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La laïcité, dernière chance des musulmans

Opinion

La laïcité, dernière chance des musulmans

Dans les deux articles qui suivent, l’auteur souhaiterait remémorer les idées qui étaient « dans les cartons » lorsque nous sommes revenus militer en Algérie, en 1991. Même si nous avions échoué, mon rôle de responsable juridique m’avait amené à préparer la réflexion sur la Constituante. Je lis dans les réseaux sociaux que deux axes de cette tentative reviennent avec force dans les commentaires.

Le premier volet présenté dans ce texte n’avait jamais été publié, ni même débattu, car nous pensions que la matrice institutionnelle de la démocratie, soit les institutions, était ce qu’il fallait mettre en avant dans le temps. Ce sera l’objet de l’article suivant.

Je commencerai donc par ce volet non abordé à l’époque. Pour cela, il faut immédiatement rappeler la confusion, ou plutôt, le mensonge perpétuellement opposé par les détracteurs de la laïcité.

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Une polémique de « mauvaise foi »

Dès qu’on aborde le thème de la laïcité, c’est un vade retro satanas qui nous est brandi, suivi des menaces les plus criminelles, sans compter celles des foudres du ciel.

Rappelons donc ce qui échappe à ces détracteurs de mauvaise foi qui n’ont aucune instruction ou, qui en ont une et veulent garder le privilège d’abrutir et de dominer les autres.

L’idée de la laïcité n’est pas le combat contre la religion, bien au contraire cette disposition juridique permet la protection de toutes les croyances religieuses. Son objectif est de sortir de la sphère publique une croyance pour la réserver au domaine privé. En le faisant, on permet à toutes les croyances de subsister. J’ai presque du mal à rappeler cette évidence tant elle est pourtant simple à comprendre.

Le résultat contraire aurait été que les adeptes de l’une d’entre elles, se comporteraient en despotes par rapport aux autres et même, les chasseraient par une violente répression, voire par l’élimination physique pure et simple.

C’est exactement ce qui s’est passé avec les bûchers et les crimes abominables ainsi que la terreur qui s’est abattue sur le royaume de France et bien après sa chute. La religion juive l’a payé très cher et il n’y aurait eu aucune chance, absolument aucune, pour que la religion musulmane trouve sa place en France et en Europe.

Imaginons un seul instant la France avec l’omnipotence de la tradition judéo-chrétienne (la seconde ayant finalement acquis sa place dans la douleur). Imaginons une famille Le Pen au pouvoir, puissante de l’appui de millions de citoyens croyants et pratiquants ainsi qu’avec la légitimité constitutionnelle, sans séparation de l’Église et de l’État.

Cela donne immédiatement le ton de ce que serait une nation qui n’aurait pas adopté la laïcité. Le pari de la laïcité est par conséquent celui de la protection des religions malgré leur déclin programmé.

La laïcité, une planche de salut

Si nous refaisions une introspection dans le passé, que serait-il arrivé à la religion catholique en France et ailleurs dans le monde ?

A cette époque là du début du 20è siècle, l’Église avait mis deux genoux à terre, après une longue agonie qui débuta au 16è sicle, le premier coup de buttoir au despotisme religieux. Elle allait durer quatre siècles avant la mise en place de la laïcité.

Avec ses deux genoux à terre, la laïcité fut pourtant la planche de salut à laquelle cette obédience a pu se maintenir. Aujourd’hui, l’Église est encore présente et possède un champ d’action spirituel important dans le monde. Et même si la laïcité est une spécificité française, tous les autres pays modernes dans le monde ont relégué la religion à sa stricte place spirituelle, ce qui lui a permis de continuer paisiblement à survivre.

Regardons minutieusement la situation et analysons pourquoi la négociation du concordat fut la planche de salut car l’Église revenait de très loin.

Un concordat indispensable à la paix

Peut-on croire un seul instant que l’histoire aurait fait grâce à l’Église en tant qu’institution (nous ne parlons pas de la foi elle-même) si la laïcité n’avait pas sifflé la fin de la partie de démolition d’une organisation qui fut le frein à tous les développements et la cause de toutes les soumissions ?

Il faut se remettre dans le contexte de l’époque où les républicains voulaient « bouffer du curé » et ils avaient tous les moyens de les faire définitivement disparaître.

Sans l’accord de laïcité, penserions-nous un seul instant que les Lumières et le triomphe de la raison auraient pu continuer à permettre une croyance en un Grand Invisible dans le ciel ? Penserions-nous qu’elles auraient permis la continuation de la propagation d’histoires fantasmées comme celle des prophètes qui marchent sur l’eau ou qui séparent les eaux de la mer rouge ?

C’étaient les hôpitaux psychiatriques qu’ils auraient réservé aux croyants, à défaut d’avoir pu les extraire de la mystique par l’éducation républicaine.

De plus, penserions-nous que sans la laïcisation, les héritiers du mouvement des humanistes, soit les défenseurs des droits de l’Homme actuels, auraient laissé plus longtemps survivre une organisation qui a semé la terreur, abruti les peuples, ruiné leur richesse économique et assassiné par millions au nom d’une doctrine ?

C’était les tribunaux les plus lourdement chargés en sanction pénale qu’ils étaient en droit de proposer, comme un gigantesque Nuremberg. Ce qui a failli se faire si la raison de la laïcité ne l’avait pas emporté.

Les promoteurs de la laïcité, républicains dans l’âme, ont compris qu’ils devaient faire preuve d’intelligence et ne pas confondre la foi avec l’abrutissement et le totalitarisme. La quasi totalité des européens, particulièrement en France, avait un fond de croyance profonde à cette époque. Les républicains ont su trouver l’équilibre par un accord.

La laïcité s’est alors toujours construite du concordat, ce qui a permis à la foi de se perpétuer dans la liberté et la sérénité. Autrement, elle se serait confrontée violemment à l’avancée de l’histoire et cela aurait été sa mort définitive.

N’est-ce pas d’ailleurs ce qui s’est passé dans les régimes totalitaires communistes ? Un despotisme en a chassé un autre car il n’y a eu aucune complaisance de la part de la misère qui s’est révoltée. On sait ce qu’est la suite, pas plus favorable aux peuples et même pire.

D’ailleurs, il faut toujours rappeler au jeune lecteur que le mouvement humaniste du 16è siècle, aidé par les avancées de la science et des découvertes, s’est toujours nourri d’hommes hautement croyants, parfois des prêtres dont une partie étaient d’éminents intellectuels et savants en théologie.

Ils ont tout simplement tenté de remettre l’Homme au centre des préoccupations religieuses et revenir à l’interprétation originelle des évangiles, soit l’amour, le partage et la tolérance.

Bien entendu, il ne faut pas faire d’anachronisme, leurs idées sont encore très loin des nôtres et ils nous sembleraient aujourd’hui de terribles despotes. Mais ils ont été la graine qui a fini par germer pour aboutir, quelques siècles plus tard, aux mouvements humanistes modernes.

La leçon pour l’Islam

Si nous excluons les esprits totalement endoctrinés jusqu’à l’abrutissement fatal, il reste comme interlocuteurs tous les musulmans qui ne veulent que la paix de leur foi et de celle des autres. À ceux-là, nous disons qu’il est encore temps qu’ils réagissent pour sauver l’Islam et que sa place soit définitivement assurée dans les siècles de prospérité à venir, si cette voie de la sagesse est choisie.

Seul un esprit totalement déconnecté de la réalité historique peut penser que les gens continueront à se faire égorger comme des poulets ou se faire exploser comme un feu d’artifice au jour de l’an. Déjà, les adeptes de cette voie, dont curieusement une majorité d’anciens délinquants, commencent à réfléchir sur le sens de la promesse d’une boîte de nuit éternelle et les cent vierges proposées à l’entrée du paradis pour récompense de crimes abominables.

Beaucoup d’entre eux implorent le gouvernement français pour que leurs enfants et eux-mêmes reviennent en toute sécurité sur un territoire dont ils ont voulu assassiner le peuple pour déviance supposée.

Alors, en conclusion, les musulmans sains d’esprit et aux facultés intellectuelles intactes doivent réagir s’ils ne veulent pas subir le même sort et voir la Grande Mosquée d’Alger se transformer en reposoir pour les pigeons et de lieux de visites pour touristes. Exactement le sort des grandes cathédrales du treizième siècle, bâties par le sang, la terreur et l’argent des peuples.

Ils peuvent entamer un chemin intelligent de réformes pour un accomplissement serein dans une république laïque qui leur donnerait toute la place qui serait la leur.

Car pour les laïcs, le problème n’a jamais été la foi mais ceux qui s’en servent pour abrutir et dominer les autres.

S.L.B

Note

P.S : rappel du propos du début, jamais ce parti n’a discuté ni entériné le dossier de la laïcité. Mais il était dans la suite logique de notre attachement à une république débarrassée du régime militaire et des théocrates. Je l’aurais tout naturellement proposé si j’étais resté dans ce parti.

 

Auteur
Sid Lakhdar Boumediene, enseignant

 




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