Le cri de Kamel Daoud, ayant perdu sa mère et ne pouvant assister à son inhumation. Banni de sa mère et de sa terre, il n’a pas crié. Il n’a pas tempêté. Il a juste écrit :
« Aujourd’hui, ma mère est morte. Je ne peux pas la voir, la pleurer, ni la saluer et l’enterrer, car vous m’avez banni de mon foyer et m’avez interdit de revenir dans mon pays. »
En quelques mots glaçants, Kamel Daoud livre l’un des textes les plus poignants et les plus politiques qu’il ait jamais publiés. Adressé nommément à Abdelmadjid Tebboune, à Kamel Sidi Saïd, à Belkaïm et « aux autres », ce message n’est pas seulement une protestation : c’est un acte de mémoire et d’accusation, un testament d’exilé empêché de dire adieu.
On connaissait l’écrivain, chroniqueur, analyste du fait religieux et politique. On le découvre ici dans une vulnérabilité nue. Le corps est loin. La mère est morte. L’exil, soudain, devient irréversible. Non seulement on vous empêche de rentrer, mais on vous interdit de pleurer.
Ce qui est confisqué à Kamel Daoud, ce n’est pas un passeport. C’est un geste, une prière, une main sur un front froid. L’État, dans sa brutalité, ne se contente pas d’exiler les vivants : il les éloigne même des morts.
L’auteur de Meursault, contre-enquête, de Mes indépendances, de tant de textes lucides et critiques sur l’Algérie post-indépendance, paie ici le prix d’une parole libre. Et ce prix est insupportable. L’écriture, chez lui, devient ce qu’elle n’aurait jamais dû être : une substitution au rite, un tombeau en papier, un dernier recours.
Mais c’est aussi, et c’est peut-être là sa plus grande force, une charge symbolique contre un pouvoir qui ne supporte ni les voix divergentes ni les adieux dignes. Car interdire à un homme de pleurer sa mère dans sa langue, sur sa terre, c’est l’humilier au plus profond de son être.
Ce texte dit quelque chose de fondamental sur l’Algérie d’aujourd’hui. Sur ce pouvoir qui exile, réprime, enferme, réduit au silence. Sur cette violence qui, même dans la mort, refuse la paix. Et sur le courage des écrivains, journalistes, artistes, penseurs, qui tiennent malgré tout, hors du pays, la lampe d’une Algérie qui reste à libérer.
« Ce jour-là, je ne l’oublierai jamais. Ce que vous m’avez volé n’est pas seulement un droit, c’est un adieu. Et il ne se pardonne pas. »
Tout est dit.
Mourad Benyahia
La rédaction du Matin d'Algérie présente ses sincères condoléances à Kamel Daoud suite au décès de sa mère. Nous lui assurons de tout notre soutien en cette douloureuse circonstance. Que la terre soit légère à sa défunte mère.
Très souvent, vous commettez cette erreur en « traitant » l’Algérie d’État? or l’Algérie n’a jamais été un état et plus particulièrement depuis 1962 et pour être précis depuis le 19 juin 1965, l’Algérie n’a été qu’une succession de régimes? une sorte d’emballage de poupées russes, institués comme seul modèle de pouvoir, je n’ose même pas dire gouvernance.l’incommensurable Kateb Yacine l’a bien expliqué; en 1962 on est passé d’une colonisation extérieure à une autre intérieure !
On ne peut même pas parler d’une régression, d’un retour en arrière. Même sous Boumediéne, l’État n’était pas aussi féroce et sadique. Et oui : ouvrons les yeux mes frères : l’armée nous a imposé un Roi fou, un tyran malade mental. L’armée nous a imposé un potentat médiéval dont la seule stratégie est d’imposer la terreur dans toutes les strates de la société, de l’État et de l’armée. Le régime s’est complétement kadhafisé. Il y a moins d’un an, Teboune faisait des courbettes au général Nacer El Djinn. Aujourd’hui le même Nacer El Djinn a été transféré à la prison militaire de Blida et a rejoint la longue liste de hauts gradés désormais en prison. Pourquoi Teboune et Chengriha fracturent ils ainsi l’armée algérienne ? Pour la fragiliser face au Maroc et aux autres menaces que ces deux vieux fous ont attiré sur nous ? Seul des dirigeants faibles peuvent se livrer à de telles purges au sommet de l’Etat et de l’armée. L’Algérie peut elle se permettre le luxe d’avoir à sa tête deux vieux fous aussi faibles ? Aussi peu légitimes ? Les généraux algériens encore en poste n’ont pas une multitude de choix : ou bien ils interviennent et nous débarrassent de ces deux vieux fous, ou bien ils finiront eux aussi en prison (il n’est jamais recommandé d’être trop pres d’un pouvoir parano). En attendant, je tiens à le dire à Teboune et Chengriha (ainsi qu’à tout le peuple algérien) : vu la terreur que font régner Chengriha et Teboune au sommet de l’armée, nos généraux, nos hauts gradés concentrent toute leur énergie à chercher un moyen de fuir avec leur famille plutôt qu’à chercher les moyens de protéger le pays
Sincères condoléances Monsieur Daoud.
Malheureusement nous sommes des milliers, peut-être même plus dans le même cas.
La seule chose dont je dispose c’es les photos des tombes de mes deux parents, dans notre carré familial.
Il faut vivre avec, le temps heureusement apaise, mais comme on dit ullac smah.