21 novembre 2024
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La France parle avec ses « mots », l’Algérie avec ses « maux »

Quand les autorités font des jeunes Algériens d’éternels assistés.

« Rien n’est sacré en France. Chacun a le droit d’exprimer et de professer à titre personnel n’importe quelle opinion, n’importe quelle idéologie, n’importe quelle religion. Aucune idée n’est irrecevable, même la plus aberrante, même la plus odieuse. Aucune idée, aucun propos, aucune croyance ne doivent échapper à la dérision à la critique, à la dérision, au ridicule, à l’humeur à la parodie, à la contrefaçon » Raoul Vaneigem.

Les médias sont des prothèses pour la pensée ou la réflexion. Ils sont un creuset où la pensée se forge, et permettent de la communiquer à un ou plusieurs destinataires, selon des formes diverses. Pour attendre des médias qu’ils jouent un rôle qui n’est pas le leur, on prend le risque de les empêcher de jouer le rôle qui devrait être le leur C’est dire, combien leur sort est lié à celui de la politique et des finances que de la société et de ses tares. Une société où les hommes et les femmes sont des enfants n’est pas à la recherche d’une économie productive et d’un Etat de droit mais d’une mère nourricière et d’un père protecteur.

Un Etat de droit pré suppose un peuple mature laborieux et un Etat sérieux régi par une morale. En terre chrétienne, « tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » ; en terre algérienne, « tu auras ton pain à la souplesse de ton échine ».

Dans un Etat de droit « nul n’est censé ignorer la loi » ; dans une société tribale, personne ne connaît la loi, tous se soumettent au clan dominant. Nous marchons sur notre ventre et nous réfléchissons avec nos pieds. La misère rassemble, la richesse divise L’une purifie, l’autre corrompt.

Que l’on soit arabophone ou francophone ; musulmans ou mécréants, que l’on soit de l’est, de l’ouest, du centre ou du sud, nous tendons tous la main à l’Etat providence (en direction de la « djefna » remplie de couscous par la grâce de dieu, où il faut jouer du coude pour avoir la meilleure place à proximité de la viande, des légumes, les faibles se contenteront de la semoule) C’est dire que la situation est complexe et les causes multifactorielles.

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Dans les sociétés occidentales, la démocratie correspond à leur trajectoire historique, à leur philosophie politique, à leur élite intellectuelle qui place la femme au centre des préoccupations de l’homme. C’est une donnée endogène à la société européenne qui reflète sa propre histoire gréco-romaine et ses propres croyances religieuses. En Algérie, les hommes fuient l’effort physique, l’endurance morale, les métiers manuels et agricoles et se consacrent au commerce de l’alimentaire et du cosmétique. Nous assistons à une « féminisation » rampante de la société. Nous adoptons sans état d’âme le mode de vie et de pensée occidental.

Nous tournons le dos à nos racines, à notre histoire, à nos traditions, à notre religion. Nous finirons par rester seul face à soi-même, sans lien de filiation, sans honneur, sans dignité dans un dénuement total et un égarement manifeste.

Le taux de chômage en Algérie est parmi les plus élevés dans le monde arabe et touche particulièrement la jeunesse. Les deux tiers de la population ont moins de trente ans. Le chômage touche plus de 30 % de la population en âge de travailler. Ce taux résulte de l’absence de stratégie saine de développement et d’une opacité dans la gestion des ressources financières du pays sans oublier un système éducatif inadapté où des diplômés de l’université sont sans emplois. Il s’agit d’un chômage de longue durée qui contribue à la dévalorisation de l’enseignement.

Les compétences enseignées ne correspondent pas souvent aux besoins du marché. La politique d’infantilisation a féminisé la société. De l’enfant roi on est passé l’adulte tyran.

Quand l’enfant est roi, ce sont les femmes qui exercent la régence. Devenu adulte, il cherche à se substituer à l’autorité de l’Etat. Les rapports parents-enfants sont de l’ordre de la séduction qui est le contraire de l’éducation. La télévision s’est substituée à la famille. Le père n’est plus capable d’aider ses enfants à rompre le lien fusionnel avec leur mère. Une famille patriarcale où les relations parents-enfants se superposent entre le chef de l’Etat et la société. Un Etat autoritaire a besoin de sujets soumis. Les relations de pouvoir du chef d’Etat et son peuple sont reflétées dans les liens entre le chef de famille et ses descendants.

L’Etat autoritaire a un représentant dans chaque famille. Le père devient la ressource la plus importante de la préservation du régime politique. Si l’on veut réaliser la possibilité de l’Algérie de rompre avec le syndrome autoritaire, une analyse en profondeur des rapports entre les élites et le peuple est indispensable.

Rare sont les dirigeants qui disent la vérité parce que faire de la politique c’est mentir. Qui va abandonner la douceur de vie de la vallée pour emprunter les chemins tortueux de la montagne ?

Pourtant la sagesse se trouve au sommet de la montagne. Dans ce contexte, aucune force politique ou économique ne peut s’opposer au règne sans partage et des hydrocarbures sur l’économie et de l’armée sur la société sur une longue période. C’est une question de sécurité et d’unité nationale laquelle est au-dessus de toute considération politique ou économique pour reprendre le discours phare du pouvoir.

Toute opposition partisane ou affairiste, affichée ou cachée, réelle ou supposée, ne rêve que d’accéder au reste du gâteau ou à une parcelle de pouvoir. Le verbe est devenu un refuge à l’impuissance d’agir. La plume s’est asséchée, le pot de miel s’est frelaté, l’encrier s’est renversé ; l’épée s’est rouillée, le fourreau n’en veut plus, la table est servie, les invités se suivent et se ressemblent, à l’affiche le même menu. C’est le repos du guerrier. Qui a perdu, qui a gagné, on n’en sait rien. C’est le temps qui a raison. La liberté passe par la plume, si vous contrôlez l’encrier, vous contrôlez la plume, et par conséquent la société. Celui qui contrôle les médias contrôle les esprits donc la pensée.

L’Algérie devait devenir française par « l’épée, la charrue, ou l’esprit ». Ella a échoué lamentablement par l’épée, elle a réussi admirablement par l’esprit.  De l’occupation des terres à l’occupation des esprits, de l’agitation des mémoires à la manipulation des âmes.

Dr A. Boumezrag

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