Samedi 27 janvier 2018
Jil Jadid appelle à une candidature unique de l’opposition
Nous publions intégralement le communiqué du conseil politique de Jil Jadid.
Le Conseil politique, réuni ce 26 janvier 2018, constate, avec inquiétude, la lente mais inexorable dérive du pays vers une situation de troubles et d’instabilité. L’exaspération populaire est à son comble ; les grèves, sit-in et manifestations de rue qui se multiplient et qui risquent de prendre une exceptionnelle ampleur en sont l’expression manifeste.
L’échec du régime est total.
Alors que la rue gronde, le sérail reste obnubilé par son maintien au pouvoir et manigance déjà en vue d’une prochaine élection présidentielle qu’il veut sous contrôle.
Pourtant un cinquième mandat, s’il advenait, sera le produit d’une transgression constitutionnelle, d’une faute morale, d’une tragédie politique et d’un drame humain.
Transgression constitutionnelle car la loi suprême limite à deux les mandats présidentiels. Comment peut-on parler d’un cinquième mandat ? Rappelons qu’en 2016, l’Algérie ne s’est pas dotée d’une nouvelle Constitution qui aurait mis à zéro les compteurs des mandatures, mais le Parlement avait opéré un amendement sur celle de 1996 !
Faute morale, car il est de notoriété publique que le Président actuel n’a plus qu’une existence biologique sinon une présence virtuelle à travers des portraits, et qu’à ce stade de la maladie, il ne peut rien pour lui-même et encore moins pour le pays.
Une tragédie politique, car chaque jour qui passe, démontre l’incompétence, la malhonnêteté et la violence du pouvoir qui a marginalisé toutes les institutions, trafiqué les élections, dilapidé les richesses, et qui maintenant passe à la répression tous azimuts de la population qui refuse la soumission.
Un drame humain, pour le Président lui-même dusse t-il être consentant, dont la dignité n’est plus respectée et qui est ostensiblement affiché, particulièrement face aux étrangers, dans des situations dégradantes alors qu’il endure des souffrances physiques inhumaines.
Le Conseil Politique de Jil Jadid fait appel à la conscience nationale pour se mettre en ordre, empêcher l’illégal cinquième mandat et proposer une véritable alternative d’ici 2019. Maintenant que le désordre dû au 4ème mandat est avéré à tous les niveaux, il ne reste au pays que peu de solutions envisageables pour une issue salutaire.
Propositions
Dans cette optique, Jil Jadid propose d’aller vers un mandat de transition et un candidat unique de toute l’opposition avec comme objectif principal, la remise en ordre des affaires de l’Etat.
Une phase de transition, la plus courte possible, avec un programme consensuel, devra être organisée autour d’une candidature unique. C’est à la société civile, syndicats autonomes, associations et personnalités, en coordination avec l’opposition politique que doit revenir la discussion et l’adoption d’un tel programme, puis la désignation selon des voies démocratiques, de leur candidat aux présidentielles.
Le programme de transition devrait contenir des réformes cruciales : un processus constituant, aboutissant à une loi fondamentale du pays qui garantisse l’indépendance de la justice, l’autonomisation d’une cour constitutionnelle, la mise en place d’une commission indépendante pour la gestion des élections. Les lois sur les associations, les partis politiques, les élections etc… seront alors révisées avant de convoquer de nouvelles élections législatives puis locales. Enfin, le processus devra aboutir à une élection présidentielle ouverte sur la base des programmes et projets de société.
Au plan économique, la transition devrait permettre :
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Une véritable libération de l’initiative économique,
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Une modernisation du système financier et bancaire avec mise à niveau aux normes internationales,
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La mise en place d’un marché financier et boursier transparent,
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Une politique monétaire et des changes plus adaptée à la réalité du marché,
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Une refonte du système fiscal pour alléger les charges excessives sur les PME et PMI,
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La protection de la production nationale et son encouragement par des politiques incitatives,
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L’activation d’un marché boursier qui deviendrait acteur lors des éventuelles privatisations mais aussi pour attirer les capitaux du marché parallèle vers les entreprises,
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Le contrôle rigoureux, avec des sanctions dissuasives, des surfacturations à l’importation,
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L’assouplissement de la réglementation des changes avec convertibilité du dinar pour les exportateurs à hauteur des bénéfices en devises,
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Les entreprises publiques, déficitaires et non solvables, doivent être déclarées en faillite, leur patrimoine (foncier et immobilier) mis en vente, de préférence en cash pour réinjecter dans l’économie l’argent thésaurisé,
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En cas de vente à crédit, la valeur des biens fonciers et immobiliers doit être liée à celle d’une monnaie internationale, pour éviter leur sous évaluation et surtout la perte de valeur du dinar, inéluctable, lors des remboursements des crédits bancaires,
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La régulation des monopoles privés et la limitation des crédits bancaires par branche d’activité. Il est anormal qu’un seul « investisseur » puisse entrer dans le capital de plusieurs entreprises opérant dans des activités différentes et cela avec des crédits bancaires.
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Les entreprises publiques encore viables doivent pouvoir ouvrir leur capital à des entreprises étrangères pour un apport en capital-devise, pour la remise à niveau technologique et pour le potentiel de pénétration de nouveaux marchés internationaux.
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Dans tous les cas de figures, les équipes manageant ces entreprises doivent être sélectionnées sur la base du mérite, de la compétence et de l’expérience.
Ces mesures permettraient la reprise de confiance des opérateurs économiques, l’afflux de nouveaux capitaux, un investissement économique efficace et rentable. La croissance économique qui en résultera permettra la création d’emploi, le rééquilibrage de la balance des paiements à terme et enfin la sécurisation du pays.
Cependant, cette transition ne pourra réussir que si l’adhésion populaire se réalise. La transition devra se faire avec et pour la majorité des citoyens. Les plus faibles d’entre eux devront être protégés. Le maintien du niveau de vie général sera crucial. La solidarité nationale ne devra pas rester un vain mot mais une réalité.
Les difficultés à affronter seront d’autant mieux dépassées, si les droits et libertés de toutes et de tous, seront respectés.
La politique économique et sociale du pays doit aller de pair avec le rétablissement de l’Etat de droit et de la démocratie.
Le Conseil Politique
Alger, le 26 janvier 2018