Lundi 25 décembre 2017
La dernière blague sur Bouteflika
Au fur et à mesure que le 5e mandat approche (le 5e mandat ou la mort), les thuriféraires de tous acabits se hâtent pour édifier du président Bouteflika une image qui lui assurerait une brillante postérité. Après le Bouteflika vainqueur, par son seul génie, de la crise économique engendrée par le retournement du marché pétrolier, après le Bouteflika homme de paix mondialement connu et à qui devait revenir le Nobel de la paix, voici le Bouteflika polyglotte et spécialiste de la littérature française et arabe.
C’est une vénérable dame, Mme Hafidha Benchehida, interprète personnelle du président) qui nous l’apprend : le chef de l’Etat maîtriserait plusieurs langues (« Il connaît très bien l’anglais et l’espagnol », nous dit la brave dame), ce qui nous laisse pour le moins dubitatif : par quel miracle cette dame est l’unique personne au monde à avoir entendu Bouteflika s’exprimer dans les langues de Shakespeare et de Cervantès ?
Abdelaziz Bouteflika a occupé pendant 15 ans le fauteuil de ministre des Affaires étrangères et 18 ans celui de chef d’Etat. On l’a entendu parler en arabe et, avec ses interlocuteurs francophones, en français, mais jamais, au grand jamais, en anglais ou en espagnol. Sauf avec Mme Benchehida ! Etrange… Mais le plus étonnant est ailleurs. La dame nous apprend que le chef de l’État est «extrêmement exigeant» pour ce qui est de la traduction de ses propos. « Quand il parle d’histoire ou littérature, en évoquant par exemple Gabriel-Garcia Marquez ou Nizar Kebbani, je suis obligée de traduire avec beaucoup de rigueur et de précision »
Le chef de l’Etat s’occupant de…Gabriel-Garcia Marquez ou Nizar Kebbani ! Voilà qui est bien extraordinaire ! Il avait non seulement du temps pour rédiger des analyses sémantiques de « Cent ans de solitude » et de « Don Quichotte » mais mieux, il prenait soin de les faire traduire ! Et dans quelle langue puisque le président-polyglotte maîtrise les quatre idiomes de base ? En chinois ou en vaudou ?
« Inventez-moi une grandeur ! Fabulez sur mon œuvre ! Ne m’oubliez pas dans vos mensonges… Gravez mon nom dans vos fables ! Installez-moi parmi vos mythes !Je fus le plus grand, ne l’oubliez pas ! Je fus votre guide ! Je fus votre soleil ! Ainsi parlait le personnage de la pièce « Le dernier soir du dictateur ». Il ne manquera pas ses ménestrels pour inventer une grandeur au président.
Attendez-vous à lire les révélations d’un « historique » révélant que Bouteflika est le véritable créateur du Crua et d’un footballeur annonçant que le même Bouteflika fut l’authentique manager de l’équipe nationale algérienne qui a battu l’Allemagne à Gijon !