Vendredi 30 novembre 2018
« La désinformation et la manipulation sont érigées en normes » par le pouvoir
Le Secrétariat national du RCD s’est réuni en session mensuelle ordinaire le 30 novembre 2018 à Alger. Il a inscrit à son ordre du jour l’activité organique du parti depuis le 5éme congrès ainsi que la situation politique du pays à la veille d’un rendez-vous électoral duquel, d’ores et déjà, les Algériennes et les Algériens ont été exclus.
Avec la tenue des assises des Femmes Progressistes, les militants du parti ont parachevé le redéploiement des structures décidées par le congrès du mois de février 2018. A ce sujet, le Secrétariat national a chargé ses membres en relation avec le suivi des activités de ces instances dédiées (Jeunes Progressistes, Femmes Progressistes, Élus progressistes, Parlementaires progressistes) d’œuvrer au renforcement d’une dynamique structurante.
Outre la dégradation de la situation économique, les deux dernières décennies, marquées par une absence de vision et de projet global pour le pays, ont fini par déstructurer l’ensemble de la vie sociale bouchant, du même coup, les perspectives et les aspirations d’une génération entière.
Les chiffres des organismes gouvernementaux sur l’emploi et l’inflation ne peuvent rien devant la réalité du chômage massif des jeunes, de la contraction drastique du pouvoir d’achat des couches moyennes et populaires ainsi que l’étalage insultant de richesses trop vite acquises.
Pendant que des jeunes fuient le pays par milliers, dans des conditions souvent dramatiques, vers des horizons où ils espèrent construire un projet de vie, les officiels s’acharnent à ôter le peu de crédit qui reste aux institutions de l’Etat et donc tout espoir dans l’avenir.
Les opérateurs économiques et les investisseurs capables de créer des emplois et dynamiser le tissu économique sont aux prises avec une bureaucratie prédatrice quand ils ne subissent pas le fait du prince.
L’appareil judiciaire ne trouve rien à redire devant les emprisonnements arbitraires, la vassalisation des corps intermédiaires, les putschs dans les structures de l’Etat et les partis politiques.
Si beaucoup fuient le pays pour des raisons économiques, le climat délétère entretenu jusqu’à l’écœurement est un facteur aggravant pour ceux d’entre nos jeunes qui font le choix de la harga. Le RCD qui œuvre inlassablement pour l’encadrement et la formation des jeunes s’associe à la douleur des familles dont les enfants périssent en mer dans une indifférence institutionnelle criminelle.
La répression et le mépris ne suffisant pas, la désinformation et la manipulation sont érigées en normes pour neutraliser toute voix discordante en ce qui concerne la poursuite de la mise à sac du pays par des prébendiers.
Ainsi, on orchestre la déstabilisation d’un club de football pour disperser sa galerie, réputée hostile à la hogra du pouvoir et à ses Kabyles de service, à commencer par le premier d’entre-deux.
Par ailleurs, le pouvoir algérien qui, par la voix de sa diplomatie dit avoir confiance en la justice saoudienne au sujet des accusations qui pèsent sur le prince héritier, Mohamed Ben Salmane, dans l’assassinat du journaliste Khashoggi, n’attend même pas les résultats de cette dernière pour l’absoudre.
La faiblesse de nos échanges économiques avec le pays des wahhabites, les manipulations qui tirent à la baisse le prix des hydrocarbures, le rapprochement de ce prince avec le gouvernement israélien le moins disposé à dialoguer avec les Palestiniens ne semblent pas avoir pesé dans l’empressement pour dérouler le tapis rouge à un dirigeant sur lequel pèsent de fortes présomptions de culpabilité dans un crime des plus sordides.
Indépendamment des motivations qui peuvent les sous-tendre, les récentes déclarations de la partie marocaine pour la mise en place d’un mécanisme bilatéral pour tenter de sortir du statu quo arrivent dans un contexte algérien particulier. Les hésitations et tentations polémistes qui les ont suivies sont, au-delà des traditionnelles guerres des tranchées qui caractérisent les relations entre nos deux pays, significatives de l’absence d’un chef d’orchestre légitime, audible et visible.
Ce qui laisse raisonnablement peu de chance, dans l’immédiat, à la prise en charge d’un dossier aussi lourd. Pour le reste, les voies multilatérale et bilatérale, même assorties de conditions ou réserves, pour traiter les problèmes ne sont pas antinomiques ; toutes les deux sont des instruments complémentaires et essentiels de la diplomatie.
Le discrédit grandissant de la voix officielle du pays et le refus de dialogue sont le prolongement d’une politique interne autiste quand elle n’est pas nihiliste.
Pour le RCD, ces esquives ne sont pas une surprise. L’avenir régional inscrit dans une coopération raisonnable et performante ne saurait être le produit d’une approche discrétionnaire des affaires publiques. C’est pour sortir de cette ornière que le RCD a lancé l’appel d’Alger invitant les acteurs politiques à transcender les manœuvres et les improvisations pour créer un climat de confiance qui permettra à nos peuples d’établir les relations à la hauteur d’enjeux qui conditionnent leur développement. Il n’y a pas d’issue aux crises qui nous condamnent en dehors d’une construction régionale démocratique.
Alger, le 30 novembre 2018
Le Secrétariat national du RCD