1 décembre 2024
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Le coupable idéal (V)

Pistolet

Me voyant arriver enfin à la maison, ma mère s’effondre et ne retient pas ses larmes. Elle me serre dans ses bras tout en me questionnant.

Ew tenk ammi yak ? (Ils t’ont tabassé mon fils, n’est-ce pas ?).

– Mais non, ne t’inquiète pas maman, tout va bien, mais j’ai faim !

Après avoir rempli l’estomac de couscous aux fèves et mangé comme trois, je m’effondre sur le lit et tombe dans les bras de Morphée, jusqu’au lendemain.

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Bien reposé, en ce samedi après-midi, je me rends chez un camarade pour m’enquérir des cours que j’avais raté. Rien de très important. Au vu de la correction du devoir de maths, il s’avérait que j’avais tout juste. Mais je n’aurais pas de note pour ce devoir, ne l’ayant pas rendu à temps. Pour le cours d’arabe, je ne m’en étais pas soucié outre mesure. De toute façon, j’étais largué. Impossible de rattraper le retard accumulé sur des années.

Ce qui m’inquiétait, c’était le regard de Mustapha, mon camarade. Il semble que le prof de maths, qui pourtant m’aimait bien, avait profité de mon arrestation pour faire la petite leçon de morale à la classe :

– Vous le savez tous, Kacem est un bon élève mais ses fréquentations laissent à désirer. « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirais qui tu es », conclut-il.

Le coupable idéal (IV)

Je le sus plus tard, ce jugement erroné avait pour origine le fait qu’il avait un jour surpris mon ami Mustapha dévaler la pente de notre rue accroché à un camion benne. C’était sa seule distraction, mais cela était suffisant pour mal le juger et, par ricochet, déprécier son meilleur élève.

Le lundi matin, je rentre au collège un peu plus tôt que mes camarades pour m’expliquer et me disculper auprès de ce prof de maths qui avait mal jaugé la situation. Je le trouve à son bureau avec une pile de copies, en train de corriger le dernier devoir, que je n’avais pas rendu. Après les salutations d’usage, je me rapproche et lui raconte ma mésaventure dans les moindres détails. À la fin de mon histoire, il se lève, pose sa main sur mon épaule et me dit :

– J’étais certain que tu n’avais rien à te reprocher ! Je suis rassuré ! Même si tu n’es pas encore sorti d’affaires, ne te préoccupe pas et continue de bien travailler ! Et, à propos, où est ton devoir ?

– Mais monsieur, j’ai vu la correction chez Mustapha.

– Mais tu l’avais fait avant, non ?

– Oui bien sûr, monsieur !

– Alors donne-le-moi ! Je te fais confiance !

Le coupable idéal (III)

Je m’exécute et lui tend ma double feuille telle que je l’avais confectionnée le jeudi après-midi de mon malheur. Il la corrige sur place et vérifie que j’avais juste à toutes les questions. Il en profite pour me féliciter pour mon sérieux.

À la sortie du bureau du prof, la cour grouillait déjà d’élèves de ma classe. Tous se rapprochent de moi, chacun y allant de sa curiosité et de ses questions. J’ai donc dû reprendre mon histoire à plusieurs reprises pour que tout le monde comprenne que j’étais une victime et non un coupable…. À suivre.

Kacem Madani

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