Samedi 2 février 2019
La Chine n’est pas l’Algérie et Xi Jinping n’est pas Bouteflika
Chez nous la politique n’est plus la sphère de regroupement et d’échange d’idées libres. Le début des années 1980 fut marqué par une tentation d’une rupture avec la logique du pouvoir à sens unique. Cette tentation fut initiée par le président Chadli.
Les conséquences de cette rupture non achevée se voient dans la vie quotidienne du peuple aujourd’hui.
Dans ma vie j’ai connu des hauts et des bas. J’ai rencontré des personnalités honnêtes, des grands dans le monde de la science, des personnalités mafieuses et des personnalités racaille. Mais à force de penser à l’avenir de mes enfants et des jeunes Algériens en général, de remâcher histoire glorieuse d’un passé non vécu et de regarder sans le vouloir un cadre muet et aveugle, je me fais mal au ventre.
Certains vont penser que ce stress est inutile. D’autres vont dire que je suis comme tous les algériens qui réalisent que la dignité et l’amour propre sont souillés par cette pollution qui entoure Bouteflika.
Dans ma jeunesse j’ai beaucoup aimé la philosophie de Bachelard. Je pensais que le temps n’a qu’une réalité, celle de l’instant. Autrement dit, le temps est une réalité resserrée sur l’instant et suspendue entre deux néants.
Maintenant je me soucie du présent. Ce présent n’est pas clair. Le cadre muet et aveugle perturbe ce présent. Je le dis avec sincérité, ce cadre adoré par l’ignorance et applaudit par la racaille politique me fait peur. A travers ce cadre je vois le futur comme un fantôme qui menace tout espoir d’existence de ma nation.
Dans ce présent honteux, tout espoir de retourner à la dignité de nos aïeux n’est que rêve et illusion.
Quand j’entends Ouyahia critiquer les personnalités politiques pour « la rupture » et chanter la continuité, je conclue mon jugement avec une grande précision : le malheur de l’Algérie se fabrique dans la tête de personnes prototypes d’Ouyahia. Le plus naïf des Algériens sait qu’Ouyahia n’aime pas qu’on lui parle du sujet de limitation de mandats car cette action de malheur vient de lui. Par respect, je ne peux pas dire qu’Ouyahia est absurde quand il compare l’Algérie à la Chine.
Avec son air de mépris, il se demande : Pourquoi la continuité en Allemagne. Il continue dans son nonsense et affirme que la Chine a modifié ses lois et supprimer la limitation des mandats. Ouyahia va plus loin dans son arrogance et critique les candidats de la rupture « Pour certains hommes politiques, l’avenir est dans le changement, pour ne pas dire dans la rupture. Moi, je dis que l’avenir est dans la continuité, parce que nous sommes un pays qui continue à se construire et qui remet de l’ordre dans la maison ». Par cette déclaration, Ouyahia reconnait que sa maison vit la pagaille et le désordre et opte pour un cinquième mandat pour diminuer l’entropie de son système. Je rappelle à Ouyahia une loi de la nature : Toute élongation entraîne plus de désordre.
Monsieur Ouyahia, quand vous chantez la continuation, je vous vois comme la cinquième roue du système. Vous êtes quelqu’un de trop, qui ne sert pas à grand-chose, voire à rien. Je vous demande de revenir au sérieux. Ya Si Ahmed: a Chine n’est pas l’Algérie et Xi Jinping n’est pas Bouteflika.
Faisons une petite comparaison entre Xi Jinping et Bouteflika d’une part et la Chine et l’Algérie d’autre part. Une comparaison objective sans sentiments émotionnels et sans amour aveugle.
Xi Jinping est né le 15 juin 1953 à Pékin. Il est ingénieur en chimie industrielle. Il est secrétaire général du Parti communiste chinois et président de la Commission militaire centrale de la Chine depuis le 15 novembre 2012. Il devient président de la république populaire de Chine depuis le 14 mars 2013 à l’âge de 60 ans. Il est réélu pour un nouveau mandat le 17 mars 2018 à 64 ans. Il se porte bien et parle à son peuple.
Bouteflika est né en 1937. Il devient président à l’âge de 62 ans. Après quatre mandats consécutifs monsieur Ouyahia et sa clique lui demandent un cinquième mandat à l’âge de 82 ans. Ce n’est pas sérieux ya Si Ahmed, Bouteflika est très fatigué. Il a besoin de se reposer.
La Chine compte 1.4 milliards d’habitants. La Chine de nos jours est sans doute la première puissance économique. Depuis la naissance de la République populaire de Chine (RPC) en 1949, elle est passée d’un pays pauvre, sans prospérité et sans ressources financières, à un pays indispensable pour l’économie mondiale.
En 2006, la Chine était au 4e rang des plus grandes économies (selon le PIB en chiffre absolue), en 2010, elle se trouve au 2e rang. D’après la banque américaine Goldman Sachs, la Chine sera la première puissance économique en 2026 sous la gouvernance Xi Jinping.
L’Algérie compte 43,4 millions d’habitants dont 54 % ont moins de 30 ans. En 2018, le taux de chômage était officiellement de 12,3 %, l’inflation de 4 %, la croissance de 2,7 %, liée à la production gazière et pétrolière qui représente 93 % des exportations.
La fuite des cerveaux se poursuit. 15 000 médecins algériens exercent en France, selon l’ordre des médecins Algériens.
La demande d’asile algérienne dans l’UE a triplé de 2009 à 2017 (3 405 à 10 240, dont un quart en France). 6 200 Algériens ont pris la mer en 2018 (5,4 % des arrivées dans l’UE). Le ministère de l’Intérieur fait état de 119 morts dont les corps ont été repêchés et 96 portés disparus.
Maintenant faisons une comparaison entre les candidats pour la rupture et les personnes qui chantent la continuité. A ma connaissance deux candidats, M. Rachid Nekkaz et M. Ali Ghediri, parlent sérieusement et clairement de la rupture. En contraste, les personnes qui chantent à longueur de journée continuité, Ouyahaya, Sidi Saïd, Mohamed Alioui, Amar Ghoul, Amara Benyounès, Ali Haddad, Mourad Bouchareb et d’autres sont connues par les algériens comme des spécialistes en «bullshit». Le peuple n’a plus besoin de cette spécialité en ce moment.
Qui est Rachid Nekkaz ? Rachid Nekkaz homme d’affaires et homme politique algérien, est né le 9 janvier 1972 à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne, France). Titulaire d’une maîtrise (histoire) de la Sorbonne. Auteur de trois ouvrages. Jeune est très dynamique jouissant d’un esprit et un corps sains. Parle parfaitement le français. Parle l’arabe et l’anglais. Très admiré par les jeunes. Candidat aux l’élection présidentielle de 2014. En juin 2014, Rachid Nekkaz porte plainte contre Amar Saadani, le secrétaire général du FLN, auprès du tribunal de grande instance (TGI) de Paris pour « détournements de fonds et blanchiment d’argent ».
Rachid Nekkaz fut agressé devant la résidence de l’ex-chef du Front de libération nationale Amar Saïdani. Rachid Nekkaz s’est lancé depuis quelques années dans la dénonciation de la corruption de certains dirigeants algériens. Rachid Nekkaz met en cause le fils d’Amar Saïdani “d’avoir voulu le tuer”, alors qu’il tentait d’organiser un rassemblement l’immeuble où habite le père de l’agresseur. Il ne faut pas sous-estimer la force politique de ce jeune. Il est capable de reverser la vapeur dans système.
Qui est Ali Ghediri? Ali Ghediri est né le 6 janvier 1954 à l’Ouenza. Ingénieur en génie mécanique. Général Major de l’ANP. Docteur en science politique. Parle l’arabe, le français et d’autres langues étrangères. Son profil ressemble au profile du président chinois Xi Jinping. Père de famille, un garçon et deux filles. Très calme et jouissant d’un esprit sain dans un corps sain.
Son project de gouvernance est clair : Rompre avec l’autoritarisme et le système rentier et clientéliste, celui des groupes d’intérêts et des oligarques; édifier une IIème Républiqu réellement démocratique et moderne; bâtir un Etat de droit reposant sur les libertés individuelles et les valeurs communes nationales, où le citoyen sera le déterminant central dans l’équation sociale, politique et économique.
Je ne connais pas ce général mais les déclarations de maitre Mokrane Aït Larbi et du député Baha-Eddine Tliba ont attiré mon attention pour rédiger ce texte.
Maître Aït Larbi affirme avoir eu plusieurs échanges avec le général-major sur les grandes lignes de son projet.Il a décidé de participer activement à sa campagne électorale. Je respecte les décisions de maître Mokrane Aït Larbi.
Par contre député Baha-Eddine Tliba avance que le général Ali Ghediri ne connait pas l’Algérie et ne connait pas le peuple algérien. Cette déclaration me fait rire. Si un général-major algérien fils d’un ouvrier mineur ne connaît pas l’Algérie, alors adieu l’Algérie. Si Monsieur le député dit vrai qu’il se nomme président à la place de Bouteflika et terminons le folklore électoral.
Conclusion : Quand la liberté de penser ne génère pas de l’action politique nous arrivons sans faute à une situation où le l’image du président devient notre projet de société. Dans cette situation on ne peut plus approcher la question de savoir comment les choses se déroulent pour orienter notre liberté de penser dans un sens ou dans l’autre.
Nous deviendrons incapables de dire aux malades du système que la vision du peuple ne supporte plus votre continuité. L’histoire nous fait leçon.
La France de Mai 68 est une bonne démonstration de ce que nous vivons en ce moment. Mai 68 scandalisa les gaullistes qui géraient très mal la crise politique en France. Un président absent puis en décalage, un Premier ministre impuissant, des préfets hors champ et une police globalement dépassée, une Union des démocrates pour la Cinquième République pâmée et un groupe parlementaire flottant…..
Alors c’est aux jeunes étudiants de décider entre la continuité et la rupture. Que Dieu protège l’Algérie des spécialistes en bullshit.