Dans son nouveau recueil de chroniques intitulé « Avant qu’il ne soit trop tard » (Les Presses de la Cité, 2025), Kamel Daoud synthétise ses apologies du colonialisme et des extrêmes droites françaises en proposant la version algérienne de la pseudo-théorie nazie du « Grand remplacement ».
Gendarme zélé du repli paranoïaque et du provincialisme rétrograde des néoconservateurs français qui pensent que Marine Le Pen serait dans la ‘‘mollesse avec l’islamisme’’ ou que ‘‘le Rassemblement National est très à gauche’’, Kamel Daoud, le prétendu ‘‘lanceur d’alerte qui ose tout dire à une France aveuglée par la repentance coloniale et la contrition migratoire’’, synthétise dans « Avant qu’il ne soit trop tard » son adhésion aux idées réactionnaires et nostalgériques des droites dures et extrêmes françaises.
En guerre totale contre la recherche en histoire et en sciences sociales, la logique narrative du livre est une machine idéologique à produire des platitudes culturalistes, sentencieuses et erronées. L’inculture historique de l’auteur au sujet des contextes français (et même algériens !), couverte d’une mystique du ‘‘courage de la vérité’’, devient la ‘‘qualité’’, la ‘‘distinction’’ même de celui qui ‘‘ne détourne aucunement le regard face à la vérité’’.
Comment peut-on devenir l’expert d’un pays sur lequel l’on ignore pratiquement tout ? C’est très simple, du moins pour un écrivain algérien baptisé une fois pour toute ‘‘francophone’’ et ‘‘francophile’’ (c’est-à-dire ‘‘civilisé’’ par rapport à la repoussante figure de l’écrivain dit ‘‘arabophone’’, ‘‘incompatible’’ par essence et par destination avec les ‘‘Lumières’’ et la ‘‘sensualité’’ de la langue française) : parsemer ses dits et écrits de déclarations prouvant son infaillible ‘‘amour de la France’’ serait un gage irréfutable de ‘‘véracité’’.
Une fois réalisée, cette performance discursive épargne à son locuteur l’argumentation de ses propos, l’intérêt pour la réalité des faits sur lesquels il ne cesse de discourir. Exprimer solennellement le souhait de ‘‘sauver’’ d’une guerre de religions qui se préparerait dans ses ‘‘banlieues de l’islam’’ ne pourrait être que ‘‘lucidité’’ et ‘‘clairvoyance’’.
Savourons les mots de Kamel Daoud. Je suis, proclame-t-il, le « fantôme muet dans son savoir » qui exercerait« un métier de lanceur d’alerte ». Il serait le surhomme néo-naturalisé, le « témoin de la naissance de l’islamisme algérien et de son combat contre nos vies ». Ici, on est dans la géographie religieuse de l’écrivain dit ‘‘laïque’’, celui qui parle le langage des prophètes pour mieux s’opposer, pense-t-il, aux islamistes : « Tous les écrits ici réunis insistent sur un point : ‘‘Soyez prudents, un pays peut être perdu en un instant !’’ Il suffit de si peu pour que tout parte en fumée : un incendie, une paresse ou un haussement d’épaules devant le mal. Une nation peut disparaître comme un nuage, un vêtement égaré ou une idée chassée par un sommeil du cœur » (page 16).
Sur quel fait l’auteur se base-t-il pour étayer son oracle ? Sa ‘‘preuve’’ irréfutable, c’est l’argument identitaire : « Certains d’entre nous, survivants de la guerre civile algérienne, ont l’impression, soit par exagération, soit par lucidité, que celle-ci se rejoue en France ». De ce fait, toute critique de l’originalité présumée de ses analyses labellisées ‘‘algériennes’’ (mais qu’on trouve dans Le Figaro, Valeurs actuelles, CNews, BFMTV ou même LCI) par ce qu’il appelle les « ingénieurs de la culpabilité postcoloniale », serait un ignoble acte de ‘‘censure’’. Contredire équivaudrait à ‘‘interdire’’. Dans « la chronique », qui est son « espace pour devenir persan », Kamel Daoud « tente de comprendre les Français et de déchiffrer [s]on propre regard. [Il] découvre le plaisir coûteux de rester libre ». Outre la décevante grandiloquence se réclamant adroitement de Montesquieu, le baratin pseudo-journalistique devient la norme du discours entendable sur le tristement célèbre triptyque immigration-islam-insécurité auprès des élites hégémoniques en France.
« La critique du colonialisme, c’est l’islamisme ! »
En exemplaire « persan » algérien à la pensée ‘‘complexe’’, ce très bon national-républicain serait l’antithèse salvatrice du « Persan confessionnel, le colonisé […], le Persan revenu en France exigeant des droits de victime » (page 15). Ainsi, ne pouvant distinguer entre la guerre de Libération algérienne et les instrumentalisations qui en sont faites, il préfère s’investir dans « [s]a guerre avec la guerre d’Algérie ». Insurgé contre « les simplifications » (page 17), il estime ‘‘lucidement’’ que la critique de cette guerre sert d’excuse « au repli sur soi parmi certains Français qui viennent des ex-colonies et qui vivent mal en Métropole. Les radicaux y puisent leurs discours communautaires, le rejet et le refus d’intégration. Le malaise des banlieues est aussi un malaise de la mémoire » (page 93).
On est ici dans la rhétorique de l’humiliation ‘‘nationale’’, l’autre guerre idéologique menée à la ‘‘repentance’’ coloniale par les nostalgiques des ‘‘bienfaits de la colonisation’’. Intensifiant sa ‘‘résistance’’ contre la culture de la ‘‘contrition’’, le chroniquer déclame ‘‘l’indicible’’ au moment décisif : « L’homme occidental, le Français, se sent coupable d’une guerre qu’il n’a pas menée et dont il porte le déni. Il doit assumer, raconter son récit complété, transmettre. Mais cela ne fait pas de lui un coupable idéal sommé de s’agenouiller devant ceux-là mêmes qui soutiennent que la vie ne vaut rien si elle ne sert pas de marchepied ». Impressionnant retournement du stigmate !
A rebours des discours de ses « compatriotes » algériens qui « rêvent d’une guerre éternelle avec l’Occident pour préserver un stigmate sacré » (page 16), le « lanceur d’alerte » appelle de ses vœux à mettre fin à la « culpabilité coloniale » (page 187) qui gangrènerait le ‘‘monde occidental’’. Car, si l’on ‘‘aime la France’’ véritablement, un travail de prévention s’impose pour éviter le ‘‘chaos’’ : toute critique radicale de l’impérialisme risquerait de catalyser la « jonction du djihadisme et du décolonialisme », cette périlleuse « idée des islamistes maghrébins pour enrôler en masse en France parmi les communautaristes et parmi les musulmans maghrébins » (page 430). Prévisible ‘‘trouvaille’’ sémantique d’une rhétorique de l’inversion, l’écrivain dégrade les principes républicains, humanistes et féministes en valeurs identitaires pour défendre un ‘‘Occident blanc’’ qui serait ‘‘ciblé’’ par les héritiers ‘‘musulmans’’ de l’immigration post-coloniale.
« L’islamophobie n’existe pas, ne doit pas exister »
Les ouvrages et les études académiques prouvant l’existence de l’islamophobie ne manquent pas. Et c’est une grande banalité que de le rappeler. Des livres comme La nouvelle islamophobie (La Découverte, 2003)de Vincent Geisser ; L’Islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005 (La Découverte, 2007) de Thomas Deltombe ; Islamophobie. Comment les élites françaises fabriquent le ‘‘problème musulman’’ (La Découverte, 2016) de Abdellali Hajjat et Marwan Mohammed ; Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? (Hors d’atteinte, 2023) de Hanane Karimi ; La Cité des musulmans. Une piété indésirable (Amsterdam, 2025) de Hamza Esmili ; ou même des rapports, comme celui de Marie-Anne Valfort publié par Institut Montaigne en octobre 2015, « Discriminations religieuses à l’embauche : une réalité », documentent largement ce racisme anti-Islam et anti-Arabes dans l’espace public et sur le marché du travail français. Mais pour Kamel Daoud, la réalité est tout autre.
Réagissant patriotiquement à la parution d’un ouvrage collectif dirigé par trois chercheurs intitulé La France, tu l’aimes mais tu la quittes. Enquête sur la diaspora musulmane (Seuil, 2024), l’éditorialiste vedette du Point, sans se sentir obligé d’avancer la moindre preuve factuelle, avance en confondant, comme à l’accoutumée, l’acte de ‘‘récuser’’ d’avec celui de ‘‘réfuter’’. Ainsi, l’islamophobie serait pour lui « une mythologie volontairement élaborée autour de cette réalité-fiction » par « les islamistes », « l’Anglo Saxonie woke », « les décoloniaux de gauche – des fervents de la crucifixion – » et les « Maghrébins installés en France qui pratiquent la culpabilisation comme on fait du surf » (page 404). Dans quel but ? Parce que « les partisans du wokisme » (il est à noter que cet ‘‘antiwokisme’’ s’attaque à l’indépendance des institutions scientifiques) critiquent ce racisme hérité du colonialisme dans le dessein d’encourager une « dérive au Sud » : « revitaliser le discours postcolonial antifrançais et antioccidental » (page 31).
Dans la posture du gendarme qui dit à « l’Occident » les « mots qu’il ne veut pas entendre » (page 83), il déclare que l’islamophobie serait née de l’islamisme (page 43) et que les musulmans en sont responsables. Pourquoi ? Parce qu’ils seraient silencieux, passifs sur la progression imaginaire de l’islamisme (page 44), voire même complaisants avec cet intégrisme religieux (page 50). A quoi servirait l’étude publiée au Seuil selon l’écrivain ? A édulcorer le « sentiment antifrançais » (page 31) des musulmans qui viendraient « en France pour éduquer » leurs « enfants et leur garantir la France des ‘‘aides’’. Mais, dès que les diplômes et la nationalité sont obtenus, on préfère les voir vivre en Amérique et hurler à L’islamophobie française » (page 405). Pour lui, « la France, c’est la gratuité assortie au coefficient de culpabilité » (page 405).
« Un courageux arabe pense le Grand remplacement »
Attribuant l’assassinat policier de Nahel Marzouk (le 27 juin 2023 à Nanterre) à un défaut ‘‘d’assimilation’’ et de manque ‘‘d’amour de la France’’ que cultiveraient les « générations immédiates, d’immigration ou nées de l’immigration » par ce qu’ « on idéalise le pays quitté par soi ou par les ascendants » (page 343) ; assimilant la massification de l’enseignement de la langue arabe en Algérie au « culte [des] fosses de l’identitaire » (page 88) et du sous-développement ; validant la thèse raciste postulant l’existence d’un « vote musulman » qui serait motivée par une « judéophobie » inhérente à l’islam (page 354) ; critiquant la France qui « adore la subvention et ignore qu’elle attire la misère du monde » parce qu’elle serait aveuglée par son « éternel biais français de la culpabilité » (page 375) ; refusant de se rendre « au déjeuner des best-sellers de ‘‘l’Express’’ » à cause de la présence annoncée de Jordan Bardella (Libération, Adrien Franque et Simon Blin, 04/02/25) tout en faisant l’éloge politique de l’ex-députée européenne du Rassemblement national Malika Sorel (page 391) ; adoptant le récit génocidaire du gouvernement israélien pour ‘‘libérer’’ les Palestiniens des « armées imaginaires de libérateurs médiatiques de la Palestine » (Le Point, 13/10/23. Voir aussi : Le Point, 29/04/24 ; 17/05/24 ; 28/04/25), Kamel Daoud parachève dans son recueil de chroniquessa radicalisation idéologique par l’adoption de la thèse nazie du ‘‘grand remplacement’’ (selon Olivier Mannoni, Traduire Hitler, 2022).
Dans une récente chronique intitulée « Le flux migratoire, arme nucléaire des régimes pauvres » (Le Point, 23/03/25), il aborde la question migratoire en France sous l’angle de la métaphore aquatique chère au Front / Rassemblement national. « Le Sud », affirme-t-il, et à sa tête l’Algérie, « sera donc la démographie et son effet secondaire, l’invasion migratoire du Nord riche et trop heureux. C’est ainsi que s’énonce, maintenant, le bras de fer du monde moderne ». De la complexité et de la richesse des migrations qui constituent la France empirique, il ne perçoit que les « chaloupes de migrants » que lancerait le ‘‘Sud global’’ « contre les hauts murs ébréchés des démocraties du Nord, pour le même désir de domination ». Au sommet de sa consécration ‘‘littéraire’’, cet exemplaire néo-naturalisé (par décret présidentiel) ne peut qu’éprouver le ressentiment du dominant à l’égard des sous-prolétaires qui n’écrivent pas des livres comme lui (nous noterons que l’auteur éprouve un ressentiment encore plus féroce envers ce qu’il appelle « les élites décoloniales algéroises », c’est-à-dire les intellectuels algériens et binationaux qui ne pratiquent pas le catéchisme de ‘‘l’amour du français’’ et critiquent factuellement sa radicalisation politique). Pour lui, ces mouvements humains seraient « le ‘‘nucléaire des pauvres’’ pour menacer l’Occident ». Après tout, ce venin idéel serait indispensable pour ‘‘émanciper’’ la République française de la ‘‘haine’’ des Algériens, des binationaux, des immigrés, des musulmans, des ‘‘wokistes’’ et de la gauche qui risquerait la ‘‘détruire’’.
« Les grandes passions sont propices aux mythes », écrivait Bertrand Russel dans De la fumisterie intellectuelle [1943](L’Herne, 2013). Et l’adhésion aveugle de Kamel Daoud aux mythologies néocoloniales de l’arc néoréactionnaire accouche d’Avant qu’il ne soit trop tard : un panthéon de foutaises éminemment anxiogènes.
Faris Lounis
Journaliste
Kamel Daoud, Avant qu’il ne soit trop tard, Paris, Les Presses de la Cité, 2025, 463 pages, 23,90 €
Je ne suis pas un lecteur de Kamel Daoud mais je trouve que cet article est une abjection littéraire loin du débat responsable et constructif.
Promenez vous dans certains quartiers de Paris, Lyon ;Marseille …et revenez nous parler du « fantasme » de l’invasion migratoire des Francais
Vous dites
« Les ouvrages et les études académiques prouvant l’existence de l’islamophobie ne manquent pas. »,
en citant toute la littérature des frères musulmans, le courant auquel appartiennent vos pensées apparemment !
« Mais pour Kamel Daoud, la réalité est tout autre. » c’est aussi le cas pour moi comme pour des millions de Français ou pas
que vous traitez d’extrémistes de droite, vous me faites 😂 quand on connait la nature de l’islam qui ne tolère aucune autre croyance
et Ba Sif cad un couteau sous la gorge ( situation vécue en Algérie où c’est une banalité en France arrivée à un enseignant en pleine rue sortant de son travail).
Il n ‘ y a pas d’islam modéré, c’est juste l’herbe qui cache le serpent de l’islamisme, l’islam est un poison dans une société, dans tous les cas c’est retour
en arrière. Je vous défi Mr d’aller vivre en Afghanistan, la réalité de l’islamisme c’est ça, mais vous, vous n’êtes ni capable d’accepter le mode de vie à la Française
en France sans hijab et mosquées dans la rue que ça vous plaise ou pas ni une une vie à la Talibane.
Vous ne savez pas ce que vous voulez , vous êtes égarés en vous déclarant Kharabes car les vrais Arabes évoluent avec la science pd que les « Maghrébins » surtout
les Algériens avec leur excès de zèle habituel , se noient dans une religion rétrograde.
Je vis en France, je préfère la France authentique, que celui qui n’est pas capable de s’intégrer, personne ne l’oblige à rester.
Votre article est non seulement ennuyeux mais surtout fatiguant à lire.
Le grand remplacement n’est pas un mythe et le cas de l’Afrique du Nord, des Kanaks en est frappant! Quant à la suprématie et la xnephobie, il suffît juste de tourner votre regard vers le sud et voir la réalité subie par les subsahariens. La politique du curée est assez rodée alors balayer d’abord chez soi avant de se présenter en moralisateur et donneur de rhétorique leçon.
S’il vous plaît, monsieur, prenez un peu de hauteur, il n’y a pas que la France et les réactionnaires français !
En 2023, président Kaïs Saïed a déclaré que « des hordes d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne » avaient déferlé sur la Tunisie et étaient à l’origine « de violences, de crimes et d’actes inacceptables ». Il a ajouté que c’était une situation « anormale » qui s’inscrivait dans le cadre d’un plan criminel conçu dans le but de « métamorphoser la composition démographique de la Tunisie » et de la transformer « seulement en un État africain qui n’appartienne plus au monde arabo-islamique ». Cela a provoqué des attaques racistes contre des migrants/
Tebboune et aucun pays musulmans n’ont condamné Saied pour ses propos !
l’Algérie envoie des migrants subsahariens en plein désert et c’est condamné par des associations !
Trump renvoie des immigrants !
Le Danemark, la Suède et même ll’UK avec Starmer veut réduire l’immigration !
Le concept d’islamphobie qui devrait être seulement # peur de l’islam # est trop politisée ? Il devient une condamnation contre toute critique de l’islam, de sa pression sociale et des dictatures musulmanes !
On ne peut pas par exemple critiquer et retirer le verset 5 : « Après que les mois sacrés se seront écoulés, tuez les polythéistes partout où vous les trouverez ; capturez-les, assiégez-les, dressez-leur toutes sortes d’embuscades ». Il s’agit bien là d’un jihâd offensif que l’on retrouve aujourd’hui dans une myriade de mouvements djihadistes !
C’est vrai que l’Afghanistan, l’Iran, l’Arabie Saoudite et les pays du Maghreb… , reçoivent à foison les réfugiés politiques et économiques occidentaux !
L’islam est un fantastique moyen, pour les gouvernants, de domination sur la population !
A propos du hadith sur le pet du diable.
L’origine de l’histoire du pet du diable est que le muezzin appelait à l’adhan et que pendant l’appel, l’une des personnes présentes dans la mosquée a pété.
Afin d’éviter tout embarras, les personnes présentes ont dit que le pet venait du diable, et elles ont inventé un hadith sur le pet du diable.
Just for laugh
Pour 😂
A Alger, un barbu rencontre un Kabyle un peu bourré, il lui demande comment se rendre à la grande poste, le Kabyle lui dit, tu prends telle rue et puis à gauche etc…,
Une fois qu’il a terminé de lui expliquer, le barbu veut lui faire la morale sur l’alcool lui suggérant de lui montrer le chemin pour aller au paradis, le Kabyle lui réponds,
tu ne connais pas le chemin pour aller à la grande poste et tu veux me montrer le chemin du paradis !
Putain ! quand je lis ça ça me ravive mes conditionnements. Tout ça , que pour moucher KD ?
Waouw ! Au premier coup d’œil, en survolant à ras de mots cet article, je me suis demandé s’il n’y avait pas un lézard. Mais à la fin, je ne l’ai pas trouvé. Et pourtant, c’est sûr qu’il y en a un. Tant c’est difficile de savoir où Faris l’a planqué. Tout ce foin-là, c’est quand même pas que pour dézinguer KD… hein ?
N’ayant pas les talents de Sidna Marx pour faire de la critique-critique critique , je peine à comprendre ce qu’on veut faire de K.D ici au Matin-Dized. On se passe la savonnette et le teyemum rêche pour le rincer, comme au »hammam » de Lla Fatma, jadis à Oran. C’est difficile de savoir si on veut l’habiller ou le renvoyer tout nu dans ses cordes. Entre ceux qui l’emballent chez Saint Laurent ou Cartier, ceux qui empruntent à Heidegger et Kant leur poil à gratter, et ceux qui lui font un péplum à la Cecil B. DeMille pour nous convaincre qu’il ne mérite pas autant, j’ai du mal à suivre sans m’écarteler les synapses.
Comment lire Faris Lounis sans se douter qu’il y a un lézard ?
Il fut un temps — que les mioches d’aujourd’hui et les reliques d’école fondamentale n’ont pas connu — où il fallait mériter sa trahison. À la grande époque de l’Inquisition, et des temps glorieux du Petit Chaperon Rouge à nous autres, on ne te filait pas un micro pour dire que t’avais changé d’avis. Non, monsieur : confession publique, autocritique, abjuration, et en bonus le Goulag ou le bûcher. Fallait être motivé pour changer de bord, fallait bouffer sa chapka sans sel ni mayonnaise.
Aujourd’hui ? Rien. Plus besoin d’aller à Canossa, plus besoin de faire son coming-out politique : tu peux retourner ta veste sur les plateaux, les mains propres, la bouche pleine. Tu dis pas que c’est toi, non : tu rapportes. C’est un mec, dans un avion, qui t’a dit que… Tu cites, tu suggères, tu glisses. Surtout, tu ne t’impliques pas : faut pas salir le CV LinkedIn. On fait ses ablutions avant de monter au cocotier.
Mais non a Mes3oud , ils ne sont pas nostalgiques ! Incurables seulement.
Et pendant ce temps, au Matin-Dized, ça bigote sec. Ils font de la critique molle sous perfusion de morale. Ils prennent K.D., ils l’allongent sur la table, ils le piquent, le pansent, le crucifient — mais avec compassion. Une couronne d’épines, un bol de thé, et un édito pour te dire que c’est « pour son bien ». Mi-soins palliatifs, mi-coup de grâce. Je vous jure que je ne faisais pas ça aux grenouilles pendant mes cours de vivisection.
Et moi, pauvre de moi, qui ne considère même pas que le mot « traître » soit une insulte dans son cas… Je ne lui ferais pas ce compliment, à K.D. Parce que vu les inquisiteurs qu’il a en face, j’en viendrais presque à l’apprécier, le traître. Vous m’en voulez si je commence à le comprendre ?
On me parle de grand écart, de conversion idéologique — mais non, rien de tout ça. Il a simplement traversé. Un trottoir. Version Macron. Pas de révolution, pas de saut périlleux idéologique. Juste un petit changement de crèmerie, version néo-aristotélicienne. Il péripatétitionne , Wech !
Il n’a pas trahi. Il n’a pas capitulé non plus . Il s’est rendu armes à la main. Il a négocié. Absolument. Il a négocié pas dans un sordide wagon de la èsènsééf,non. A la Tour d’argent messieurs-dames. C’est quand même K.D qui a dézingué un militaire français , qui a Tuer un Arabe à cause du soleil dans les maquis côtiers d’Alger. Le général Meursault qu’il s’appelle. Et faut bien dire que dans les soirées mondaines de la droite extrême, un petit parfum d’Orient, ça fait couleur locale. Quand je dis parfum, hein, je parle du vrai : celui qu’on ramène au talon des godasses, en montant dans l’avion – le bon vieux zbèle national. K.D qui même à Oran, selon un fin connaisseur des us locales , qui lui n’a pu se vendre qu’au Matin-Dized , avait une bouille exotique.
Et ce gars-là, il a quand même essayé de nous faire croire que c’est dans la période rose de l’islam qu’il a trempé, hein ? 18 ans, post-puberté, les hormones en cavale. Pas de psy, pas de planning familial, pas de série Netflix. Il restait quoi ? Les barbus. C’étaient les seuls à recruter. Qu’est-ce que vous vouliez qu’il fasse ? Qu’il monte un groupe de raï soufi sur la plage ?
Et maintenant, il ose te sortir que c’est la douceur du soufisme qui l’a attiré ? Non, désolé, je ne valide pas. Pas ce mensonge-là. On veut nous faire croire qu’il a commencé comme baba cool, qu’il est devenu derviche tourneur, qu’il a tenté le Crazy horse , et ce n’est qu’après qu’il finit chroniqueur pour Le Point. Tu veux quoi, qu’on en fasse un moine martyr ?
Eh ben non, pardi !
Je suis pas analyste, je suis pas psy, et je suis encore moins ophtalmo. Mais si je voulais faire un fond d’œil à quelqu’un, je passerais pas par le rectum. Et pourtant c’est par là qu’on veut aujourd’hui regarder l’histoire, qu’on remonte les boyaux de la trahison comme un rectoscope mal réglé.
Parce qu’au fond, le vrai gag, c’est que l’anti-islamisme de combat essentialisé à outrance ne paie plus alors comme une chtouille devenue incommodante ils l’ont refilé comme une mission divine, parce que nul n’est prophète en son pays, à K.D. Et les mohicans du Matin-Dized, accrochés à leurs boussoles du siècle dernier, lui offrent en plus une auréole. Ils lui donnent l’humanisme qu’il n’a pas, pour faire joli sur la photo. Pourtant il est photogénique. Comme un saint : Pierre , Juda : des amis fidèles de Jésus.
Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Ils vont finir par en faire un héros. Et moi, comme un couillon, je vais devoir l’applaudir.
Le romancier Roger Vailland affirmait qu’il s’efforçait d’écrire avec un regard froid. Au scalpel donc !
Exemple de regard froid : en Europe, la France est le pays qui a :
– la plus importantes communauté juive ;
– la plus importante communauté musulmane ;
– … arménienne ;
– … chinoise ;
-… vietnamienne…
liste non exhaustive… et sans procès d’intention. C’est un fait.
N’importe quel ministre de l’intérieur – gauche ou droite – averti de ces éléments, doit réaliser l’épaisseur des difficultés auxquelles il doit faire face.
Ce qui pourrait aussi aider à comprendre les crispations identitaires du gallo-romain.
L’auteur de cette charge ne connaît probablement pas l’Algérie des années 1980, 70 ou 60. Il aurait eu sinon une petite idée du contraste avec le désastre provoqué par l’islamisation, avec les flux quittant leur patries devenue paradis islamiste sur des barques et autres pneumatiques.
Il faut rappeler à Faris Lounis qui, lui, a le bon goût et et l’immense mérite de ne pas être un naturalisé par décret, que le discours et les actes des islamistes des ces années pré-guerre civile religieuse sont exactement les mêmes que ceux qu’on voit et entend aujourd’hui de la part de ce courant. K. Daoud n’a rien inventé et ce n’est pas le fait de le dire sur BFM qui le discréditerait.