Les kitchen orphans savent consommer mais pas cuisiner. Les orphelins de la cuisine sont celles et ceux qui n’ont pas hérité des compétences et des recettes de leurs parents pour préparer un plat traditionnel. Ils préfèrent commander à domicile ou manger dehors.
Il y a pire encore, les individus souffrant de mageirocophobie, peur extrême (et spectrale) de cuisiner, par manque d’assurance en soi. Si, pour tout l’or du monde, la plupart ne régalerait jamais un groupe de personnes, certains ne parviennent même pas à se faire cuire un œuf !
Outre la peur de se blesser, de s’empoisonner, de mal faire, de rater, d’être critiqué, la phobie culinaire la plus courante serait la crainte de rendre malade. Ben dis donc, quelle attention pour son prochain …
Les mageirocophiles sont, en revanche, ceux qui aiment cuisiner. Le mot vient du grec mageiros, cuisinier, et phile, amoureux de. A ne pas confondre avec le très sympathique terme québécois cuisinomanes qui désigne ceux qui se passionnent pour la nourriture et l’art culinaire.
Cet amour tire son origine aussi bien de la volonté de concocter des plats savoureux, originaux, que de satisfaire l’autre, l’hôte. Une forme d’altruisme qui chatouille l’ego et procure une joie personnelle singulière.
Oui mais, une fois devenu client, il faut le reconnaitre, on ne s’intéresse plus qu’au résultat sans une pensée à l’effort, abouti ou non, de celui qui est derrière les fourneaux.
Les chefs de cuisine sont eux les stars des fourneaux. Ils ont le mérite de savoir valoriser les produits de la nature et les transformer en formidables mets. On leur doit la gastronomie, même si l’homme possède cet art naturel depuis la découverte du feu. Pour l’anecdote, c’est en Éthiopie que l’on retrouve les premières traces de repas préparés avec le feu, il y a environ 1,5 million d’années.
Elaboré pour plaire, un plat, même le plus simple, est toujours une symphonie de couleurs et de senteurs qui vise, non seulement à nourrir, mais à offrir du plaisir. Ne parle-t-on pas de plaisirs de la table ? Les cuisiniers, même les moins bons, sont tous mageirocophiles et cuisinomanes.
Avant tout, la mamma qui, en nous donnant la vie, nous a introduits à ce qui deviendra la boussole de notre existence, le goût.
Nasser Brahimi
Mageirocophile et cuisinomane de longue durée