29 mars 2024
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La fin du «mythe» de cinquième mandat est-elle proche ?

DEBAT

La fin du «mythe» de cinquième mandat est-elle proche ?

Il est inconcevable dans les circonstances actuelles que les officiels du pays s’entêtent à maintenir le cap sur un cinquième mandat.

Outre que la démonstration de force de 22 février dernier a chamboulé de fond en comble leurs calculs, elle les a mis dans une position fragile par rapport à la communauté internationale. Pour preuve, les récentes déclarations du secrétaire général du FLN Mouad Bouchareb à Oran dénotent plutôt de l’angoisse et de la crainte de la rue que d’une stratégie communicative ou d’un plan de sortie de l’impasse.

Le pouvoir est dans une phase très critique et l’option de «la continuité», retenue jusque-là comme argument face au fantôme du chaos est battue en brèche par les remous populaires.

Comment va-t-on alors contourner, en haut lieu, la voix des milliers d’Algériens, qui sans doute sortiront encore manifester en force leur mécontentement dans les semaines prochaines ? Voilà le dilemme et il n’est pas des moindres! Le défi est loin d’être facile, d’autant que la candidature de Bouteflika fait aujourd’hui l’unanimité contre elle dans l’Algérie profonde et maintenir ce dernier président contre vents et marées fragilisera davantage l’équilibre stratégique au sein de l’Etat. Puis, le risque d’un embrasement généralisé sur fond de contestation fait craindre aux décideurs l’écho international qui entachera leur crédibilité.

Où est l’issue ? C’est le labyrinthe pour Ouyahia et son équipe alors que le printemps algérien qui s’annonce est tout sauf violent.

En effet, la mobilisation exemplaire de la jeunesse contre cette «dhoulocratie» (la gouvernance par l’humiliation et la honte), pour emprunter un mot cher au sociologue Mehdi Elmandjra, nous renseigne sur deux choses essentielles : la première est que la rue algérienne est très consciente des enjeux qui l’attendent, dans la mesure où elle a capitalisé les leçons des échecs des pays voisins à voir émerger de la démocratie, par leur recours à la violence.

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En ce sens, nos jeunes ont compris, après tant de recul, que la violence n’engendra que de la violence en retour. Ce qui fera le jeu de ceux qui tiennent les manettes du pouvoir, lesquels les accuseraient sans aucun doute, dès que l’occasion s’en présente, de «semeurs de la fitna».

D’ailleurs, la rhétorique populiste de Bouchareb accrédite cette thèse et ce modus operandi digne des autocraties de type stalinien. La deuxième leçon, c’est que la jeunesse a refusé toute tutelle d’où qu’elle puisse venir, des partis, de syndicats, de personnalités nationales, de la société civile, etc. Cela lui a donné l’avantage de mieux transmettre son message de rejet du «Système» aux concernés, c’est-à-dire, à ceux qui s’accrochent à lui enlever son statut d’acteur politique et social à part entière.

En revanche, au final, une question se pose avec acuité : La rue algérienne peut-elle résister aussi longtemps possible aux menées de la propagande pro-gouvernementale, sans tomber dans les dérives de la violence ? L’enjeu est crucial puisque la digue de la bienséance et du bon sens s’est, semble-t-il, effondrée du côté des pouvoirs publics qui, malgré la camouflet subi la semaine dernière, recyclent et affûtent leur arsenal démagogique pour camper dans leur position initiale.

Auteur
Kamal Guerroua

 




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