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Le FLN, ce FLN-là, est-il encore crédible ?

COMMENTAIRE

Le FLN, ce FLN-là, est-il encore crédible ?

Ceux qui sont sortis dans la rue le 22 février ont en fait une exigence :  le FLN dégage ! En cela, ils ont imité, au slogan près, ceux qui, à Bab-El-Oued et ailleurs dans le pays profond, ont crié leur colère sur les kasmas du parti, qu’ils ont  « généreusement » caillassées.

Trente et un ans plus tard, la détestation est encore là, plus tenace. Les jeunes n’en veulent plus de ce parti, pris en otage, cambriolé et obligé à vivre par le faux et l’usage du faux. Le FLN d’aujourd’hui est la liste exacte des gens qui ne doivent plus avoir de postes de responsabilités dans ce pays, des personnes à écarter, des gens à ne jamais élire ni écouter, des visages à qui il ne faut plus jamais faire confiance, se plaisait à répéter un intellectuel. 

Pour la majorité des algériens le FLN révolutionnaire, militant était fini ! Il avait cédé la place au FLN des intrigues, des complots, des machinations politiques et des affaires.

Et aussi, de l’exclusion à travers son « fameux » article 120 qui a marginalisé tant et tant d’algériens pendant son règne, l’accès aux fonctions de haut rang était réservé aux militants du FLN !

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Mais, quatre mois après les violentes émeutes déclenchées à partir du 5 octobre 1988, qui se sont soldées par le bilan tragique que l’on sait, le pouvoir d’alors, avait engagé des réformes qui se sont traduites par la reconnaissance du multipartisme.

A cette époque, le FLN qui ne s’était pas départi de son arrogance, se plaisait à désigner les partis politiques qui reçurent leur agrément suite à une « reforme-maison », de la constitution du 23 février 1989 par l’acronyme « ACP » ( Associations à caractère politique ) !

Il n’empêche que le « FLN- fraudeur » de ce temps là, a été nettement battu par les nouvelles formations politiques dès les premières élections locales, preuve de la haine qu’il avait cristallisée dans l’esprit des algériens qui ont tenu à le sanctionner par l’urne dans les années 90 !

En 1999, ce FLN là, a pourtant réussi à imposer de nouveau, sa suprématie sous l’impulsion d’Abdelaziz Bouteflika. Pour soutenir un programme qui n’a jamais été le produit de ses instances. Il n’était en fait qu’une machine électorale au service du candidat-président !

Avec aussi, faut- il le dire, une capacité de nuisance intacte. Pour preuve, les difficultés dans lesquelles se débattent depuis  deux décennies au moins, les courants politiques et le pays avec proviennent, essentiellement, de la présence perpétuelle du FLN dans l’espace partisan. Considéré, comme la pierre  angulaire du système au lendemain de l’indépendance, il s’est en effet, très-tôt constitué en redoutable machine à ratifier les délibérations relatives aux successions.

Sans compter les lois scélérates qu’il a fait voter, étant, majoritaire dans les deux chambres ! 

Dégage le FLN, terreau des intrigues, de la fraude et des coups d’état « scientifiques ». Dégage le FLN, crient aujourd’hui, et à « tue-tête »  les belles jeunes filles d’Alger, d’Oran, d’Annaba et aussi d’Adrar, paisible wilaya qui a enfanté, rappelons-nous Khadidja Benhamou, cette belle Miss Algérie, qui fait notre fierté ! 

 Dégagez tous !!!

 Il faut avoir le courage d’admettre, aujourd’hui, que ce qui était charnel pour les moudjahidines n’est plus qu’un «ouï-dire» pour les jeunes tant que l’histoire n’est ni écrite ni enseignée correctement. 

Dans la tempête, le FLN se tait, se mure, se fait discret. Il se cache derrière son modeste statut d’ «acteur politique ».Comme en 1988, il fait le dos rond ; il compte laisser passer l’orage. Un chahut de gamins. Pas si sûr.

Dissoudre le FLN : certains ont essayé.

Il y a eu tout d’abord, ces anciens moudjahidine, révoltés par le jeu de coulisses entre les différents courants du Front de libération nationale (FLN), qui ont demandé  à ce que soit inscrit à l’ordre du jour d’un des congrès de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), l’idée de mettre le FLN… au musée. La mission et l’objectif de ce dernier, qui étaient la libération du pays, étant accomplis, ils ne souhaitaient plus le laisser aux mains d’opportunistes !

Cette initiative était même disait-on, encouragée par Abdelaziz Bouteflika, qui voulait mettre fin aux bagarres stériles entre les redresseurs et les légalistes, les indépendants et les opportunistes.   

Il y a eu aussi cette proposition de loi portant amendement de la Loi 99-07 relative au Moudjahid et au Chahid, initiative émanant d’un groupe de vingt-deux députés, pour la majorité des élus du Front national algérien (FNA) et des indépendants. Elle visait, outre la protection « des symboles de la révolution, la mémoire des Chouhadas et la dignité de leurs ayants droits et des Moudjahidines» garantie par la loi fondamentale, la loi 99-07 du 5 avril 1999 relative au Moudjahid et au Chahid, mais aussi  énonçait les règles de promotion et de valorisation du patrimoine historique de la lutte de libération nationale.

Le député indépendant Ali Brahimi et délégué des signataires considérait qu’il était « absurde que la déclaration du premier novembre 1954 soit consacrée symbole de la libération nationale tandis que le couple FLN-ALN qui en est à l’origine soit ignoré.»

L’Algérie assiste, avait-il ajoutait « à l’instrumentalisation politicienne d’un grandiose combat anticolonial par des acteurs qui n’étaient pas toujours à son avant-garde hier lorsqu’il fallait affronter l’Armée française et les colons. Grâce au peuple et au FLN-ALN, cette épopée nationale a abouti et sa mémoire mérite d’être protégée par l’Etat auquel elle a donné naissance ».

Pour le député, les « authentiques Moudjahidines et les valeureux Chouhadas ont le droit de voir l’objet des sacrifices de leur jeunesse mis à l’abri des erreurs, fautes et dérives d’intérêts bien actuels. C’est là le seul moyen de cultiver le respect de l’histoire de la Nation et partant l’amour de la patrie chez les générations postindépendance »

Tel que rédigé, l’amendement introduisait dans son article 52 le binôme FLN-ALN comme étant des symboles à protéger au même titre que d’autres symboles dont l’hymne national, le chahid, le moudjahid, la veuve de chahid, les hauts faits historiques et les places et lieux abritant les stèles commémoratives.

 Le texte de loi proposait aussi un article 52 bis stipulant que « l’usage des mêmes noms, sigles et autres signes distinctifs appartenant aux organisations symboles de la révolution de libération nationale est prohibé. Les organisations dont les appellations et sigles utilisent ces symboles sont tenues d’y renoncer dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi».

Avant lui, Mohamed Boudiaf, héros de la révolution, assassiné le 29 juin 1992 six mois après avoir été ramené au pouvoir, était également, l’un des rares hommes politiques algériens à avoir demandé que le FLN soit remit au musée de l’Histoire.

Aujourd’hui, alors qu’un nouveau paradigme s’ouvre pour lui, le pays se trouve dans une situation très difficile : 

  • Les sept (7) frontières du pays connaissent une forte agitation

  • L’économie du pays est exsangue 

  • la rue a des exigences incompressibles ! 

  • L’opposition est disqualifiée. Tenue à distance par les manifestants.

Les jeunes sont fatigués des promesses sans lendemain et de l’intérêt qu’on leur manifeste soudainement la veille des élections. De plus, quand ils veulent donner leur avis, ils éprouvent quelque peine à faire parvenir leur message tant il est dilué dans des demandes les faisant passer pour des mineurs. 

Un comble pour ceux qui se sont construits à la force du poignet, qui voyagent dans les mers de Chine et qui ont réussi à monter des affaires commerciales à l’étranger, qu’ils ont rejoint comme «harragas» ! 

Les jeunes, pas dupes pour un sou, disent qu’ils ne s’intéressent pas à la politique. Détrompez-vous, c’est en fait le verbiage politique et la langue de bois qu’ils rejettent. Les politiques d’ailleurs pour être crédibles auprès des jeunes, doivent parler « le langage» de ces derniers, tomber au moins la cravate et la veste et les rencontrer en plein air, loin de leurs bureaux calfeutrés, des téléphones qui sonnent et des collaborateurs, aussi zélés que coincés, qui perturbent l’échange. 

Mais, le fossé se creusera davantage entre les générations et se caractérisera par une perte de confiance des jeunes par rapport à leurs ainés, d’autant plus que les premiers nommés estiment, qu’ils n’ont pas eu la part de pétrole qu’il leur revient, ou les postes de commandement auxquels, légitimement, ils aspirent ! 

Pour l’heure, le pouvoir représenté par Abdelmadjid Tebboune reçoit et écoute des personnalités du monde de  la politique en perspective des réformes qu’il compte engager.

Une formidable opportunité que  le Front de libération nationale partisan d’un régime absolutiste et «adorateur du cadre», s’est dépêché de saisir, croyant peut-être qu’il est encore crédible, alors que deux de ses secrétaires généraux croupissent en prison tout comme un certain nombre de ses ministres véreux emprisonnés aussi en compagnie de députés… dont le dernier en date pour lequel le ministre de la justice a requis une levée d’immunité parlementaire, use d’atermoiements et de faux fuyants pour retarder l’échéance !

Ce FLN-là a pourtant installé, hier mardi à Alger, une commission chargée de l’élaboration des propositions sur la révision de la Constitution, rapporte l’APS.

En effet, le secrétaire général par intérim du FLN, Ali Seddiki a précisé, lors d’une conférence de presse animée au siège du parti, que la commission composée d’universitaires, constitutionnalistes, sociologues, et politologues, « procèdera à l’analyse, au diagnostic et à la prospective de notre expérience constitutionnelle ». Avant d’ajouter que « ladite commission exposera également le parcours, le bilan ainsi que l’évolution enregistrée à travers une approche multidimensionnelle : historique, politique et fonctionnelle, jusqu’à la révision constitutionnelle décidée par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune ».

Pour les caciques, le FLN est comme le « phénix » il renait toujours de ses cendres. Il redeviendra le « Léviathan destructeur », ce monstre marin aux têtes multiples et interchangeables qui apparait dans les psaumes, pour reprendre cette formule déjà usitée. A vous donner froid dans le dos !

S’il survit comme en 1988, il pourra reconstruire et s’en vanter aussi auprès de ceux qui voulaient le « mettre au musée ». Ou par le biais d’une  « dissolution, immédiate, sans retard ni sursis » !

Le régime essaye de gagner du temps selon les observateurs, car faut-il le dire, il  su, de tous temps, s’adapter à des situations exceptionnelles mais aussi tragiques, pour opérer des revirements  au moment opportun, donner l’illusion que les changements sont en train d’évoluer. 

 Il demande du temps pour dérouler les réformes promises quitte à en perdre en recevant Abderrezak Guessoum de l’association des Oulémas et son projet de « Novembria-Badissiya » ou la vénérable et non moins respectueuse madame Zhor Ounissi qui a demandé au président de la République de « mobiliser davantage d’efforts de confiance entre le peuple et le chef de l’Etat » (sic). Voilà Tebboune bien avancé ! 

Il n’est pas aisé de dérouler la moindre feuille de route devant la détermination des jeunes qui sont dans la rue et qui affirment, haut et fort, qu’ils connaissent parfaitement « le système » alors que ne les lui connait guère.

C’est vrai que le président de la République est, comme nous tous d’ailleurs, en train de les découvrir ces jeunes du Hirak, d’apprécier leur audace et, surtout, leur parfaite connaissance de « la chose politique » !    

En attendant que ces jeunes là désignent  leurs représentants, le pouvoir doit s’attendre à être « rudoyer », longtemps encore. Pacifiquement.

Auteur
Cherif Ali

 




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