Moins d’une semaine après la nomination du nouveau gouvernement, Abdelmadjid Tebboune a procédé, dimanche 24 novembre, à la signature de la loi de finances pour l’année 2025.
D’une consistance record de 16 700 milliards de dinars algériens (128 milliards de dollars), le budget 2025 enregistre une hausse de 10 % par rapport à l’exercice l’exercice budgétaire de l’année 2024 qui s’élevait, lui, à 112 milliards de dollars.
Ces prévisions ambitieuses doivent être observées avec beaucoup de réserves, font observer les spécialistes.
Il y a, d’une part, la dépendance aux hydrocarbures qui représentent environ 90 % des recettes en devises du pays. Les autorités prévoient des revenus totaux de 8 523 milliards de dinars (64 milliards de dollars), soit une hausse de 4,5 % par rapport à 2024.
Ces recettes constituent la principale source pour le financement de l’important train de vie de l’Etat.
De fait, un déséquilibre structurel chronique caractérise les projections budgétaires de l’Etat, les rendant vulnérables aux fluctuations potentielles notamment, celle du marché des hydrocarbures.
Il faut noter, à ce propos, que le gouvernement table sur un prix de référence du baril de pétrole fixé à 70 dollars pour les projections budgétaires pour les trois prochaines années, relèvent les observateurs.
Un déficit budgétaire en forte hausse
Les chiffres avancés par les spécialistes sont révélateurs du grave déficit qui caractérise encore la loi de finances 2025.
Le solde négatif relevé par les spécialistes a atteint 8 271 milliards de dinars (62 milliards de dollars), soit 19,8 % du PIB. Il s’agit, font remarquer les observateurs de la chose économique, d’un niveau historique, en nette augmentation par rapport à l’année précédente, alors que les recettes totales du Trésor devraient atteindre 8 523 milliards de dinars (63,9 milliards de dollars).
L’intervention de l’État dans l’activité économique, notamment avec l’augmentation de l’aide sociale, qui atteindra 35 % des dépenses sociales en 2025, est l’autre facteur mis en cause par les mêmes spécialistes dans l’aggravation du solde négatif enregistré par le budget de l’État, lequel entend ainsi répondre aux besoins sociaux, avec l’objectif de préserver le pouvoir d’achat des citoyens mais surtout gagner la paix sociale.
« Pour la première fois depuis l’indépendance, le déficit budgétaire a atteint la moitié, ce qui signifie que la moitié des dépenses totales sont couvertes par les recettes attendues et l’autre moitié ne sont pas couvertes, ce qui signifie qu’il représente le déficit, qui équivaut au montant de 8.271,6 milliards de dinars, soit l’équivalent de 62 milliards de dollars », a signalé un économiste algérien.
Le professeur d’économie à l’université de M’sila, Abdel Samad Saoudi, a déclaré à un média algérien que « le déficit budgétaire est devenu presque une norme depuis 2001, alors qu’il était à l’origine une exception », attribuant ce déficit aux « charges élevées de gestion et l’équipement en échange de revenus limités, surtout réguliers ».
À noter, explique-t-on encore, que le budget ne prévoit aucune nouvelle taxe ou hausse d’impôts, et inclut des exonérations douanières et fiscales sur plusieurs produits importés. C’est dire toute la légèreté avec laquelle traitent la chose économique Tebboune et son équipe.
Samia Naït Iqbal