Le 4 février marque la Journée mondiale de lutte contre le cancer, une occasion de sensibiliser les citoyens à cette maladie dévastatrice et de rappeler l’urgence d’agir pour prévenir et traiter cette pathologie.
Une lutte mondiale
L’augmentation des cas de cancer est un phénomène mondial qui n’épargne aucun pays. Près de 19 millions de nouveaux cas sont observés chaque année dans le monde, et cette tendance ne cesse de croître. Parmi les principaux facteurs responsables de cette hausse figurent le vieillissement de la population, les modes de vie modernes et l’exposition à des substances toxiques.
Le cancer du sein est le plus fréquent en Algérie
En Algérie, cette maladie représente un véritable défi pour le système de santé. D’après les dernières statistiques du Global Cancer Observatory (GCO) de l’OMS, le pays a enregistré près de 65 000 nouveaux cas de cancer en 2022. Les cancers les plus courants sont ceux du sein chez la femme et du poumon chez l’homme.
· Le cancer du sein demeure la première cause de cancer chez les femmes algériennes, avec plus de 14 600 nouveaux cas en 2022, soit près de 41 % des cas féminins. Le dépistage précoce reste un enjeu majeur pour améliorer le pronostic des patientes.
· Le Cancer Colorectal touche aussi bien les hommes que les femmes, il représente environ 14 % des cas en Algérie, avec une incidence de 7 747 nouveaux cas. L’alimentation et le mode de vie jouent un rôle essentiel dans son développement.
· le cancer du poumon est le plus répandu chez les hommes avec près de 4 311 nouveaux cas recensés en 2022. Son incidence est fortement liée à la consommation de tabac, un facteur de risque majeur dans le pays.
Avancées thérapeutiques encourageantes et les défis d’accès aux soins et à la prévention
Les traitements contre le cancer ont connu des progrès significatifs ces dernières années, notamment grâce à l’immunothérapie et aux thérapies ciblées.
- L’immunothérapie consiste à stimuler le système immunitaire du patient pour attaquer les cellules cancéreuses.
- Les thérapies ciblées permettent d’agir directement sur les mutations génétiques responsables du cancer, réduisant ainsi les effets secondaires des traitements classiques.
- La médecine de précision adapte les traitements aux spécificités génétiques et moléculaires de chaque patient, augmentant leur efficacité.
Cependant, ces avancées restent coûteuses et peu accessibles dans certains pays comme l’Algérie, où les infrastructures et les financements médicaux sont limités.
Malgré ces progrès, plusieurs obstacles entravent encore la lutte contre le cancer en Algérie :
- Manque d’accès aux traitements modernes : De nombreux patients ne peuvent pas bénéficier des soins de dernière génération en raison de coûts élevés et d’une couverture médicale insuffisante.
- Inégalités sociales et géographiques : L’accès aux soins est souvent plus difficile dans les régions rurales, où les infrastructures de santé sont insuffisantes.
- Détection tardive : Faute de campagnes de sensibilisation efficaces, de nombreux patients sont diagnostiqués à un stade avancé, rendant les traitements moins efficaces.
Quelle politique de santé en Algérie ?
Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, Abdelmadjid Tebboune a promis une modernisation du système de santé algérien. Toutefois, les avancées concrètes restent limitées. Les projets de rénovation hospitalière et de création de nouvelles infrastructures médicales avancent lentement, et la gestion des ressources humaines pose un véritable problème.
L’hémorragie des talents médicaux se poursuit, de nombreux médecins choisissent d’exercer à l’étranger. Le service civil, une obligation pour les médecins spécialistes, est perçu comme une contrainte inefficace et mal organisée. Cette situation contribue à l’insatisfaction des jeunes médecins et nuit à la qualité des soins offerts aux citoyens.
La hausse des cas de cancer en Algérie est un véritable signal d’alarme. Malheureusement, entre les hôpitaux vétustes, les délais interminables pour obtenir un rendez-vous et l’accès aux traitements qui tient parfois du parcours du combattant, le système de santé ressemble plus à une loterie qu’à une prise en charge digne de ce nom.
Le pouvoir monopolise les ressources du pays pour se maintenir et accroitre sa longévité au détriment de celle des citoyens algériens. Après tout, un peuple affaibli est plus facile à contrôler, non ?
Rabah Aït Abache
