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La crise entre Alger et Abou Dhabi prend une nouvelle dimension

Tebboune

Tebboune, bienfaiteur d'une presse aux ordres.

Tebboune

Les Émirats arabes unis sont de plus en plus une source de crispation pour l’Algérie. Le 10 janvier 2024, le Haut conseil de sécurité (HCS) qui a réuni autour du président Abdelmadjid Tebboune, les plus hauts responsables sécuritaires du pays avait exprimé «ses regrets concernant les agissements hostiles émanant d’un pays arabe frère» sans le nommer officiellement.

Abu Dhabi a les moyens de ses pressions. D’abord au sein des monarchies du Moyen-Orient qui la soutiennent. Alger est en la matière presque seule contre tous.

Comme les autorités n’ont pas eu le courage d’aller jusqu’à citer le nom de ce pays « frère » pourtant ennemi, c’est la presse algérienne qui s’est chargée d’identifier le coupable en nommant les Émirats arabes unis accusés de mener une politique «néfaste» pour l’Algérie dans la région. En réponse, le pouvoir algérien a adopté une nouvelle politique envers Abou Dhabi. Il a répliqué sur le front économique.

Interdiction de certains actes 

La guerre entre les deux pays est silencieuse ou presque. Les représentations diplomatiques sont toujours en place en attendant…

Sur un autre plan, la justice algérienne interdit désormais aux notaires d’établir des actes notariés signés par des sociétés mixtes algériennes et émiraties. Cette décision pourrait mettre fin au contrat qui lie la Société algérienne unie du tabac à la société émiratie qui produit et distribue le tabac, la Staem. Selon les médias locaux, cette société acquise par un investisseur émirati en 2005 devait rapporter de l’argent à l’Etat algérien mais elle n’est plus rentable.

Une crise silencieuse

Cette société est donc soupçonnée de transférer des fonds à l’étranger. Certains observateurs inscrivent cependant cette décision dans le cadre de la crise silencieuse qui sévit entre les deux pays depuis l’été 2023. Des divergences sur la géopolitique de la région existent sur plusieurs dossiers. Depuis l’ère Bouteflika, les Emiratis ont réussi à acheter à leur profit de nombreuses huiles du pouvoir, hommes d’affaires, ministres, officiers supérieurs. Ce qui leur a facilité de pénétrer le tissu économique national.

Abou Dhabi est l’allié du Maroc dont les relations diplomatiques avec Alger sont rompues depuis 2021. Comme chacun le sait, le Maroc et les Emirats arabes unis ont normalisé leur relation avec Israël dans le sillage de la plupart des pays de la Ligue arabe.

L’autre terrain d’une lutte féroce est le Sahel en proie à l’instabilité depuis plus de 20 ans. L’Algérie en froid avec le Mali accuse Abu Dhabi et Rabat de jouer un rôle néfaste contre les intérêts et la sécurité algérienne au Sahel.

L.M/ RFI

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