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La coupable idéal (VI)

Pistolet

Image par Steve Buissinne de Pixabay

Pistolet

Une semaine plus tard, nous sommes à nouveau conviés au commissariat central. Nous avaient-ils volontairement convoqués un jeudi après-midi pour ne pas me faire rater mes cours ou était-ce un hasard ? Je ne saurais le dire.

Nous nous pointons, mon oncle, Mourad et moi – je ne me souviens plus pourquoi Mokrane n’était pas là – à 14h00, l’heure précisée sur nos convocations. Cette fois, on nous fait pénétrer dans un bureau spacieux avec un autre commissaire que la dernière fois. Un peu moins patibulaire que ses collègues. Avec sérieux, il reprend l’interrogatoire, avec les mêmes questions. Il a droit aux mêmes réponses de ma part et de la part de Mourad. Au fur et à mesure des questions et des réponses, le commissaire prend méticuleusement des notes tout en jetant un œil sur quelques feuillets posés à côté. C’était le compte-rendu de l’équipe précédente. Il ne tarde pas à nous informer qu’il y avait concordance parfaite entre ses notes et le compte-rendu de ses collègues. Pouvait-il en être autrement, nom de Dieu !

À la fin de son « instruction », qui dure une heure environ, le commissaire nous invite à partir. Comme ses collègues, il nous demande de nous tenir prêts à d’autres convocations. Ce n’est donc pas encore la fin du cauchemar ?

Pendant les semaines suivantes, la vie reprend, à peu près, son cours normal, mais plus question de permanence à l’hôtel. Mon oncle n’avait qu’à recruter un employé !  Ce qu’il fait peu de temps après. D’autant qu’à la suite de cette affaire, mon frère et mes cousins s’étaient concertés pour ne plus exercer cette fonction de gardien de tous les dangers. De toute façon, il fallait un adulte, costaud de préférence, pour faire face à une clientèle pas toujours amène quand il fallait s’acquitter du pécule de location. Certains n’hésitent pas à se montrer menaçants quand nous refusons de baisser les tarifs.

Le coupable idéal (V)

Quant à Mokrane, il avait été momentanément suspendu de son poste. Perdre son arme est une faute gravissime pour un policier expérimenté. Chaque soir, sa tristesse envahissait les couloirs de l’hôtel. On voyait qu’il retenait péniblement ses larmes et broyait du noir.

Un soir, nous étions tous rassemblés à l’hôtel quand il fit irruption, avec tous les signes d’une bonne beuverie. Il était complètement ivre. Il se rapproche de nous, un grand sourire aux lèvres, et exhibe un pistolet.

– Voilà ! nous dit-il, on m’a remis un pistolet tout neuf et je viens d’être momentanément réhabilité à mon poste en attendant les résultats de l’enquête.

Le coupable idéal (IV)

– Mabrouk ! lance-t-on quasiment en chœur.

Mais Mokrane avait tort de festoyer sa réhabilitation aussi vite. Tout restait encore à clarifier dans cette affaire. Et rien ne prouve, à ce stade, qu’il soit étranger à la disparition de son arme…. À suivre.

Kacem Madani

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