La chambre d’accusation de la Cour d’Alger a rendu sa décision ce 21 mai 2025 dans l’affaire qui oppose l’universitaire Mohamed Lamine Belghit à la justice.
Le recours introduit par la défense en vue d’une remise en liberté ou d’un placement sous contrôle judiciaire a été rejeté. Le mandat de dépôt, émis lors de la première comparution du mis en cause, est ainsi confirmé.
Enseignant d’histoire à l’université d’Alger, Belghit est poursuivi pour atteinte à l’unité nationale, outrage aux symboles de la nation et incitation à la haine et à la discrimination à travers les médias. Ces poursuites font suite à des propos tenus dans une interview diffusée sur la chaîne « Sky News Arabia », où il affirmait notamment que « l’amazighité est un projet sioniste et français ». Des déclarations jugées inacceptables par le parquet, qui a immédiatement ouvert une enquête.
Durant l’instruction, le mis en cause a rejeté toute intention de nuire, affirmant que ses propos relevaient d’une analyse académique, sortie de son contexte. La justice n’a toutefois pas été convaincue par cette ligne de défense.
Si la décision du 21 mai ne préjuge pas de l’issue finale de l’affaire, elle traduit néanmoins la volonté des autorités judiciaires de traiter ce dossier avec une fermeté assumée.
Contrairement à ce que certains ont avancé pour tenter d’atténuer la gravité des faits reprochés, l’affaire Lamine Belghit ne relève pas du champ de la liberté académique. Présenter le prévenu comme un intellectuel sanctionné pour ses opinions constitue, aux yeux de nombreux observateurs, une lecture erronée. Il ne s’agit pas ici de restreindre un débat scientifique, mais de répondre à des propos jugés attentatoires à l’unité nationale et contraires aux principes consacrés par la Constitution.
L’affaire Belghit, devenue hautement médiatisée, a rapidement pris une dimension politique. Plusieurs partis islamo-conservateurs et même des enseignants de la même tendance idéologique ont publiquement exprimé leur soutien à l’enseignant, dénonçant ce qu’ils qualifient de dérive autoritaire portant atteinte à la liberté d’expression.
À l’inverse, des formations progressistes comme le PT, et le Front des forces socialistes (FFS) ont vivement condamné les propos de Mohamed Lamine Belghit, estimant qu’ils représentent une attaque frontale contre l’unité nationale et la reconnaissance constitutionnelle de l’identité amazighe.
Samia Naït Iqbal