauche orphelin réclamait depuis de si nombreuses années, la gauche enfin réunie.

Avec ses qualités indéniables, il a su ramener à lui le troupeau égaré et épuisé. C’est une grande victoire que d’avoir pu le faire estime la majorité des citoyens et des médias. La NUPS est née, elle obtient un score inespéré et un nombre de sièges à l’Assemblée qui est miraculeux.

Oui, mais voilà, quelle est la réalité de cette union électorale ? La France insoumise est vent debout contre l’Europe, les socialistes et les écologistes sont viscéralement accrochés au projet européen.

La France insoumise veut une révolution sociale et détruire le capitalisme qu’elle juge sauvage et responsable de tous les maux. La sociale démocratie et les écologistes sont très loin de ce projet politique. Les cultures politiques et l’histoire de ces trois mouvements ne sont pas identiques mais en grande partie radicalement opposées.

Il ne fait aucun doute que cette alliance est de circonstance et ne peut durer sans un miracle que sait parfois nous offrir l’histoire. C’est la raison pour laquelle les leaders de la NUPES insistent prudemment pour déclarer que ce n’est qu’une alliance électorale et que les jalons sont posés pour une future alliance de gouvernement.

Promis, juré !

C’est justement cette déclaration prudente qui a permis aux leaders d’affirmer que la NUPES n’était pas une OPA de la France insoumise sur les deux autres partis, convalescents et réduits à une peau de chagrin au regard de leur ancienne position.

Pour le prouver, la NUPES serait composée de trois groupes parlementaires dans lesquels chacun des trois partis préserverait son indépendance et sa différence qu’il exprimerait librement. Promis, juré !

C’est comme si on avait cru à une alliance entre un loup affamé de pouvoir et deux agneaux tremblants qui ne demandaient qu’à survivre.

Cela n’a pas raté, dès le premier soir de la victoire, Jean-Luc Mélenchon annonce qu’il serait salutaire de ne former qu’un seul groupe parlementaire. Cette tentative avait déjà été devinée lorsqu’il avait proposé auparavant que les trois groupes seraient coordonnés par une instance commune. Comment être plus clair pour supposer l’appétit de la France insoumise qui réclamerait inévitablement sa part, très majoritaire dans les urnes

C’était promis, juré, le résultat est à peine déclaré que la NUPES est déjà dans la tentation de l’hégémonie de la France insoumise. Une naissance avortée car un projet politique se négocie entre des forces qui ont chacune leur puissance électorale. En tout cas, assez conséquente pour se risquer à une alliance contre-nature.

Le grand perdant est finalement le rêve du peuple de gauche

Que le lecteur ne se méprenne pas, l’auteur de l’article est profondément et depuis toujours membre de cette famille de gauche.

Mais il sait, par sa formation et son origine, que la gouaille et les gesticulations ne font pas une politique de gauche mais sont le terreau d’un populisme affirmé. Et ce populisme est toujours annonciateur de régimes qui tournent le dos à la démocratie et aux intérêts de la culture de gauche.

Non, je n’ai jamais oublié les déclarations du leader de la France insoumise sur les héros des peuples que sont Castro, Maduro ou Poutine. Ce n’est absolument pas caricatural comme affirmation, à moins que je ne comprenne pas le français. J’ai entendu de mes propres oreilles, sans enivrement par une substance, ses propos qui étaient clairs et sans ambiguïtés.

La gauche populaire n’a pas vocation à être perpétuellement la proie du populisme et des promesses du grand soir qui se terminent toujours tragiquement.

Elle a besoin de retrouver son chemin, calmement et avec sérieux. Les tribuns, c’est pour les périodes de guerre. Pour construire la paix, il faut des orateurs, certes éloquents et très pugnaces, ce qu’est Jean-Luc Mélenchon, mais pas des emportés qui ne mènent nulle part, sinon au pire. Ce qu’il est également, en grande partie.

Boumédiene Sid Lakhdar, enseignant

4 Commentaires

  1. Ahqarbi , qu’au moment ou je rédige ce brillant commentaire , BSL n’a pas encore un seul lecteur.. Non moua je tire d’abord et je le lis après. 25 lecteur au moment où je poste.
    Que j’aille lui rabattre quelques uns , peuchère.

    Si je m’attendais à ce que BSL vienne vider son sac ou s’il va rater l’occasion, que oui que non , et combien je m’en tape . Si je le tire ou je le pointe , ou si je le mouche seulement , voilà la plus ontologique des questions. Mais , comme je le suppose , le Matin-Dized , n’a pas trouvé un chroniqueur aussi compétent, intelligent à la fois et surtout humble et modeste comme moua , je vais le leur épargner cette fois. Mais des fois , le Matin Dized ne l’appelle que pour ça , car il est vrai que pour bâcler son ouvrage il n’y a pas mieux que lui.

    Comme je suis très en colère du résultat de ces élections j’avais décidé pour respecter l’attitude lié à à mon âge de me retenir pour ne pas donner libre cours à mon emportement mais je n’ai pas pu me retenir , c’est ma nature , comme disait le scorpion. Alors j’ai désactivé mon cerveau rationnel ou glandouillent trois pauvres neurones récalcitrants qui m’inhibent le moindre des mes emportements : mets une virgule là, dis-le pas comme ça,comme si l’imam Ghafour et Sidna le Modéro n’en faisaient pas assez , et j’ai débridé mon cerveau émotionnel qui lui me va comme un gant et dit les choses comme je les sens. Avant roqyage chez l’imam Ghafour et passage sous les fourches caudines de Sidna le Modéro El 3adhim, bien entendu.

    Mais comment dire ce délire politique tremens où la populace élit un président et en même temps, comme il a dit lui, lui refuse d’appliquer sa politique , sinon par les sentiments ? Si ce n’est pas surréaliste : hadi intikhabates oula qwada, aurait dit Bourguiba. Dans les démocraties très avancées il y a un quota présidentiel , la part du lion, qui ne peut recevoir comme les agneaux.

    Quand j’ai pris acte de la débâcle je n’ai pu réprimer le désir de pousser un chah ! Chah ! Chah, fi son qamum à Macron ! Sans même pouvoir compatir devant son Waterloo électoral.

    Pour l’instant, acculé – vérifiez kane a Sidna le Modéro si j’ai bien écrit  »acculé »a3lakhatar ma chourfe a tendance à languer facilement- Donc , c’est bien  »acculé », dans ses retranchements , Macron accuse le coup et pour ne pas ajouter du désaveu au désavouement cafouille, si ce n’est du bidouillage contrôlé, en attendant que l’orage passe et que cessent les bruits de couloirs et les pavoisements alors que les longs couteaux qui redescendent de leur euphorie comptent leurs gains et se placent. Les LR encore sonnés émergent de leur K.O, Mélenchon de feu la Nupes, qui s’est fait déjà renvoyer à sa portion congrue par ses alliés EELV , le PCF, le PS ,qui sont revenus de leur moment d’égarement , fait son deuil de la commission des finances qui lui échappe, grognon , renâcle face à son maigre butin .pas si mirobolant , Marine , bouffie , est en plein extase:gare au désenchantement !

    Personnellement je ne pouvais cette fois-ci me résoudre à voter. Jusqu’au dernier moment j’ai essayé de forcer mon hésitation pour aller voter pour donner une majorité à Macron pour que nous ne nous trouvions pas dans la situation actuelle mais l’attitude aérienne de Macron qui se prenait pour Ra et qui croyait que la majorité absolue lui était acquise de droit divin sans qu’il lui soit nécessaire de descendre de son nuage pour aller convaincre et développer son programme ou solliciter comme d’autres l’électeur qui ne pouvait que voter mécaniquement pour lui m’en a définitivement dissuadé. Et la la mauvaise foi sidérante de cette opposition toutes tendances confondues qui cache son discrédit en voulant faire accroire que les 54% d’électeurs qui ne sont abstenus n’ont désavoué que Macron après l’avoir largement élu contre ceux-là même qui le lapident aujourd’hui, alors que ni la Nupes qui a fait 114 voix de moins et le RN 156, ne peuvent s’enorgueillir de ne pas avoir été rejetés eux aussi n’a fait que renforcer ma conviction et le désir de leur rendre tout leur mépris.

    Je ne me réjouis donc pas du résultat de cette élection ,même si je trouve que c’est un bon enseignement . Un bon enseignement pour qui en voudrait bien en tirer une leçon. Mais, hélas, pour l’instant tout le monde regarde son nombril en se réjouissant de sa performance comme s’il avait gagné cette élection

    On peut envisager les choses autrement. Si Macron n’arrive pas à appliquer sa politique si les Nupes, R.N , et LR transforment l’assemblée en foire d’empoigne , alors Macron trouvera toute la légitimité pour la dissoudre. Mais cela ne lui servira à rien si les réformes qu’il aura présentées ne sont pas celles que les français attendaient, notamment celle de la santé , l’augmentation conséquente des salaires, la réforme des retraites … et la maîtrise des flux migratoires..

    Mais je doute fort que Macron sorte de son autisme et de sa fixation sur une ligne de conduite intransigeante et sans concession . Je pense donc qu’il essayera de louvoyer jusqu’au mur sur lequel il fonce imprudemment.

  2. De quelle gauche peut-on parler?
    De celle qui a vendu son âme aux mondialistes, surfant sur des slogans vidés de leur substance ou de la gauche caviar.
    Il jouent tous dans la même cour de récréation avec des lignes rouges à ne pas dépasser, sans oser remettre en cause le système dans ses fondements, de l’extrême gauche à l’extrême droite.
    Les 0,00….1% contrôlent tout et les peuples sont satisfaits et contents de leur servitude à un système corrompu jusqu’à la moelle, qu’on ose qualifier de démocratie à l’occidentale.
    « La fabrique des crétins « comme l’a qualifié Jean Paul Brighelli dans son dernier essai.

  3. Maintenant que j’ai lu l’article, je me rends compte que le fait que je tire toujours avant de lire ce n’est pas que physiologique mais surtout parce que ma légendaire bonté, ma magnanimité, et ma compassion , m’empêchent de lui peaufiner la broderie des costards que je lui taille.

    Car si dans la forme BSL a raison de critiquer Mélenchon, il aurait pu dire plus simplement.  que Le programme de Mélenchon n’est applicable qu’après une révolution ou par un régime totalitaire comme celui de son propre homonyme. Mais comme il n’a pas voulu qu’on aille lui chercher une parenté, c’est Gambetta et Jaurès qu’il a évoqué et non Robespierre. Car ce n’est pas d’une analyse qu’il s’agit ici , mais d’un bulletin météorologique.

    Cependant , dans sa propre envolée lyrique qui vaut ,presque celles de Mélenchon, quand celui-ci se lâche, BSL lui prête plus qu’il ne rend. Le costard qu’il lui taille est tellement trop grand que c’est à croire que c’est sur lui-même qu’il a pris les mesures

    Malgré le fait qu’il soit un bon tribun….Mélenchon bien sûr , pas BSL, il n ‘a pu séduire qu’une minorité de Français dont une bonne partie d’origine immigrée. Et l’abstention a bien favorisé cette situation. Mais je ne pense pas que son attitude s’explique par ses rapports aux socialistes. Il lui a fallu se trouver de nouveaux amis ailleurs , hors des pré-carrés socialistes et communistes et écologistes squattés par les vieilles gardes enfermées dans des vielles idéologies et surtout qui ont échoué. Cependant il n’a pas pu ratisser large malgré un bagout d’un autre temps .

    Et comment avec 72 députés il imposerait son programme sinon? Et en plus immédiatement. Je me considère encore plus à gauche que lui mais je ne proposerais pas son programme. La France est culturellement à droite , il faut du temps et une mutation culturelle pour pouvoir appliquer les mesures les plus radicales comme celles de Mélenchon.

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