Dimanche 2 février 2020
Kaïs Saïed tient beaucoup à ses promesses mais n’avance pas !
Le président Kaïs Saïed ne renie pas ses promesses. Du moins dans leur mise en œuvre voilà plus de 100 jours qu’il est installé dans le palais de Carthage. Si l’on considère sa visite à l’émirat d’Oman comme un déplacement circonstanciel suite au décès du sultan Qabous, Ben Saïd le 11 janvier dernier, il serait donc comme il a promis durant sa campagne électorale à sa première visite politique chez son voisin algérien.
Bien que le communiqué de la présidence tunisienne la motive en premier comme « rentrant dans le cadre des relations historiques et privilégiées qui unissent les deux pays », et que les deux présidents vont traiter plusieurs dossiers sur l’énergie, l’investissement, le transport et le tourisme. Mais aucun des deux présidents n’a encore présenté un programme approuvé.
Si le programme du président algérien est en cours d’élaboration par un gouvernement, le président tunisien, lui, n’en a pas encore.
On comprendra donc que l’urgence de cette visite va porter sur les dossiers chaux : celui de Libye et la cause palestinienne avec ce plan de paix au Proche-Orient que vient de proposer Donald Trump pour allécher les lobbies juifs dans le monde pour lui venir en aide dans sa campagne pour un second mandat.
Sur le premier dossier, l’Algérie semble avoir avancé depuis la réunion de Berlin mais sans pour autant changer d’un iota sa position de non-ingérence et œuvre pour un dialogue libo-libyen entre toutes les factions sans exclusivité bien que convaincue que la guerre est menée par procuration par des pays étrangers dont la Russie et la Turquie à travers des milices privées comme les supplétifs syriens et Wagner soviétique.
Pour le président Kaïs Saied, le conflit libyen est devenu une priorité de sécurité nationale au point où il vient de prolonger pour la deuxième fois l’état d’urgence sur tout le territoire tunisien. La première fois pour un mois du 30 décembre 2019 au 30 janvier 2020 et la deuxième fois à compter 31 janvier dernier jusqu’au 29 avril. Il faut noter par ailleurs que l’état d’urgence se poursuit depuis le 24 novembre 2015 sur l’ensemble du territoire de la République tunisienne. Et ce, à la suite de l’attaque terroriste qui a ciblé un bus de la Garde présidentielle dans la capitale, faisant 13 morts et 16 blessés.
Les efforts de l’approche démocratique de la Tunisie pour tenter autant que faire se peut d’imiter celle occidentale et être le premier pays africain à instaurer un débat entre les candidats à la présidentielle et surtout une évaluation des activités de celui qui est élu périodiquement sont louables. Pour le premier point, l’Algérie en a fait autant lors de sa dernière présidentielle du 12 décembre dernier. Pour le second, Tebboune n’en est pas encore arrivé là mais vendredi dernier Kaïs Saïed a accordé un entretien à la télévision nationale Watania 1 pendant lequel il a évoqué « l’évaluation » de ses 100 jours mais les commentaires restent très mitigés.
Certains affichent une désapprobation totale d’un modèle copié pour une situation de non-gouvernance avec des mécanismes qui n’existent pas. « Il s’agit, note-t-on d’une démarche fausse et fallacieuse». Ses détracteurs le jugent comme persévérant depuis sa campagne électorale à s’accrocher à les détails en s’immisçant dans les affaires de l’exécutif. Exemple ? Celui d’un « braquage en chamboulant l’enquête et en responsabilisant la justice. »
Kaïs Saïed continue comme lui reprochaient ses détracteurs lors de sa campagne électorale à s’exprimer en langue arabe littéraire !!! Alors qu’il le fait constater lui-même que la majorité des Tunisiens « ne saisiront pas son discours ». Son rôle, disent-ils, devra être cohérent avec son programme électoral pour faciliter la compréhension et l’assimilation alors ! Pourquoi brouille-t-il ses messages?