20 avril 2024
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La Kabylie entre quête de bénédiction et de fiesta

Fêtes patronales ou patrimoniales se succèdent cet été en Kabylie. Une façon sans doute d’exorciser l’inoubliable catastrophe d’août 2021 pour semer la vie et la joie en dépit de la mauvaise passe dans laquelle est plongé plus généralement le pays.

Instinct de survie d’une région meurtrie

Les fêtes locales estivales sont légion dans de nombreuses localités de Kabylie. Certaines sont d’inspiration ritualistes car dédiées aux saints patrons locaux, d’autres célébrant les produits du terroir et les savoir-faire locaux (artisanat).

Sous le signe de la convivialité et du partage, l’été est propice à la dévotion et aux réjouissances. Tout le monde en profite et trouve son compte, entre quête de bénédiction et fiesta.

Durant au moins ces deux dernières décades, la Kabylie, en particulier la wilaya de Tizi-Ouzou, vit, durant la saison estivale, au rythme des fêtes locales. Ces rendez-vous  suscitent un intérêt populaire indéniable, bénéficiant même parfois du soutien des pouvoirs publics qui participent à la ferveur populaire créée autour de ces événements.

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Une ambiance constatée dernièrement au village Sahel qui a vibré, durant trois jours, du 10 au13 août, au rythme  de la fête de la figure de Barbarie. C’est le P/APW qui a donné le coup de starter des festivités, en présence des autorités locales de Bouzeguène, des directeurs de wilaya et des villageois en plus des nombreux visiteurs.

Lors de son intervention, le chef de l’APW a appelé à l’amélioration de la production  de ce produit agricole en quantité et en qualité pour donner un nouveau souffle à l’économie de montagne. Il a aussi réitéré la disponibilité de l’APW à accompagner ce genre de manifestation visant la promotion de l’agriculture de montagne, selon la cellule de communication de l’APW.

Durant le  mois de juillet, les populations des communes d’Aït Khir, Maatkas et At Yenni ont célébré, respectivement, les fêtes de la poterie et du bijou. La robe kabyle a aussi sa fête. Plusieurs événements sont dédiés à cet habit féminin traditionnel devenu une attraction pour les créatrices de mode. De fait, des manifestations se tiennent un peu partout en Kabylie. La robe kabyle a été mise à l’honneur à Ouadhias, au sud de Tizi-Ouzou. Le coup d’envoi de la 5e édition de ce rendez-vous qui s’est tenu sous l’intitulé de « Tijihlit Iwadhiyen » qui s’est tenu du 1er au 5 juillet 2022 a été donné par les autorités locales et le représentant de l’APW de Tizi Ouzou qui dira que « notre assemblée fera le maximum pour préserver notre patrimoine culturel matériel et immatériel comme c’est le cas pour la robe des Ouadhias, que nous allons accompagner afin d’ assurer sa promotion, sa rentabilisation et sa pérennité ».

Du 16 au 22 août 2022, ça sera autour au village Ait Hichem, dans la daïra de Ain El Hammam, d’organiser la fête du tapis. Au-delà de son caractère festif, l’événement offrira l’occasion de réfléchir sur la portée  socio-économique de ce segment de l’artisanat et du savoir-faire local.

L’accompagnement des tisseuses, par la mise en place d’un circuit de commercialisation du produit, la disponibilité de la matière première à des prix attractifs, la protection et la promotion du tapis par la création d’un label, la vulgarisation du tissage par la formation et la réflexion autour des arts du tissage, figurent parmi les revendications que les professionnelles et les organisateurs de ce rendez-vous estiment nécessaires pour pérenniser ce patrimoine et ce métier qui a toujours constitué une source de revenus pour beaucoup de familles des Ait Hichem.

Le même élan festif est constaté, à l’occasion de la célébration de la fête de la forge à Ihitoussène,  un village de la commune de Bouzeguène. Le village doit  son nom à ses fondateurs célèbres pour l’exercice du métier de la forge et de la maréchalerie. A travers le temps, les forgerons d’Ihitoussène ont essaimé à travers une vingtaine de wilayas du pays, pour exercer leur savoir-faire, malheureusement, aujourd’hui, en voie d’extinction.

Au-delà de la dimension symbolique qu’il peut avoir, cet événement revêt un aspect économique qui n’est pas des moindres. Il participe à la protection de ce métier ancestral qui reflète l’attachement de l’homme à sa terre.

D’autres villages s’activent à célébrer leurs saints patrons. Les villages Zoubga, Aït Atsou et Ait Adella dans la commune d’Ililtène donnent rendez-vous pour des cérémonies festives dédiées à Azrou n’Thour. Durant trois vendredis consécutifs, ce lieu-dit célèbre par son pic rocheux culminant à plus de 1900 m d’altitude sera la destination de milliers de visiteurs qui viennent comme chaque année participer aux festivités et rites à la gloire d’Azrou n’Thour, un saint patron aux origines peu ou pas du tout documentées. Sa biographie est tissée de récits hagiographiques et légendaires. Des origines mystérieuses qui n’altèrent en rien le culte et la vénération que beaucoup lui témoignent depuis plus d’un siècle.

Le  village Tirourda, dans la commune d’Iferhounène, organise cycliquement un événement similaire, la fête du mausolée Amrav Saïd qui est connue pour l’ascension vers la sépulture de ce saint. L’événement  débute le matin pour être clôturée tard le soir par une soirée artistique. Toutes ces réjouissances et célébrations populaires ont un point commun : elles disent l’attachement des gens d’ici à leur terroir et témoignent  du culte qu’ils vouent à la tolérance et au vivre ensemble. Ce sont aussi autant de moments de retrouvailles, de joie et de sorties pour les familles. Ces manifestations très appréciées par la population, sont enfin l’expression d’une société fière de son terroir.

Samia Nait Iqbal

Des universitaires s’expriment : « Rituelles ou patrimoniales, les fêtes locales peuvent constituer un levier de développement économique local »

Le  Dr Arezki Chenane de la Faculté des sciences économiques, commerciales et de gestion de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, souligne  la portée économique de ces fêtes locales. Il y a un grand intérêt, estime-t-il, à «les inscrire dans une approche de développement territorial. Il est nécessaire d’évaluer ces fêtes locales et passer du festif à l’économique, en développant les spécificités territoriales et surtout le tourisme
solidaire. »

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