La visite de l’international français Karim Benzema, samedi 1er juin à Béjaïa, pour des raisons familiales s’est muée en une séquence officielle où walis et tous les responsables locaux se sont empressés d’accueillir avec les honneurs ce Franco-Algérien.
Il y avait quelque chose de pittoresque dans cette visite d’un Karim Benzema descendant de son avion à Bejaia. L’ancien international français atterrissait sur l’aéroport Abane-Ramdane à quelques heures de la finale de Ligue des champions qu’allait disputer son ancien club contre le Borussia Dortmund.
Le Ballon d’or 2022 est venu à Tighzert, le village natal de son père Hafid Benzema, dans la commune d’Ath Jellil, dans la wilaya Bejaia, pour renouer avec les racines. Comme l’avait fait un temps Zineddine Zidane que Benzema admire beaucoup. Cette virée familiale est devenue l’événement du jour.
Le wali de Béjaïa, Kamel Eddine Kharbouche, en personne qui s’est déplacé à l’aéroport pour accueillir avec tous les honneurs et troupes folkloriques, l’ex-international français Karim Benzema. Sans doute que ce haut responsable de l’Etat n’avait rien d’autre à faire samedi.
L’ancien joueur du Real Madrid n’en demandait pas tant sans doute. Mais officiels, journalistes et fans se sont dévoués toute la journée pour faire de cette visite un moment de communion et de joie.
Télévisions, réseaux sociaux se sont emballés avec cette visite pour une semaine de Karim Benzema dans son village. Il y a eu Zineddine Zidane certes, reçu en famille par Bouteflika. Mais, dans ce pays de Cocagne, ce n’est pas tous les jours qu’un attaquant du Real Madrid et ancienne gloire de l’équipe de France se déplace en Kabylie.
Après la descente du jet privé, la séance en rang d’oignons des officiels sur le tarmac (cela nous rappelle les chefs d’Etat, il ne manquait que les services de sécurité), le village de Tighzert a accueilli cet enfant du pays avec tous les honneurs.
Sous un soleil de plomb, le comité de village a vêtis Karim Benzema d’un burnous. Tout un symbole quand on sait ce que représente cet habit traditionnel chez les Kabyles. L’homme s’est prêté aux usages avec le sourire.
Le ballon d’or 2022 ajoute : « Il y a beaucoup de joie, c’est la première fois que je viens en Algérie à Béjaïa« .
Tighzert, fière de cette visite de la star de ce descendant qui a réussi, s’est mobilisée pour lui réserver un accueil des grands jours.
Tout heureux comme un gamin de 37 ans, Karim Benzema s’est baladé entouré des villageois qui se bousculé à qui apparaîtra à ses côtés. Aux questions des journalistes, Karim esquisse des réponses brèves. « C’est le premier match que je vais voir en direct, j’espère qu’ils vont gagner », a soufflé avec le sourire Benzema à une question sur le match de l’équipe nationale face à la Guinée.
Reste à savoir ce que laissera ou apportera à son village Karim Benzema. Le verra-t-on soutenir le sport local ? Comme construire un équipement sportif ? Telle est la question.
Karim Benzema a beaucoup souffert des attaques médiatiques et des saillies de certains hommes politiques de droite en France. Ce grand attaquant qui a fait une formidable carrière au Real Madrid a été écarté de l’équipe de France que dirige Didier Deschamps d’une manière douteuse.
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, l’avait même accusé d’appartenir à l’organisation des frères musulmans.
Sans doute que cette virée au village de son père lui redonnera quelque envie de renouer avec les racines et oublier justement toutes ces ignobles offensives qu’il a subies durant sa carrière.
Un autre gloire du football mondial, Kylian Mbappé, dont la maman est originaire de Bejaia également, viendra après l’Euro cet été. Gageons que l’accueil sera également de la même chaleur. Mbappe justement qui rejoindra dans quelques jours l’ancien club de Benzema et de Zineddine Zidane. Trois gloires, originaires de Bejaia, dans le plus grand club d’Europe. Un hasard ?
En attendant, le prix du mouton peut atteindre les sommets, les Algériens peuvent toujours tirer le diable par la queue, regarder ces stars avec les yeux de Chimène et les détenus d’opinion souffrir en silence,… pourvu qu’il y a l’illusion d’un pays normal.
Hamid Arab